Le coup de sifflet réglementaire
À la faveur d’un avis solennel diffusé depuis Brazzaville, la Commission électorale indépendante a ouvert le grand bal d’une séquence attendue : la désignation, le 16 août prochain, du nouveau comité exécutif de la Fédération congolaise de handball. Cette étape, placée sous la houlette de Me Mouadh Ben Zaied, émissaire conjoint de l’IHF et de la CAHB, met fin à plusieurs mois d’incertitudes qui avaient laissé les parquets sans direction clarifiée. « Le handball congolais a besoin d’une respiration institutionnelle, et ce congrès en constitue le poumon », confie un technicien de la Ligue de Pointe-Noire, croisé en marge d’un tournoi universitaire.
Une feuille de route millimétrée
S’inspirant des statuts internationaux, la Commission a publié un chronogramme détaillé. Les listes, dont la tête de file devient d’office candidate à la présidence, doivent parvenir au secrétariat du Comité national olympique et sportif congolais au plus tard le 16 juillet à 17 h 30. Les contrôles de recevabilité s’étendront jusqu’au 31 juillet, tandis que la fenêtre des recours se refermera le 8 août. « Nous avons voulu un calendrier ramassé afin d’éviter l’usure et les suspicions. Chaque étape est horodatée et contresignée », souligne un membre du bureau électoral. L’industrie du sport moderne, qui exige rigueur et transparence, trouve ici un terrain d’application où chaque heure compte.
Le poids inédit de la parité
Autre innovation, et non des moindres : toute liste devra inclure au minimum trois femmes, sous peine d’invalidation. La règle illustre la volonté d’aligner la Fécohand sur les standards mondiaux de gouvernance inclusive. Détail piquant, en cas d’égalité parfaite au second tour, la liste contenant le plus grand nombre de femmes prévaudra. « La place féminine dans les instances sportives n’est plus un slogan mais un critère de victoire », observe la sociologue du sport Mireille Louamba, pour qui cette disposition « ouvre une brèche dans les plafonds de verre qui subsistent dans le mouvement sportif congolais ».
Les jeunes clubs en embuscade
De Dolisie à Ouesso, les clubs se réorganisent. Plusieurs collectifs de jeunes joueurs, soutenus par des entraîneurs certifiés, envisagent de parrainer des listes nouvelles, misant sur le renouvellement générationnel. Ils plaident pour des compétitions régulières, un meilleur accès aux équipements et une connexion accrue aux plateformes de formation de l’IHF. « Nous voulons passer du handball de soirée au handball de saison », résume Joël Koumba, capitaine d’une équipe universitaire, dénonçant les longues périodes d’inactivité qui freinent la progression des talents de 20 à 25 ans.
Un scrutin sous surveillance internationale
La présence d’observateurs de la CAHB et de l’IHF répond à un double impératif : garantir la conformité des opérations électorales et rassurer un écosystème de partenaires publics et privés. Le handball, discipline olympique, repose sur des financements parfois conditionnés à la bonne gouvernance. « Une élection opaque tarirait nos appuis, alors que Brazzaville ambitionne d’accueillir des tournois de zone », avertit un représentant d’un sponsor bancaire. L’enjeu dépasse donc les frontières nationales et s’inscrit dans la géopolitique sportive africaine.
Vers un rebond national du handball
Au-delà de la course aux postes, la communauté attend une relance des championnats, l’extension des programmes scolaires et la réhabilitation de certaines enceintes, dont le mythique gymnase Nicole-Oba. Le ministère des Sports a déjà annoncé, dans un communiqué, sa disponibilité à « accompagner le futur bureau dans la refonte des calendriers et la sécurisation des infrastructures ». Sur les réseaux sociaux, les athlètes appellent à un scrutin apaisé, conscients que la stabilité institutionnelle constitue la première passe décisive vers les filets de la performance.
Le 16 août, la salle du Comité national olympique vibrera donc d’une tension à la fois politique et sportive. Si les règles du jeu sont respectées, c’est l’ensemble des supporters qui pourrait crier victoire, au-delà des résultats obtenus sur le tableau d’affichage électoral. Dans un pays où la jeunesse représente plus de 60 % de la population, donner souffle et perspectives au handball revient, en définitive, à aménager un terrain d’expression pour toute une génération avide de compétition, de reconnaissance et de civisme sportif.