Le BET, carrefour stratégique de la formation professionnelle
Dans un contexte national où la diversification économique demeure un impératif, le Brevet d’études techniques (BET) s’impose comme un jalon crucial dans la consolidation du capital humain. Conçu pour certifier les compétences intermédiaires, l’examen incarne la volonté de l’État congolais de rapprocher l’école du monde productif, conformément au Plan national de développement 2022-2026 qui érige la formation technique et professionnelle au rang de priorité. À Impfondo, chef-lieu d’un département souvent perçu comme périphérique, la session de juin 2025 illustre avec éloquence cette ambition de territorialiser les politiques publiques éducatives.
Une cohorte de 121 candidats, reflet d’un territoire pluriel
Ils sont exactement cent vingt-et-un, issus du collège d’enseignement technique féminin et du lycée technique mixte, à avoir investi les salles d’examen depuis le 24 juin. Ce nombre, en progression de près de 8 % par rapport à la session 2024 selon la direction départementale de l’enseignement technique, témoigne d’un engouement que les autorités locales attribuent à la campagne de sensibilisation menée en début d’année scolaire. Dans les couloirs fraîchement repeints, on croise autant de visages anxieux que déterminés, conscients que le sésame convoité peut ouvrir la porte à des emplois qualifiés dans les secteurs porteurs de l’économie verte et des services.
La féminisation des métiers socio-économiques gagne du terrain
Sur les 85 candidates du collège d’enseignement technique féminin, quatre spécialisations structurent l’offre pédagogique : préscolaire, hôtellerie, puériculture et technique d’habillement. Cette déclinaison, saluée par les partenaires de la société civile, reflète la stratégie gouvernementale de revalorisation des carrières historiquement féminines afin d’assurer un meilleur ancrage socio-économique. « La diversité des options permet aux jeunes filles de se projeter dans des trajectoires professionnelles stables, tout en répondant aux besoins de la communauté », commente Nadège Moukala, formatrice en sciences sociales.
Option industrie : électricité et maçonnerie en vitrine
Au lycée technique mixte, l’accent est mis sur deux spécialités phares : l’électricité et la maçonnerie. Vingt-six jeunes, majoritairement masculins, ont planché dès l’ouverture de l’épreuve sur un sujet de technologie industrielle portant sur le dimensionnement de réseaux domestiques et la résistance des matériaux locaux. Le choix de ces filières n’est pas fortuit. Il répond à la demande croissante de techniciens capables de soutenir les travaux d’infrastructures routières et le programme d’électrification rurale lancé dans la Likouala. Les responsables pédagogiques rappellent que, pour la seule année 2024, plus de cinquante chantiers publics ont mobilisé des compétences issues des promotions précédentes.
Dispositif anti-fraude : la rigueur comme gage de crédibilité
Conscient que la réputation d’un examen d’État repose sur l’intégrité de son déroulement, le ministère de tutelle dépêche chaque année un délégué anti-fraude. Sa présence, couplée à celle du chef de centre et d’une équipe de surveillance rodée, garantit l’équité des évaluations. Caméra de contrôle aux entrées, scellés numériques des sujets, fouille préalable des sacs : autant de mesures qui rassurent candidats et parents. « Nous voulons que ce diplôme demeure une référence incontestable sur le marché du travail », insiste un inspecteur régional, soulignant que le taux d’incidents a chuté de 12 % depuis la digitalisation partielle des procédures.
Motivation et résilience : le message des autorités départementales
Lundi matin, le secrétaire général de la Likouala, Servais Kiba, a réalisé la traditionnelle tournée des salles. D’une voix posée, il a exhorté les élèves à mobiliser l’ensemble des connaissances acquises « depuis le premier jour de classe ». Pour M. Kiba, la persévérance constitue la compétence transversale la plus recherchée par les employeurs. Son discours, ponctué d’exemples concrets de diplômés aujourd’hui entrepreneurs, a suscité un regain de motivation perceptible dans les regards.
La pratique, prochaine étape décisive
Dès la semaine prochaine, place aux épreuves pratiques. Les ateliers du centre de formation professionnelle d’Impfondo ont été réaménagés pour répondre aux normes en vigueur. Pour les filières hôtellerie et puériculture, des hôtels partenaires et la pouponnière départementale serviront de sites d’évaluation. Du côté de la technique d’habillement, les candidates devront réaliser un vêtement complet en six heures chronométrées. Quant aux futurs électriciens, ils seront évalués sur l’installation sécurisée d’un tableau divisionnaire basse tension. Ces travaux pratiques consolident l’aptitude des candidats à transférer la théorie dans des contextes réels.
Perspectives d’insertion et alignement sur le tissu économique local
À l’issue de la publication des résultats en août, les diplômés pourront prétendre à des emplois dans l’administration, l’hôtellerie émergente le long du fleuve Oubangui ou les entreprises artisanales du bâtiment. Certains choisiront la poursuite d’études en BTS, notamment grâce au nouveau partenariat signé entre l’Institut supérieur de technologie d’Oyo et le lycée d’Impfondo. En conjuguant volonté politique, engagement communautaire et rigueur académique, la Likouala s’affirme en pôle régional de compétence, offrant à sa jeunesse la possibilité de contribuer activement à la dynamique nationale de croissance inclusive.