Un podium prometteur à Alger
Quatre médailles, dont un titre doré, ont illuminé la participation congolaise aux premiers Jeux africains scolaires d’Alger, tenus du 26 juillet au 5 août 2025. Six jeunes ambassadeurs, engagés sur l’athlétisme, le judo, la gymnastique et le taekwondo, ont rappelé que le talent congolais sait saisir la lumière.
Gladise Boukama Ndoulou a brillé, s’offrant l’or au saut en longueur et le bronze sur 200 m. En judo, Symphoria Mankala et Divine Mpiaya Massala ont complété le tableau. La récolte replace les jeunes Congolais dans la conversation continentale, malgré une délégation plus restreinte que prévu.
Pour le ministère des Sports, « ces résultats illustrent la résilience de notre relève et l’utilité des programmes scolaires ». Le directeur des sports scolaires, Julius Ongagna, évoque « un signal encourageant pour 2025 », année où Brazzaville accueillera plusieurs compétitions régionales de jeunes.
Le défi de la formation locale
Derrière l’éclat des médailles, les entraineurs pointent un enjeu majeur : l’accès régulier à des infrastructures adaptées. Beaucoup de lycées disposent encore de pistes en latérite ou de tatamis usés, ce qui oblige les clubs à partager les installations militaires ou universitaires, souvent saturées en soirée.
La Fédération congolaise d’athlétisme vient de lancer, avec l’appui d’une société de téléphonie, un circuit interscolaire sur dix villes. L’objectif est de détecter tôt les profils explosifs comme Boukama Ndoulou et de leur proposer un encadrement scientifique, incluant physiothérapie et suivi nutritionnel.
« Nous voulons qu’à l’horizon 2028, chaque département dispose d’un centre de préparation des jeunes », confie la conseillère technique Marie-Josiane Nkouka. Elle insiste sur le rôle des communes : fournir des terrains, sécuriser les équipements et favoriser les partenariats public-privé pour garantir la pérennité.
Financement : vers de nouveaux partenariats
Le financement demeure le nerf de la guerre. Cette année, le budget national alloué au sport scolaire a progressé de 12 %, passant à 1,8 milliard de francs CFA. La hausse reste modeste, reconnaît un cadre, mais elle s’accompagne de mesures fiscales pour encourager le sponsoring des clubs.
TotalEnergies, déjà partenaire du marathon de Brazzaville, a signé en juin un protocole avec le ministère pour rénover trois stades d’entraînement et financer des bourses sport-études. L’accord prévoit aussi des sessions de mentorat animées par d’anciens internationaux, afin de valoriser la double carrière.
Le directeur Afrique d’une banque sous-régionale, sollicité, estime que « chaque médaille convertie en storytelling peut attirer des marques tournées vers la jeunesse ». Il cite l’exemple kenyan, où l’athlétisme scolaire fédère désormais autant d’annonceurs que le football professionnel.
Vision institutionnelle et ambitions 2025
La stratégie gouvernementale s’appuie sur la création d’une Agence nationale du sport de compétition scolaire, annoncée pour janvier. Cette structure coordonnera les fédérations, centralisera les données de performance et pilotera un fonds d’innovation destiné à la recherche en biomécanique et en psychologie sportive.
Selon le conseiller spécial du Premier ministre, Guy-Cyriaque Ikoka, « un athlète bien entouré devient un symbole d’unité nationale ». L’État entend donc intégrer davantage d’évaluations médicales dans les écoles et multiplier les stages communs avec les pays voisins, notamment le Cameroun et le Gabon.
Brazzaville souhaite également accueillir, en marge des Jeux de la Francophonie-Jeunesse, un forum panafricain consacré au sport scolaire et à l’innovation numérique. Les organisateurs veulent placer la capitale comme laboratoire de solutions, des capteurs connectés aux applications de suivi académique.
Le programme « Sport Elles » reçoit un financement de l’Union africaine et vise à atteindre 40 % de participation féminine dans les compétitions scolaires d’ici 2026. Des kits menstruels réutilisables seront distribués et des ateliers de leadership encourageront les capitaines à devenir porte-voix dans leurs communautés.
Voix d’athlètes et d’experts
Pour Gladise Boukama Ndoulou, 17 ans, la victoire à Alger représente « un point de départ ». Elle rêve d’une bourse aux États-Unis mais affirme vouloir « revenir partager l’expérience ». Son entraîneur, Serge Makaya, milite pour un programme d’échanges afin d’éviter la fuite des talents.
Dans les tribunes numériques, les jeunes Congolais saluent la performance mais réclament plus de visibilité. Sur TikTok, le hashtag #TeamCongoSchoolGames a dépassé 400 000 vues. Les influenceurs sportifs estiment que cette viralité pourrait devenir une source de revenus si les fédérations maîtrisent la monétisation.
Le sociologue du sport Arsène Bulolo observe que « le succès d’une petite délégation révèle une réserve de talents bien plus large ». Il préconise un recensement national des pratiquants, assorti d’indicateurs de genre, pour garantir l’équité et tracer des parcours excelencia-mixte.
Un consortium de start-up congolaises développe actuellement une application mobile, baptisée KintokoFit, destinée à connecter collégiens, coachs et recruteurs. L’outil propose des séances ajustées par algorithme, un suivi des performances en cloud et un module d’e-scouting pour les universités étrangères.
Une flamme à entretenir
Reste que les Jeux africains scolaires de 2025 auront servi de réveil-moteur. Entre médailles glanées à la force du caractère et feuilles de route institutionnelles, le Congo affiche désormais l’ambition d’aligner, demain, une délégation élargie et mieux préparée, prête à transformer l’étincelle en flambée durable.
La route reste longue, mais la génération Alger incarne une promesse que la nation souhaite désormais amplifier collectivement.
