Lancement du projet HIMO à Odziba
À Odziba, vendredi 8 août 2025, le Pro-climat a franchi une étape décisive. Sous le regard de Léonidas Carel Mottom Mamoni, préfet de Djoué-Léfini, et de responsables de l’ONG Niosi, les premiers équipements du projet HIMO ont été remis aux équipes locales.
Financé par la Banque mondiale et appuyé par le Programme alimentaire mondial, HIMO vise l’assainissement d’espaces publics tout en mobilisant la main-d’œuvre des villages Mpoumako, Inoni falaise et Inoni plateau. Chaque tranchée creusée, chaque caniveau dégagé, transforme le paysage et injecte un revenu immédiat dans les ménages.
Une méthode centrée sur la main-d’œuvre locale
Le principe est simple : privilégier le travail humain plutôt que la mécanisation. Cette option diminue l’empreinte carbone des chantiers, tout en maximisant les heures payées aux jeunes et aux femmes, principaux bénéficiaires. Le préfet parle d’« accélérateur d’inclusion » pour décrire ce modèle participatif.
Depuis Brazzaville, le ministère de l’Environnement rappelle que HIMO s’inscrit dans la Stratégie nationale de croissance verte. Le projet répond simultanément aux objectifs de salubrité, de résilience climatique et d’emplois décents, une triangulation que plusieurs experts qualifient de « solide levier pour la cohésion ».
Emploi et inclusion des jeunes et des femmes
À Mpoumako, Désiré, 24 ans, tient sa pelle avec fierté : « Avant, les moissons étaient mes seules ressources. Aujourd’hui, je gagne un revenu quotidien et je protège ma rivière », explique-t-il. Ce témoignage illustre l’effet immédiat sur le portefeuille, mais aussi sur la conscience écologique.
Le quota de 40 % de postes réservés aux femmes, exigé par les bailleurs, renforce l’impact social. Nathalie Moungouala, mère de deux enfants, évoque « un vrai souffle d’autonomie ». Dans un département où les opportunités salariées demeurent rares, la parité devient un outil concret d’émancipation.
Bénéfices environnementaux mesurables
Techniquement, les travaux se concentrent sur le curage des caniveaux, la remise en état de zones de drainage et le reboisement d’abords de route. Les ingénieurs du projet signalent déjà une diminution des flaques stagnantes, facteurs de paludisme, et une meilleure infiltration des eaux de pluie lors des premières averses.
Sur le volet climatique, HIMO s’aligne avec l’Accord de Paris. En pariant sur la main-d’œuvre plutôt que sur les engins lourds, le chantier réduit les émissions de CO₂. Le suivi, assuré par un cabinet indépendant, mesurera la baisse d’empreinte carbone par kilogramme de déchets collectés.
Organisation et financement transparents
La sélection des bénéficiaires s’effectue via les comités de villages. Une cartographie sociale identifie les ménages prioritaires, notamment ceux touchés par la baisse des rendements agricoles attribuée aux aléas climatiques. Cette démarche communautaire limite les tensions et garantit que les emplois temporaires ciblent réellement les groupes vulnérables.
Le budget atteint 2,5 millions de dollars pour la phase pilote. La Banque mondiale fournit 70 % des fonds, le reste provenant de partenariats public-privé locaux. Selon Benjamin Kiabambou, de l’ONG Niosi, « chaque franc investi génère plus du double en valeur économique indirecte », grâce aux achats de fournitures.
Un tableau de bord numérique compile en temps réel les tonnes de déchets collectés, les mètres linéaires de caniveaux curés et les heures travaillées. Les données sont publiques, affichées sur le site du projet, afin de renforcer la transparence et d’inviter les citoyens à suivre l’évolution des indicateurs.
Regards d’experts et expansion régionale
Pour l’économiste Serge Ngouabi, ce type d’approche « combine investissement vert et filet social, un choix pertinent dans un contexte de reprise post-pandémie ». Il note toutefois que la pérennité dépendra de la capacité des collectivités à entretenir les ouvrages une fois la phase HIMO achevée.
Le projet ne s’arrête pas à Djoué-Léfini. Dans le Pool, d’autres districts se préparent à lancer des cohortes similaires dès décembre. Les experts du Programme alimentaire mondial anticipent la création de plus de 1 200 emplois saisonniers et la réhabilitation de 30 kilomètres de voirie rurale.
Engagement communautaire et numérique
Pour toucher la jeunesse connectée, l’équipe communication diffuse des capsules vidéo sur TikTok et Instagram. On y voit des volontaires muni de gilets verts, racontant leurs journées. Ce récit visuel facilite l’appropriation du programme, tout en rappelant qu’une simple journée de creusage peut changer durablement un quartier.
Les chefs de villages saluent également la dimension citoyenne. Des séances de sensibilisation, organisées en soirée, expliquent les gestes d’hygiène domestique et la nécessité de trier les déchets. Selon le préfet, ces échanges renforcent la cohésion et préparent le terrain à d’autres initiatives de développement participatif.
Perspectives et modèle à répliquer
À l’heure où de nombreux pays africains cherchent des réponses locales aux mutations climatiques, l’exemple d’Odziba montre qu’assainissement et emploi peuvent former un tandem gagnant. Reste à transformer l’essai : si les ouvrages sont entretenus, HIMO pourrait devenir un modèle exportable dans tout le Bassin du Congo.
Le ministère des Finances étudie déjà des mécanismes pour convertir ces chantiers temporaires en entreprises coopératives gérées par les bénéficiaires. L’idée est que les équipes formées continuent d’entretenir routes et réseaux d’eau contre rémunération municipale, créant ainsi un circuit économique circulaire durable.