Contexte du forum
Au cœur du Port autonome de Pointe-Noire, la cinquième édition du Forum Horizon Initiative et Créativité a réuni, du 21 au 23 août, un public bigarré de jeunes, d’experts et d’entrepreneurs désireux de transformer l’énergie créative congolaise en emplois pérennes.
Face à la lancinante question de l’employabilité, les organisateurs ont misé sur un format mêlant conférences plénières, ateliers pratiques et espace d’exposition-vente, afin de favoriser la rencontre entre porteurs de projets, investisseurs et institutions publiques engagées dans la stratégie nationale de l’emploi.
Trois jours d’ébullition créative
Dès l’ouverture, la coordinatrice générale, Aline France Etokabeka, a rappelé l’ambition du forum : décloisonner les réseaux et permettre aux talents de toutes les régions d’accéder aux mêmes informations sur le financement et les chaînes de valeur émergentes.
Les débats, parfois animés, ont surtout porté sur l’agriculture de nouvelle génération, la tech au service de la logistique portuaire et le recyclage, trois filières jugées capables d’absorber rapidement une main-d’œuvre jeune et formée localement.
Formations et financements structurants
Selon le ministre d’État Pierre Mabiala, parrain d’honneur de l’événement, le Fonds d’Impulsion, de Garantie et d’Accompagnement a débloqué 63,8 millions de francs CFA pour soutenir 500 auto-entrepreneurs, confirmant le virage entrepris vers un financement plus inclusif des micro-initiatives.
Dix projets jugés exemplaires ont chacun reçu un ticket supplémentaire de 10 millions, tandis que 400 jeunes étaient formés dans les filières agro-pastorales, témoignant de la volonté de renforcer à la fois les compétences techniques et la capacité à lever des fonds.
Impact sur l’emploi local
L’Agence congolaise pour l’emploi a, de son côté, rendu public un listing de 1 200 profils immédiatement recherchés par les entreprises installées dans la zone côtière, preuve que l’offre d’emplois existe, encore faut-il disposer de candidats formés et connectés.
Des stands d’exposition ont permis à 106 jeunes créateurs de tester leur marché en situation réelle ; plusieurs ont écoulé la totalité de leur stock en trois jours, confirmant la vitalité d’une demande locale en produits transformés et services numériques de proximité.
Engagement des autorités nationales
Le Premier ministre Anatole Collinet Makosso, parrain officiel, a souligné que l’initiative répond directement au vœu du président de la République de traiter les questions d’emploi « avec » la jeunesse, et non plus seulement « pour » elle, plaçant ainsi la co-construction au centre de la politique publique.
Devant l’auditorium comble, il a rappelé que le budget 2024 prévoit une ligne spécifique pour l’incubation et a exhorté les partenaires internationaux à « accélérer les décaissements, car chaque jour sans solution est une occasion perdue d’innover ».
Témoignages de jeunes inspirés
Nelly, 26 ans, venue de Nkayi, repart avec un kit de transformation de manioc financé à 80 %; elle confie que le forum lui a offert « des contacts que je n’aurais jamais rencontrés sur les réseaux sociaux ». Son atelier pilote démarrera dès septembre.
Pour Jules, diplômé en logistique, c’est l’annonce des 1 200 postes disponibles qui a changé la donne : « Je pensais devoir partir à l’étranger, je sais maintenant que les hubs portuaires cherchent mes compétences ». Il a laissé son CV sur la plateforme ACPE avant la clôture.
Innovation et responsabilité environnementale
Le Prix d’excellence Le Prince, remis aux trois meilleures initiatives vertes, illustre la volonté de l’écosystème entrepreneurial de concilier rentabilité et protection des mangroves. Le lauréat Gold, un projet de briques écologiques à base de plastique récupéré, ambitionne déjà d’industrialiser sa chaîne de production à Dolisie.
Pour les organisateurs, intégrer l’environnement au cœur des modèles d’affaires reste indispensable face aux réalités climatiques du littoral. Ils envisagent, lors de la prochaine édition, un pavillon entièrement consacré à l’économie circulaire et aux start-ups œuvrant pour la neutralité carbone.
Perspectives à moyen terme
Les analystes présents estiment que si les 500 micro-projets aboutissent, près de 2 000 emplois directs pourraient voir le jour d’ici deux ans, sans compter la création de valeur dans les filières d’intrants, de maintenance et de distribution.
Le défi reste cependant la pérennisation du suivi : mentorat, reporting financier et accès à l’électricité fiable sont cités comme leviers critiques. Une plateforme numérique commune, promise par le comité FHIC, devrait faciliter la collecte de données et la diffusion de bonnes pratiques.
Coopération régionale
La Banque de développement des États d’Afrique centrale, représentée à Pointe-Noire, a annoncé l’examen d’une ligne de crédit dédiée aux start-ups congolaises, indiquant que « l’innovation locale inspire désormais confiance aux bailleurs ». Si elle aboutit, cette ligne amplifiera l’effet levier du FHIC dès le premier trimestre 2024.
Ce qu’il faut retenir
En cinq éditions, le FHIC s’est imposé comme un laboratoire d’idées et d’actions tangibles, aligné sur le Plan national de développement et attentif aux aspirations d’une génération avide de solutions immédiates. Le succès de 2023 conforte cette trajectoire ascendante.
Rendez-vous est déjà pris pour l’édition 2024 ; d’ici là, les regards se tourneront vers les premiers bilans trimestriels des projets financés pour vérifier que le pari d’une jeunesse actrice de son avenir se traduit bien en emplois concrets sur le terrain.
