Un huis clos technique placé sous le signe de l’urgence
Dans la chaleur moite d’un mois de juin brazzavillois, la salle de conférences du ministère de l’Assainissement urbain, du Développement local et de l’Entretien routier a servi de théâtre à une réunion que tous les praticiens du secteur qualifient de décisive. Autour du ministre Juste Désiré Mondelé étaient rassemblés la direction générale du Fonds routier, les comptables centraux, les experts de Congo Pesage, ainsi que des conseillers issus de la Présidence. Au menu : le lancement, dès le début juillet, d’une vaste opération de cantonnage couplée à un plan d’urgence d’entretien routier. Le contexte n’admet plus d’attente : pluies répétées, trafic lourd sur les corridors de la CEMAC et besoins croissants de mobilité des jeunes actifs imposent une réaction rapide et concertée.
Le rôle pivot du Fonds routier dans l’économie nationale
Créé pour garantir un financement stable de l’entretien des voiries, le Fonds routier fonctionne comme une caisse de résonance économique. Chaque franc collecté auprès du péage ou de la vignette routière irrigue des chaînes d’emplois, du cantonnier à l’ingénieur. Alors que le réseau congolais totalise près de 25 000 km, dont à peine un tiers bitumés, le moindre défaut de revêtement se transforme en frein logistique pour les producteurs de manioc, les transporteurs de bois ou les jeunes entrepreneurs du e-commerce. « Le Fonds routier demeure l’instrument financier de notre politique nationale d’entretien », a rappelé le ministre, soulignant que la pérennité des infrastructures conditionne la compétitivité du pays sur les marchés sous-régionaux.
Mobiliser et sécuriser les recettes : un impératif de performance
Face à l’érosion régulière des recettes, la réunion s’est attachée à identifier de nouvelles marges de manœuvre. Les spécialistes ont plaidé pour un renforcement de la collecte automatisée aux postes de pesage, la digitalisation de la vignette et l’élargissement de la taxe spéciale sur les carburants. Tous s’accordent à considérer qu’une gouvernance financière irréprochable constitue la meilleure réponse aux bailleurs internationaux qui scrutent la trajectoire budgétaire congolaise. La proposition d’un tableau de bord trimestriel, accessible aux partenaires sociaux, devrait consolider la confiance du public et des investisseurs.
Cantonnage intensif : priorité à la maintenance préventive
L’opération de cantonnage prévue pour juillet se présente comme la première traduction concrète des résolutions adoptées. Elle s’appuie sur des brigades mobiles équipées de matériel léger, chargées de dégager les accotements, boucher les nids-de-poule et rétablir la signalisation. Ce choix de maintenance préventive répond aux conclusions des techniciens selon lesquelles un franc investi dans l’entretien courant permet d’économiser jusqu’à cinq francs en réhabilitation lourde. « Nos routes doivent vivre plus longtemps que nos emprunts », a glissé un directeur de programme, rappelant que la durabilité des voiries dépend autant de la qualité des travaux que de la discipline de conduite.
Transparence et responsabilité : les nouvelles balises de la gouvernance
Le ministre Mondelé a exhorté les participants à « parler vrai » afin de dissiper les doutes entourant l’utilisation des deniers publics. Parmi les pistes évoquées figure la publication semestrielle des contrats attribués, assortie d’indicateurs de performance lisibles par le grand public. Un responsable de la société civile présent dans la salle salue « une évolution majeure vers l’audit citoyen ». Cette ouverture s’inscrit dans l’esprit du Plan national de développement 2022-2026, qui promeut une culture de reddition des comptes au sein de l’administration.
Des retombées attendues pour la jeunesse congolaise
Au-delà de la chaussée, l’enjeu est social. Dans un pays dont plus de 60 % de la population a moins de 35 ans, l’entretien routier se fait vecteur d’opportunités. Les marchés de cantonnage offrent un champ d’insertion professionnelle aux diplômés des instituts techniques, tandis que la fluidité des transports ouvre de nouveaux débouchés aux start-ups logistiques. En marge de la réunion, un jeune ingénieur en génie civil confie voir « une passerelle entre nos compétences et le développement local ». Le ministère envisage d’ailleurs un quota dédié aux PME dirigées par des jeunes, dans la passation des marchés d’entretien.
Perspectives et feuille de route : un cap sans déviation
Les conclusions adoptées à Brazzaville fixent un horizon clair : achever le cantonnage prioritaire avant la prochaine saison des pluies, assurer la traçabilité intégrale des flux financiers et consolider une plateforme de suivi partagée. L’objectif ultime reste la pérennisation d’un réseau routier apte à soutenir la croissance, à raccourcir le temps de trajet des étudiants et à garantir la sécurité des usagers. Si le défi est considérable, l’assemblée réunie autour de Juste Désiré Mondelé paraît convaincue que la mobilisation patriotique et la rigueur de gestion, valeurs toujours chères aux institutions, traceront une voie sans dos d’âne vers la réussite.