Brazzaville se place au cœur de la résilience économique continentale
À l’ombre des rives sinueuses du fleuve Congo, la capitale se prépare à accueillir, du 20 au 24 janvier 2026, la deuxième édition du Forum africain de l’économie sociale et solidaire, désormais connu sous l’acronyme Fora’ess. Cette prochaine grand-messe du secteur s’annonce comme une tribune de haut vol pour les coopératives, mutuelles, associations et entreprises sociales du continent, déterminées à inscrire l’humain au centre de la création de richesses. Pour les observateurs, Brazzaville confirme ainsi son rôle stratégique, déjà salué lors des Jeux de la Francophonie et d’autres rencontres régionales, en offrant une plateforme logistique et diplomatique adaptée aux enjeux économiques de demain.
De la préparation logistique à l’ingénierie thématique : une mécanique déjà huilée
Les travaux préparatoires, clos le 10 juillet 2024, ont réuni experts, agents publics, bailleurs et représentants des collectivités locales autour d’un même impératif : bâtir un dispositif organisationnel à la mesure de l’ambition affichée. Sous la houlette de Malick Diop, président du forum, les commissions thématiques ont ciselé un programme où la question de la résilience se conjugue avec les Objectifs de développement durable. Le comité local, installé à la faveur de ces séances, entend piloter un calendrier serré, misant sur l’expertise congolaise en matière d’évènementiel et sur une coopération dynamique avec les États membres de l’Union africaine.
L’économie sociale, passerelle entre informel et formel
Dans un pays où le secteur informel représente encore plus de la moitié des emplois urbains, le Fora’ess veut offrir une voie de transition structurée. « L’économie sociale et solidaire est une source de création d’emplois durables, d’innovation et de cohésion », a rappelé la ministre Inès Nefer Ingani Voumbo-Yalo lors de la session inaugurale de juillet. Pour nombre de jeunes entrepreneurs congolais, le forum constitue l’occasion d’obtenir un cadre réglementaire incitatif, susceptible de pérenniser leurs initiatives au-delà du micro-financement traditionnel.
La jeunesse congolaise, laboratoire d’innovations inclusives
Qu’il s’agisse des applications de paiement mobile pour les coopératives maraîchères du Plateau des Batéké ou des sociétés de recyclage créées par d’anciens étudiants de l’Université Marien-Ngouabi, les projets portés par les 20-35 ans se multiplient. Interrogée sur l’apport concret du Fora’ess, Christelle Okoumba, fondatrice d’une start-up de valorisation de déchets plastiques, se dit « convaincue que la mutualisation des savoirs et l’accès à un réseau panafricain d’investisseurs permettent de décupler l’impact social des jeunes pousses locales ». Le forum prévoit d’ailleurs un espace de démonstration dédié aux innovations issues de la région CEMAC, offrant ainsi une vitrine internationale aux talents congolais.
Un levier diplomatique et économique pour la sous-région
Au-delà de la dimension strictement professionnelle, l’organisation du Fora’ess traduit une volonté de positionnement géo-économique affirmée du Congo-Brazzaville. En misant sur la solidarité comme facteur de stabilité, le pays s’aligne avec la tendance mondiale d’une économie à impact. Les échanges attendus entre ministres, universitaires et acteurs de terrain devraient générer des recommandations susceptibles d’alimenter la feuille de route sous-régionale sur la transition informelle-formelle. Brazzaville pourrait ainsi renforcer son attractivité pour les institutions de micro-finance et les organismes multilatéraux spécialisés.
Cap sur janvier 2026 : les enjeux d’un agenda dense
Le chronogramme entériné prévoit des sessions plénières, des ateliers sectoriels, une exposition permanente et un carrefour Jeunes Leaders. Les organisateurs misent sur plus de trois mille participants, un chiffre en phase avec l’essor du mouvement ESS sur le continent. Selon Malick Diop, « le forum tracera une feuille de route concrète pour hisser la part de l’économie sociale dans le PIB africain au-delà des trois pour cent d’ici 2030 ». À l’heure où les indicateurs macro-économiques témoignent d’un besoin accru de diversification, nombre d’experts voient dans le Fora’ess un catalyseur d’investissements responsables, à même de soutenir les politiques publiques nationales sans froisser l’équilibre budgétaire.
Une dynamique conforme aux ambitions nationales de développement durable
Le Plan national de développement 2022-2026 du Congo-Brazzaville identifie l’économie verte et inclusive comme axe prioritaire. L’accueil du Fora’ess s’imbrique de manière cohérente dans cette trajectoire, en valorisant les collectivités rurales, la participation citoyenne et l’égalité de genre. Entre préparation logistique et mobilisation des diasporas, la société civile compte jouer le rôle de cheville ouvrière pour relayer, auprès des populations, les enseignements qui découleront de la rencontre de janvier 2026. Le pari sous-jacent est clair : susciter, chez les jeunes adultes, une confiance renouvelée dans un modèle économique où la rentabilité épouse l’utilité sociale.
Vers un nouveau récit de la prospérité partagée
Au terme de cette soigneuse préparation, Brazzaville ambitionne de se hisser au rang de capitale africaine de l’innovation solidaire. Si l’économie sociale n’est pas un remède à tous les défis, elle offre néanmoins un horizon où la croissance s’accommode de la justice sociale. Aux yeux des jeunes Congolais en quête de repères et d’opportunités, le rendez-vous de janvier 2026 s’annonce comme une promesse tangible : celle de voir leurs initiatives adoubées par une communauté panafricaine prête à investir dans une prospérité partagée et durable.