Alger accueille l’IATF 2025
Le pavillon flambant neuf du Parc des expositions des Pins maritimes a vibré dès l’aube du 4 septembre 2025 : la quatrième Foire commerciale intra-africaine, baptisée IATF 2025, y a lancé ses portes sous les yeux du continent entier.
Choisie pour la première fois, Alger offre un cadre stratégique entre Méditerranée et Sahara, symbole des ponts économiques que l’Union africaine veut renforcer à l’intérieur du marché continental en construction.
Toute la semaine, TikTok et Instagram se remplissent déjà de vidéos d’exposants, rappelant que l’événement se veut résolument tourné vers une jeunesse connectée et avide d’idées business.
Un carrefour de 75 pays et 2 000 exposants
IATF 2025 revendique plus de deux mille stands, 75 pays participants et l’arrivée de délégations en provenance de 140 capitales, un flux logistique inédit calibré pour générer plus de 35 000 visites utiles aux fabricants, start-up et investisseurs africains.
Au Centre international des congrès Abdelatif Rahal, la cérémonie d’ouverture s’est tenue sous le haut patronage du président Abdelmadjid Tebboune, entouré de plusieurs homologues dont Kaïs Saied, Mahamat Idriss Déby Itno, Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani et Mohamed Younes El-Menfi.
Parmi les leaders d’opinion, l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, aujourd’hui président consultatif de la foire, et l’ancien dirigeant nigérien Mahamadou Issoufou, champion de la ZLECAf, ont rappelé le rôle crucial des corridors régionaux dans l’emploi des jeunes.
La délégation congolaise menée par N’Silou
Le Congo-Brazzaville était représenté par le ministre d’État Alphonse Claude N’Silou, en charge du Commerce, des Approvisionnements et de la Consommation, porteur d’un message personnel du président Denis Sassou Nguesso.
À son arrivée, la délégation congolaise a été accueillie par Kamel Rezig, ministre algérien du Commerce extérieur et de la Promotion des exportations, premier signe d’une coopération bilatérale que Brazzaville et Alger souhaitent intensifier.
Selon le cabinet de N’Silou, la stratégie congolaise consiste à attirer des alliances industrielles dans l’agro-transformation, tout en promouvant le corridor Pointe-Noire-Dolisie-Brazzaville comme vecteur logistique pour l’Afrique centrale.
Tebboune efface 1,5 milliard de dettes
Le Chef de l’État algérien a créé la surprise en annonçant l’effacement de 1,5 milliard de dollars de dettes contractées par quatorze pays frères, geste applaudi par la salle et perçu comme un accélérateur de convergence économique.
Dans la même allocution, Abdelmadjid Tebboune a martelé que l’Afrique ne pèse que 6 % dans les investissements mondiaux et 3 % dans le commerce planétaire, malgré un potentiel qu’il a décrit comme « l’avenir du monde ».
Il a déploré les parts modestes du continent au sein des institutions de Bretton Woods, avec seulement 6 % des droits de vote au FMI et 11 % à la Banque mondiale, chiffres qui, selon lui, limitent l’accès au financement d’infrastructures.
Objectif 44 milliards de dollars de contrats
Face à ces enjeux, l’IATF veut contractualiser jusqu’à 44 milliards de dollars d’échanges et d’investissements en une semaine, montant équivalent au PIB combiné de plusieurs pays riverains du fleuve Congo.
Des protocoles de financement anticipés par Afreximbank, principal organisateur de la foire aux côtés de la Commission de l’Union africaine et du Secrétariat général de la ZLECAf, seront signés à huis clos avant la clôture du 10 septembre.
Pour Brazzaville, l’enjeu est double : placer les produits forestiers et les fruits de la vallée du Niari sur de nouveaux marchés, et capter des partenaires capables de valoriser la Zone économique spéciale de Maloukou.
La jeunesse congolaise au cœur des échanges
Alphonse Claude N’Silou a souligné, en marge d’un panel, que « le potentiel agro-industriel congolais doit s’intégrer aux chaînes de valeur régionales, notamment celles de l’Afrique du Nord, afin de réduire notre dépendance aux importations alimentaires ».
Les entrepreneurs congolais présents misent aussi sur le couloir numérique : grâce à la 5G expérimentale de l’opérateur public algérien, plusieurs start-up brazzavilloises effectuent des démonstrations en direct pour séduire les fintech maghrébines.
Tandis que les stands se remplissent, les réseaux sociaux brazzavillois spéculent déjà sur les retombées pour l’emploi local ; verdict attendu le 10 septembre, quand les compteurs des contrats signés seront officialisés par Afreximbank.
Perspectives post-foire pour Brazzaville
Sur les allées colorées d’Alger, le collectif congolais Youth In Trade brandit un slogan simple : « Acheter africain, c’est investir chez soi ». Ces étudiants en commerce ont autoproduit des capsules vidéo pour expliquer, en lingala sous-titré, l’intérêt de la ZLECAf pour les quartiers de Mfilou.
Le ministre N’Silou leur a consacré un aparté improvisé, soulignant que « l’esprit d’entreprise devient la première matière première du Congo ». Une promesse de rendez-vous a été prise pour explorer des lignes de microcrédit adaptées aux vendeurs en ligne et aux créateurs de contenus.
D’un couloir à l’autre, les investisseurs scrutent la logistique congolaise. Le port en eau profonde de Pointe-Noire, récemment modernisé, fait figure d’atout maître dans les conversations, notamment pour les exportateurs maghrébins à la recherche d’un accès fluide vers l’Atlantique.
Une fois la foire terminée, la délégation congolaise prévoit de publier un tableau de bord public des intentions d’investissement reçues, afin de maintenir la pression et de permettre aux jeunes d’en suivre l’évolution en temps réel via les réseaux sociaux officiels du ministère.
Jusqu’à son retour à Brazzaville, le ministre d’État multiplie les rencontres bilatérales pour sécuriser des protocoles d’accord. Les premiers mémorandums devraient être paraphés avant l’atterrissage à Maya-Maya, gage d’une diplomatie économique proactive.