Un passage de relais très observé à Brazzaville
Dans les salons lambrissés de l’immeuble abritant le ministère des Finances, du Budget et du Portefeuille public, la cérémonie du 29 juillet n’a duré qu’une poignée d’heures, mais elle concentrait plusieurs mois d’intenses consultations administratives. Devant un parterre d’agents publics, de partenaires techniques et d’invités du corps diplomatique, Alban Audrey Mapithy, conseiller administratif et juridique du ministre, a installé officiellement sept nouveaux responsables aux commandes de directions centrales clés. L’instant, solennel, ne relevait pas seulement du rituel administratif ; il ouvrait un nouveau chapitre dans la quête de performance d’un département considéré comme le « cœur battant » de l’économie nationale, selon les mots d’un haut cadre présent.
Une mosaïque de compétences pour la modernisation
Les profils retenus illustrent la volonté de conjuguer expérience locale et expertises internationalisées. À la tête de l’Ingénierie des systèmes d’information, un ingénieur formé à Rabat et rompu à la cybersécurité devra orchestrer l’interopérabilité des plateformes budgétaires. Le Développement des systèmes applicatifs et de l’Innovation technologique passe sous la houlette d’une spécialiste du génie logiciel ayant piloté, ces cinq dernières années, la dématérialisation des titres de transport. À eux deux, ils forment la pointe avancée d’une équipe complète où l’on retrouve, notamment, un nouveau directeur des Infrastructures et de la Sécurité des systèmes d’information réputé pour son sens de la « résilience numérique », un directeur du Support technique et de la Formation passionné par l’open source, ainsi qu’une direction de la Communication et de la Conduite du changement confiée à une communicante aguerrie aux stratégies d’adhésion des usagers.
Des mandats alignés sur la transformation numérique de l’État
Le décret signé le 25 juillet par le Premier ministre, Anatole Collinet Makosso, fait écho aux orientations du Plan national de développement 2022-2026, qui érige la transformation numérique en levier transversal. En interne, on évoque déjà la refonte du circuit de la dépense publique, l’élargissement du portail e-Impôts et la mise en service d’une salle de supervision des transactions douanières. « Notre feuille de route est claire : améliorer le climat des affaires et sécuriser la mobilisation des recettes », glisse le nouveau contrôleur de gestion, désormais doté du rang de directeur. L’accent mis sur la formation continue devrait créer une boucle vertueuse : compétences renforcées, meilleure qualité de service, et par ricochet hausse de la confiance des contribuables.
Enjeux budgétaires et attentes d’une jeunesse connectée
Pour de nombreux jeunes diplômés, ces changements représentent plus qu’une simple permutation de noms. « Quand les services en ligne se stabiliseront, nous gagnerons en temps et en prévisibilité », confie Diane, entrepreneure dans le e-commerce, convaincue que la simplification des procédures fiscales peut libérer l’initiative privée. Les organisations patronales, elles, rappellent le calendrier serré : la prochaine mission d’évaluation du Fonds monétaire international est attendue avant la fin de l’année. Dans ce contexte, fiabiliser les indicateurs budgétaires apparaît incontournable pour préserver la trajectoire post-Covid d’un PIB en reprise modérée.
Le pari de la continuité institutionnelle
La nomination d’un chef d’antenne à la direction départementale du Kouilou, région stratégique pour les exportations pétrolières, montre que la décentralisation fonctionnelle reste prioritaire. « Il faut que la colonne vertébrale budgétaire soit solide aussi bien à Pointe-Noire qu’à Impfondo », souligne un consultant en finances publiques. Cette homogénéité procédurale figure parmi les exigences des partenaires techniques et financiers, comme la Banque mondiale, pour poursuivre les appuis budgétaires destinés à l’amélioration des infrastructures socio-économiques. Dans la même veine, l’administration s’engage à préserver la transparence des appels d’offres et à renforcer la coordination inter-ministérielle, en particulier avec l’Économie et les Hydrocarbures, afin de maximiser les recettes non pétrolières.
Perspectives et signaux attendus
À court terme, l’opinion observera la vitesse de déploiement des premières mesures : mise à jour du logiciel intégré de gestion des finances publiques, publication mensuelle des données de trésorerie, et activation d’un centre d’assistance accessible sur mobile. À moyen terme, la réussite de l’équipe dépendra de sa capacité à fédérer les utilisateurs finaux, à sécuriser les infrastructures contre les cyber-menaces et à harmoniser les normes de reporting. Si les résultats se confirment, le ministère pourrait devenir un laboratoire de bonnes pratiques pour d’autres administrations, consolidant ainsi la gouvernance économique voulue par les autorités nationales.