Brazzaville-Bruxelles : une dynamique renouvelée
Brazzaville s’apprête à accueillir, en octobre, une délégation d’une dizaine de dirigeants d’entreprises belges. Annoncée par le chargé d’affaires Alexandre Gianasso, cette mission fait suite à la venue récente du vice-Premier ministre Maxime Prévot, décidé à accélérer le partenariat.
Pour les jeunes actifs, l’initiative confirme que le Congo reste perçu comme un marché à fort potentiel. La Belgique, troisième fournisseur et neuvième client du pays, veut désormais transformer la statistique en projets concrets capables de créer des emplois durables.
Dans les coulisses diplomatiques, on explique que Brazzaville et Bruxelles n’ont jamais vraiment rompu le dialogue. La tournée africaine de Maxime Prévot, ouverte par une halte à Oyo, illustre ce fil constant et l’ouverture du président Denis Sassou Nguesso.
Secteurs clés visés par la mission belge
Énergie, transport, logistique, santé et numérique composent le noyau des entreprises attendues. Ces domaines répondront aux priorités nationales, du développement des corridors routiers à la généralisation de la fibre, en passant par la sécurisation d’un mix énergétique plus diversifié.
Plusieurs groupes wallons spécialisés dans la gestion portuaire étudient déjà l’extension du terminal de Pointe-Noire. Un acteur flamand de l’e-santé envisagerait, selon nos informations, des cliniques connectées capables de désengorger les grands hôpitaux publics.
Pour le secteur numérique, la start-up bruxelloise BeCoding a déclaré vouloir former cent développeurs locaux d’ici 2025, en partenariat avec l’Université Marien Ngouabi. L’objectif est de combler le manque de profils techniques identifiés par les incubateurs congolais.
Ce que gagnent les jeunes professionnels congolais
L’arrivée de capitaux belges ne se limite pas à des contrats. Elle ouvre des possibilités de stages, de co-fondation et de transferts de compétences dont les 60 % de la population âgée de moins de 25 ans pourraient bénéficier directement.
Selon Armelle Makosso, consultante en ressources humaines, « la vraie valeur ajoutée résidera dans la création de réseaux globaux. Un développeur de Talangaï qui code pour un client d’Anvers change sa trajectoire et celle de sa communauté ». Des partenariats scolaires sont déjà évoqués.
Sur le plan entrepreneurial, la Chambre de commerce belgo-congolaise prévoit un concours de pitchs binational, doté d’un fonds d’amorçage, dédié aux solutions numériques pour l’agroalimentaire. L’initiative, attendue pour novembre, devrait encourager l’audace des start-uppers locaux.
Enjeux environnementaux au cœur du dialogue
Le bassin du Congo, deuxième poumon vert de la planète, reste au centre de toutes les attentions. Bruxelles a rappelé son soutien aux politiques climatiques congolaises, notamment par le biais du fonds international pour la préservation des tourbières.
La diplomatie belge estime que conjuguer croissance et durabilité est possible. Des sociétés d’ingénierie forestière, attendues dans la délégation, testent des outils satellitaires qui aideraient les autorités congolaises à concilier exploitation raisonnée du bois et lutte contre la déforestation.
Pour Nestor Mabiala, chercheur à l’Université Marien Ngouabi, « ce type de coopération technique crédibilise la position congolaise dans les forums mondiaux et rassure les bailleurs sur la bonne gestion des écosystèmes ». Les ONG locales saluent aussi cette approche inclusive.
Perspectives d’une relation gagnant-gagnant
Le calendrier d’octobre sera serré : visites d’entreprises, rencontres B2B et signature de mémorandums. Les autorités congolaises préparent un guichet unique pour accélérer l’enregistrement des sociétés étrangères, mesure perçue par les analystes comme un signal fort de fiabilité.
Du côté belge, la société de crédit à l’export Credendo étudie déjà des mécanismes de couverture de risque adaptés au contexte congolais. Cette garantie, combinée aux réformes locales, devrait fluidifier les flux financiers attendus.
Les observateurs voient dans ce rapprochement un modèle de coopération où chaque partie capitalise sur ses atouts : savoir-faire technologique pour la Belgique, énergie démographique et ressources pour le Congo. La réussite passera par la transparence et le dialogue continu.
À court terme, les jeunes diplômés scruteront la traduction concrète des promesses. La visite d’octobre pourrait ainsi devenir un jalon décisif, montrant qu’à l’heure de l’économie connectée, le Congo peut attirer des partenaires à haute valeur ajoutée.
Pour les deux pays, l’histoire qui s’écrit n’efface pas les précédentes, elle les enrichit. Si les projets se matérialisent, la décennie pourrait voir émerger une génération de managers congolais familiers des codes européens et confiants dans leurs propres capacités.
L’octobre économique annoncera peut-être une nouvelle normalité : celle d’un Congo qui tisse des alliances diversifiées, tout en affirmant la place centrale de sa jeunesse dans le récit national. Les regards se tourneront vers Brazzaville pour en mesurer la portée.
Sur le terrain, les municipalités préparent la venue de la délégation. Des groupes de travail mixtes identifient déjà les zones franches susceptibles d’accueillir de nouveaux entrepôts, tandis que les jeunes ingénieurs planchent sur des prototypes de livraison verte par mototaxi électrique.
Dans un communiqué, l’Agence congolaise pour la promotion des investissements précise qu’une plateforme numérique multilingue sera lancée avant la mission. Elle donnera aux entrepreneurs belges un accès direct aux fiches de projets, aux cadres juridiques et aux incentives fiscaux disponibles.
