Un renouveau diplomatique axé sur la jeunesse
Brazzaville a accueilli, le 27 juin, une cérémonie sobre mais chargée de symboles : la signature d’une nouvelle convention entre le ministère congolais de la Jeunesse et des Sports et France Volontaires, doublée d’un protocole d’accord tripartite soutenu par le fonds Équipe France. Présent à cette occasion, Thani Mohamed Soilihi, ministre délégué chargé de la Francophonie et des Partenariats internationaux, a qualifié le volontariat international d’échange et de solidarité de « pivot d’un regard mutuel renouvelé entre la France et les pays africains ». En plaçant la jeunesse au centre de la relation bilatérale, les deux gouvernements entendent conjuguer diplomatie d’influence et action concrète sur le terrain, une ligne qui résonne particulièrement auprès des 20-35 ans congolais, à la recherche de passerelles professionnelles et citoyennes.
Des accords aux objectifs ambitieux pour le volontariat congolais
Le texte paraphé établit un cadre opérationnel clair. D’une part, il pérennise l’appui technique de France Volontaires au Corps de jeunes volontaires, organe rattaché au ministère et chargé de déployer des missions de développement local. D’autre part, il ouvre un financement dédié à la promotion de l’engagement citoyen, destiné à accroître le nombre de volontaires, à diversifier les domaines d’intervention – éducation, santé communautaire, transition écologique – et à améliorer les mécanismes d’évaluation d’impact. « Nous sommes convaincus que ce partenariat redynamisera les activités du Corps de jeunes volontaires », a souligné Charles Makaya dit Mackaill, directeur de cabinet du ministre de la Jeunesse et des Sports, rappelant la volonté des autorités de disposer d’indicateurs mesurables à court et moyen terme.
Le rôle pivot des volontaires dans la transformation sociétale
Au-delà des chiffres, les responsables mettent en avant la dimension humaine de l’initiative. Mamadou Ndour Camara, représentant national de France Volontaires pour le Congo et la République démocratique du Congo, a insisté sur la capacité des jeunes engagés « à construire des ponts entre les peuples, à transmettre des compétences et à faire vivre les valeurs de solidarité ». Les retombées observées ces dix dernières années – appropriation des technologies numériques en milieu rural, programmes de mentorat entrepreneurial, actions d’alphabétisation fonctionnelle – attestent, selon lui, de la pertinence d’un dispositif fondé sur la réciprocité et l’interculturalité.
Former, certifier et projeter les compétences locales
Le nouveau protocole insiste sur la nécessité de renforcer la chaîne de valeurs du volontariat, de la formation initiale à la reconnaissance des acquis. France Volontaires s’engage à multiplier les sessions de renforcement de capacités, à élaborer des modules de certification et à faciliter la mobilité Sud-Sud et Sud-Nord. Pour de nombreux jeunes diplômés congolais, le volontariat constitue un laboratoire professionnel où s’expérimentent le management de projet, la communication interculturelle et la gestion budgétaire. Triphène Tamba, ancienne volontaire de longue durée, en témoigne : « Le volontariat est une richesse, il m’a permis de diversifier mes compétences et d’élargir ma vision du monde ». L’enjeu, désormais, consiste à traduire ces expériences en employabilité durable sur le marché national et régional.
Une dynamique gagnant-gagnant saluée par les acteurs
Les observateurs notent que la relance de la coopération intervient dans un contexte où le gouvernement congolais multiplie les programmes destinés à la jeunesse, à l’image du Plan national de développement 2022-2026 qui fait du capital humain un axe prioritaire. Du côté français, la démarche s’inscrit dans la refondation de la politique de partenariats initiée en 2023, axée sur l’écoute mutuelle et le co-développement. Thani Mohamed Soilihi résume cette synergie : « Il ne s’agit pas seulement de signer des documents, mais de changer notre regard mutuel par l’action de terrain ». Les ONG locales saluent l’équilibre trouvé entre expertise internationale et ancrage communautaire, gage, selon elles, d’un impact tangible.
Perspectives : vers une reconnaissance internationale accrue
À moyen terme, les parties souhaitent positionner le volontariat congolais comme un modèle de coopération panafricaine. L’accord prévoit la mise en place d’un observatoire binational chargé de documenter et de valoriser les bonnes pratiques, ainsi que l’organisation annuelle d’un Forum panafricain du volontariat à Brazzaville. Cette visibilité renforcée devrait favoriser l’obtention de financements multilatéraux et l’intégration de jeunes Congolais dans les dispositifs européens et onusiens d’échanges solidaires. Pour la jeunesse congolaise, souvent en quête d’opportunités, l’initiative représente une voie supplémentaire d’ouverture sur le monde, sans cesse appuyée par un État qui place l’engagement citoyen au cœur de sa stratégie de développement.
