Star-D en mode proximité à Nkombo
Le 28 septembre, le quartier populaire de Nkombo à Brazzaville s’apprête à vivre une soirée qui s’annonce déjà légendaire. Star-D, figure montante de la scène urbaine congolaise, a choisi l’espace culturel Le Quartier d’abord pour un semi concert résolument proche du public.
Le concept de “semi concert” mêle show live et échange direct : pas de grande scène surélevée, mais un carré scénique au raz du macadam où les fans pourront presque toucher le micro. Une manière assumée par l’artiste de casser la distance entre vedette et quartier.
“La rue m’a tout donné, je lui dois un retour d’énergie”, confie Star-D, sourire vissé sous la casquette. Pour lui, Nkombo est plus qu’un simple lieu de passage : c’est un laboratoire musical où se frottent afrobeat, rumba urbaine et ndombolo futuriste.
L’organisation confirme que près de 500 spectateurs pourront être accueillis, priorité aux riverains. Des pass, vendus à un prix symbolique, sont déjà disponibles dans les shops de téléphonie du secteur pour garantir un flux maîtrisé et assurer la sécurité sans brider l’esprit de fête.
Une programmation façonnée pour la jeunesse
Durant deux heures, la setlist promet un voyage sonore plein d’adrénaline. Les incontournables Nzoto ya quartier, Mibeko ya rue et Soleil sur Brazzaville seront réarrangés pour l’occasion, avec des breaks plus percussifs, pensés pour que le public puisse lancer ses fameux challenges TikTok en direct.
Star-D glissera aussi trois titres inédits, enregistrés quelques nuits plus tôt dans un home-studio voisin. Selon son ingé son, ces morceaux parlent d’identité multiple, d’économie informelle et de courage urbain, des thématiques qui résonnent particulièrement chez les 16-35 ans du sud de la capitale.
“Les jeunes veulent des lyrics qui leur ressemblent”, analyse Dany Pépé, animateur radio à Urban FM. Il note que la recette de Star-D, alliance d’humour de rue et de conscience sociale, colle au virage actuel de la musique congolaise, plus narrative, moins axée sur la performance vocale.
Des featuring made in Brazzaville
La soirée ne reposera pourtant pas sur un seul nom. L’affiche confirme la présence de la rappeuse Lady Tchik, du DJ producteur Koba L’ingénieux et du collectif de danse Ndjanga Crew. Chaque invité bénéficiera d’un créneau libre pour improviser un featuring ou déclencher une battle scénique.
Selon le programmateur Jerry Mapata, cette diversité traduit “la vraie playlist de la ville”, celle qu’on entend sur les enceintes Bluetooth des kermesses jusqu’aux clubs aérés du centre. Objectif assumé : montrer qu’à Brazzaville les cloisons entre styles fondent dès que l’on partage la même artère.
Un quartier qui respire la culture urbaine
Nkombo, perché sur les hauteurs du sixième arrondissement, n’est pas choisi au hasard. Le quartier s’est forgé une solide réputation d’incubateur artistique grâce aux sessions freestyle du dimanche et aux fresques murales qui transforment chaque ruelle en galerie à ciel ouvert.
L’espace culturel Le Quartier d’abord, construit en matériaux recyclés, sert de hub aux ateliers de slam et d’écriture. Sa gestion communautaire a séduit plusieurs bailleurs qui ont financé une sonorisation professionnelle, rare dans la périphérie. Résultat : des événements réguliers sans exiger de long déplacements au centre-ville.
Pour la mairie d’arrondissement, cette animation culturelle renforce l’attractivité d’un secteur encore méconnu des touristes internes. Un conseiller municipal souligne qu’un dispositif d’éclairage public neuf sera inauguré le même soir, preuve que la fête rime aussi avec amélioration concrète de la qualité de vie.
La sécurité sera assurée par un dispositif mixte, combinant vigiles privés et agents municipaux. Le commissariat du secteur annonce la mise en place d’une circulation alternée sur l’avenue des Manguiers afin d’éviter les embouteillages. Des points d’eau potable seront également installés pour prévenir tout risque de déshydratation.
La musique comme moteur d’espoir
Au-delà des décibels, Star-D défend une vision de la musique comme catalyseur de changement social. Sur ses réseaux, il multiplie les messages appelant à l’entraide entre quartiers et au respect de l’environnement urbain, rappelant que chaque canette ramassée est un beat offert à la ville.
Les organisateurs prévoient d’installer des bacs de tri provisoires et de reverser une partie des recettes à un projet de nettoyage des berges du Djoué. Une manière de prouver que la fête ne se contente plus de divertir : elle peut parrainer des gestes solidaires durables.
“Si chacun repart avec l’envie de prendre soin de son coin de rue, alors le concert sera déjà un succès”, affirme la coordinatrice logistique, Ruth Nzessi. Dans une ville où la population est majoritairement jeune, la culture devient un moyen concret de participer au développement local.
À quelques jours de l’événement, les réseaux bruissent : stories, comptes à rebours, concours de passes de danse. Si la météo reste clémente, Nkombo pourrait inscrire cette date dans son histoire comme le soir où un simple semi concert a fait vibrer tout Brazzaville, des trottoirs jusqu’aux timelines.
Le compte à rebours continue, et Nkombo affine déjà ses pas.