Financement international et ambitions nationales pour la jeunesse béninoise
Dans un communiqué diffusé le 25 juin, le Groupe Banque mondiale a confirmé l’allocation d’un financement additionnel de 41,3 millions de dollars au Bénin par l’entremise de l’Association internationale de développement. L’enveloppe vient conforter le Projet d’inclusion des jeunes, lancé en 2019, qui vise à intégrer dans le tissu productif quelque 180 000 Béninois âgés de 15 à 30 ans et ne disposant que d’un faible niveau de scolarisation. « Il s’agit de catalyser le potentiel entrepreneurial d’une frange de la population souvent confinée aux marges de l’économie », a expliqué sa coordinatrice, Nadine Gbègnon (communiqué Banque mondiale).
Le soutien financier s’inscrit dans une dynamique de coopération Sud-Sud et de partage d’expériences en Afrique de l’Ouest. Cotonou mise sur une croissance inclusive où la jeunesse, jusqu’ici sous-employée, devient vecteur d’innovations locales. Cette ambition résonne au-delà des frontières béninoises, notamment à Brazzaville où l’on observe avec intérêt la montée en puissance de programmes orientés vers l’emploi des 20-35 ans.
Un dispositif centré sur l’entrepreneuriat, la formation et la protection sociale
Le projet financé articule trois composantes essentielles. D’abord, un accompagnement entrepreneurial qui prend la forme de subventions d’amorçage et de mentorat individualisé. Les bénéficiaires reçoivent un capital de départ modeste, assorti d’un suivi comptable, afin de convertir des activités informelles – couture, mécanique, transformation agro-alimentaire – en micro-entreprises légalement enregistrées.
Ensuite, des modules de formation technique et de compétences comportementales viennent compléter l’arsenal. L’objectif officiel est de doter les jeunes de savoir-faire immédiatement mobilisables sur le marché local, tout en cultivant la résilience et l’éthique professionnelle. Enfin, une composante de protection sociale garantit l’accès aux soins de base et à un filet de sécurité minimal durant la phase d’incubation. Le gouvernement béninois argue que cette approche intégrée répond à la double exigence d’efficacité économique et de cohésion sociale.
Effet d’entraînement régional : regard depuis Brazzaville
Au Congo-Brazzaville, où le poids démographique des 15-35 ans dépasse 60 % de la population, la réussite d’un tel programme au Bénin pourrait nourrir un effet d’entraînement. Plusieurs jeunes entrepreneurs brazzavillois interrogés saluent la simplicité de l’architecture financière. « Un ticket d’entrée raisonnable, un mentor et l’accès au marché, c’est exactement ce qu’il nous faut », confie Grâce Diafou, fondatrice d’une start-up de recyclage plastique.
Les analystes soulignent toutefois la nécessité d’adapter le modèle aux réalités congolaises, marquées par une dépendance aux hydrocarbures et un tissu bancaire encore frileux à l’égard des TPE. Du reste, la Stratégie nationale de développement 2022-2026 met déjà l’accent sur l’économie verte et numérique, deux secteurs où l’on pourrait répliquer, voire bonifier, l’approche béninoise sans entrer en concurrence frontale mais en créant des synergies régionales.
La course à l’emploi décent à l’ère de l’économie numérique africaine
Au-delà de la manne de 41,3 millions de dollars, l’enjeu se situe dans la capacité des États à transformer un investissement ponctuel en dynamique pérenne. Les économistes rappellent que le continent comptera 375 millions de jeunes supplémentaires sur le marché du travail d’ici 2030. Pour la Banque mondiale, l’inclusion économique passe désormais par la création d’écosystèmes permettant de connecter formation, innovation technologique et financement patient.
Le Bénin parie, entre autres, sur un guichet numérique simplifiant les démarches d’enregistrement d’entreprise. Une passerelle semblable pourrait renforcer le guichet unique de l’Agence congolaise pour la création des entreprises, en facilitant l’accès des jeunes aux services financiers. Cette perspective, saluée par des acteurs du secteur privé, souligne la complémentarité potentielle entre politiques nationales volontaristes et appuis multilatéraux ciblés.
Cap vers un écosystème inclusif et durable
En définitive, l’appui de l’IDA au Bénin illustre la manière dont un soutien externe peut catalyser des réformes structurelles, pour peu que la gouvernance locale maintienne la transparence et l’évaluation continue des résultats. Le suivi d’impact prévu, fondé sur des indicateurs tels que le taux de transition vers l’emploi formel, sera déterminant pour pérenniser la confiance des partenaires.
Dans la sous-région, la jeunesse observe ces évolutions comme un laboratoire. Si Cotonou convertit l’essai, Brazzaville et ses voisins pourraient disposer d’un canevas pragmatique pour accélérer l’intégration économique des jeunes, diversifier leurs économies et, partant, consolider une croissance inclusive synonyme de stabilité. Dans l’intervalle, la conscience collective s’aiguise : nul ne saurait négliger la valeur stratégique d’une génération désireuse de transformer sa créativité en richesse partagée.