Report du coup d’envoi Ligue 1 congolaise
Vingt-quatre heures avant le coup d’envoi prévu, la Fédération congolaise de football a décidé de repousser au 30 septembre 2025 le lancement du championnat direct Ligue 1, saison 2025-2026. L’annonce, faite à Brazzaville, a surpris clubs, supporters et observateurs.
Le Comité exécutif précise que la nouvelle date donne du temps pour régler les impératifs logistiques et administratifs liés aux stades. Il assure vouloir offrir un spectacle sécurisé et de qualité à la jeunesse congolaise, très attachée à son rendez-vous hebdomadaire avec le ballon rond.
Négociation autour des stades homologués
La décision fait suite au refus du ministère des Sports d’ouvrir les enceintes Alphonse-Massamba-Débat, Municipal de Pointe-Noire et Paul-Sayal-Moukila, actuellement engagées dans un programme de maintenance. Les autorités souhaitent conclure les travaux avant d’autoriser l’accueil de rencontres d’élite.
Jean Guy Blaise Mayolas, président de la Fécofoot, explique poursuivre « un dialogue constructif » avec le ministère afin de lever les dernières réserves techniques. Il évoque même la possibilité d’utiliser temporairement le Centre technique national d’Ignié, dans le Pool, déjà doté de pelouse synthétique.
Les clubs veulent garder le rythme CAF
Ce report inquiète particulièrement l’AS Otoho, engagée en Coupe de la Confédération africaine. Son secrétaire général, Kevin Ikouma, redoute un manque de compétition qui pourrait « émousser le dynamisme » de l’effectif avant les rencontres continentales programmées dès novembre.
Le Racing Club de Brazzaville partage cette préoccupation. Son président Jerry Doucouré rappelle que l’arrêt prolongé de la saison 2024-2025 avait déjà pesé sur la condition physique des joueurs et sur le moral des fans. « Le jeu doit reprendre ses droits », martèle-t-il.
Confrontés à un calendrier continental intangible, les entraîneurs tentent d’improviser des matches amicaux, souvent organisés sur des terrains secondaires. Mais ces duels informels ne remplacent pas l’intensité d’une compétition officielle, confie un staff technique sous couvert d’anonymat.
Supporters, commerces et économie sportive
Dans les quartiers populaires de Brazzaville, l’absence de championnat se ressent jusque dans les boutiques de maillots et les buvettes qui vivent des jours de match. « Les week-ends sont moins animés, on vend moins de brochettes », soupire un vendeur du marché Total.
Les plates-formes de paris sportifs, très prisées par la génération TikTok, tournent aussi au ralenti, faute de cotes locales. Certains influenceurs se tournent vers les championnats européens, mais regrettent la perte d’interaction avec leurs abonnés brazzavillois.
Pour les taxis collectifs reliant Makélékélé au stade Massamba-Débat, la baisse de fréquentation signifie moins de rotations. « Un seul match peut remplir un plein de carburant », rappelle un chauffeur, espérant le retour rapide des tribunes pleines et des chants.
Quels risques réglementaires pour le Congo ?
Au-delà de l’impact local, la prolongation du différend pourrait attirer l’attention de la FIFA. L’instance internationale dispose de mécanismes disciplinaires visant les fédérations incapables d’organiser leur championnat sur plusieurs saisons consécutives, rappellent des juristes sportifs.
Cependant, rien n’indique pour l’instant un dossier ouvert contre la Fécofoot. Les régulateurs observent généralement la bonne foi des parties et la volonté de trouver un compromis national avant d’envisager toute sanction, souligne un consultant en gouvernance contacté à Zurich.
Du côté des instances africaines, la Confédération prend note des difficultés congolaises mais se montre confiante. « Les investissements récents dans les infrastructures démontrent une orientation positive », estime une source proche du comité exécutif de la CAF.
Vers une reprise apaisée fin septembre 2025
Les signaux semblent donc converger vers un démarrage fin septembre 2025, dans au moins deux enceintes déjà testées par les commissions de sécurité. Un calendrier condensé, avec des matches en semaine, est envisagé pour boucler la saison avant juin 2026.
La Fécofoot planche aussi sur la diffusion numérique en direct des rencontres, afin d’offrir une alternative aux supporters qui ne pourront pas se déplacer. Des partenariats avec des opérateurs mobiles seraient sur la table pour un service abordable.
En parallèle, plusieurs clubs imaginent des fan-zones légères dans les arrondissements, avec écrans géants et animations musicales sponsorisées. L’objectif est de maintenir l’ambiance festive tout en respectant les contraintes éventuelles d’accès aux stades principaux.
L’entraîneur de l’AC Léopards, champion sortant, voit dans cette période une chance de renouveler la préparation. « Nous disposons d’une fenêtre pour tester des jeunes du centre de formation », confie-t-il, soulignant la dimension positive que peut apporter un délai bien géré.
Les prochaines semaines seront donc cruciales. Si les discussions aboutissent, le Congo retrouvera un championnat plus stable, essentiel pour la visibilité de ses talents et pour l’unité des fans. Tous espèrent célébrer le retour des gradins pleins et des derbys électriques.
Formation et foot féminin en stand-by
Les centres de formation, principaux viviers de talents, voient aussi leurs compétitions U17 et U19 suspendues. Les éducateurs redoutent une démotivation des adolescents. « Sans matches officiels, il est difficile de maintenir la rigueur tactique », reconnaît le coordinateur du Centre Diables-Noirs.
Le football féminin n’est pas épargné. La capitaine des Aiglonnes, Mireille Makaya, espère que la reprise concernera aussi la Ligue 1 dames, vitrine d’égalité sportive. Elle estime que « le public congolais est prêt à soutenir toutes ses équipes, sans distinction ».
