Une coopération Défense–PNUD au service du génie travaux
En accueillant, le 30 juin à Brazzaville, la représentante résidente du Programme des Nations unies pour le développement, Adama Dian-Barry, le ministre de la Défense nationale, Charles Richard Mondjo, a confirmé l’entrée dans sa phase terminale d’un projet qui occupe les cercles de décision depuis plusieurs mois : la stratégie d’opérationnalisation du génie travaux. Élaborée par un consultant international mandaté par le PNUD, cette feuille de route vise à transformer une entité administrative jusque-là embryonnaire en un bras technique performant, capable de porter des chantiers civilo-militaires d’envergure.
Le dialogue institutionnel instauré entre les deux partenaires reflète une approche pragmatique. « Nous sommes venus recueillir les dernières orientations pour accélérer la finalisation du document », a indiqué Adama Dian-Barry à la sortie de l’audience, soulignant la volonté commune d’aboutir, à très court terme, à un dispositif opérationnel et fonctionnel.
Des objectifs de modernisation et de cohésion nationale
Dans la doctrine congolaise de défense, le génie travaux n’est pas seulement un outil de soutien logistique. Il incarne également la capacité de l’État à déployer rapidement une ingénierie de qualité pour la reconstruction post-crise, l’aménagement du territoire et la réponse aux urgences climatiques. La future unité centrale de gestion, qui assurera la planification et le suivi des chantiers, devra ainsi conjuguer discipline militaire, rigueur technique et ouverture aux innovations environnementales.
Ce positionnement hybride nourrit un double objectif : renforcer la modernisation des forces tout en consolidant la cohésion nationale par des réalisations tangibles — routes rurales, ponts bétonnés, réseaux hydrauliques ou encore micro-centrales énergétiques. Autant d’ouvrages qui, à terme, amélioreront la mobilité des biens et des personnes, stimuleront le commerce inter-départemental et soutiendront l’intégration des zones encore enclavées.
Des perspectives d’emploi pour une jeunesse qualifiée
Le document stratégique réserve une place de choix à la question des ressources humaines. Selon les premières déclinaisons, près d’un millier de postes directs seraient ouverts sur cinq ans, allant des techniciens supérieurs aux conducteurs d’engins, en passant par des ingénieurs civils formés localement et à l’étranger. La représentante du PNUD insiste sur « une politique de recrutement inclusive et fondée sur le mérite », destinée à capter le potentiel des jeunes diplômés, nombreux à rechercher un premier ancrage professionnel dans un marché parfois saturé.
La formation managériale figure également au cœur du dispositif. L’idée est de doter les futurs cadres militaires et civils d’outils de gestion de projet conformes aux standards internationaux – planification par objectifs, maîtrise des coûts, contrôle qualité – afin d’assurer la soutenabilité financière et la pérennité des ouvrages. Pour nombre d’analystes, cette montée en compétence constitue l’un des principaux héritages de la coopération actuelle, car elle pourra irriguer, à moyen terme, d’autres secteurs publics.
Un levier d’aménagement durable du territoire
Le choix des équipements tiendra compte des spécificités hydrométéorologiques nationales. Des engins à faible consommation, capables d’évoluer sur des sols ferrallitiques saturés en saison des pluies, seront privilégiés. L’intégration de solutions vertes – recyclage des granulats, stabilisation des latérites par adjonction de matériaux biosourcés – répond à l’engagement du Congo en faveur d’une économie sobre en carbone.
Au-delà des considérations techniques, le génie travaux pourrait devenir un véritable incubateur d’entreprises locales, grâce à des mécanismes de sous-traitance maîtrisés. Les PME du secteur BTP, déjà éprouvées par la volatilité des marchés, verraient ainsi leur carnet de commandes consolidé, tout en accédant à de nouvelles compétences transférées par les équipes militaires.
Défis budgétaires et gouvernance de projet
L’ampleur des ambitions appelle toutefois une gouvernance irréprochable. Les premières simulations financières évoquent un investissement initial conséquent, réparti entre dotations budgétaires nationales et contributions onusiennes. Le mécanisme de suivi-évaluation, adossé à un comité mixte Défense-PNUD, garantira la transparence des procédures d’acquisition et la traçabilité des dépenses.
Sur le plan réglementaire, le ministère de la Défense travaille à l’actualisation des textes encadrant les interventions du génie travaux en milieu civil, afin d’éviter les doublons de compétence avec les ministères techniques. Ce cadre clarifié offrira la sécurité juridique indispensable aux partenaires financiers et aux bailleurs intéressés par une éventuelle extension du programme.
Une feuille de route en phase de finalisation concertée
À l’issue des échanges de Brazzaville, les équipes techniques disposent désormais d’une grille d’orientation précise. Les dernières retouches porteront sur la hiérarchisation des priorités territoriales et la synchronisation des cycles budgétaires. Le consultant international remettra d’ici peu la version consolidée, ouvrant la voie à un lancement opérationnel dès l’exercice prochain, sous réserve d’aval gouvernemental.
Pour la jeunesse congolaise, attentive aux débouchés professionnels, et pour les populations de l’arrière-pays, en attente d’infrastructures de base, le génie travaux suscite une réelle espérance. Sa mise en service effective offrirait la démonstration que partenariat multilatéral, vision stratégique nationale et expertise locale peuvent converger vers un même horizon : celui d’un développement inclusif bâti sur des fondations solides.