Un nouveau souffle pour l’Ofc Likouala
Impfondo s’est animé le 10 août dernier, lorsque les militantes de l’Organisation des femmes du Congo, section Likouala, se sont rassemblées pour élire leurs nouvelles instances. Dans la grande salle du Conseil départemental, l’enthousiasme a témoigné d’une mobilisation rarement observée ces dernières années.
Aux premières loges, la ministre et présidente nationale de l’Ofc, Inès Nefer Ingani Voumbo Yalo, a rappelé que cette étape s’inscrit dans la modernisation interne du Parti congolais du travail, en multipliant les passerelles avec les réalités spécifiques de chaque territoire.
La Likouala, marquée par son immensité forestière et ses routes encore fragiles, attend énormément des organisations féminines pour porter des projets sociaux à la base. Le choix des dirigeantes fédérales devient, de fait, un baromètre de l’engagement citoyen dans cette zone au potentiel méconnu.
Des enjeux locaux à fort impact national
Avec dix-sept mille adhérentes inscrites, l’Ofc Likouala représente l’un des viviers militants les plus dynamiques du département. Les réunions hebdomadaires, souvent organisées sous des manguiers ou dans des centres sociaux, explorent des thèmes allant de l’agro-transformation à la lutte contre les grossesses précoces.
Au niveau national, la branche féminine du PCT se voit confier une mission stratégique : préparer la participation des femmes à la mise en œuvre du Plan national de développement 2022-2026, notamment sur les axes diversification économique et réduction des inégalités.
L’élection d’Emma Marie Claire Moungbende Ballay arrive donc à un moment charnière où les collectivités locales doivent s’aligner sur les objectifs de croissance verte et d’autonomisation fixés par Brazzaville. Sa feuille de route intègre le suivi des projets d’assainissement et la formation des entrepreneures rurales.
Portrait de la nouvelle présidente
Fille d’instituteur, diplômée en gestion de projets à l’Université Marien-Ngouabi, la nouvelle présidente a débuté sa carrière dans une coopérative de cacao à Bétou avant de rejoindre le service social de la mairie d’Impfondo. Ses proches la décrivent comme persévérante et attentive aux détails.
En marge du vote, elle a confié vouloir ancrer son mandat dans une démarche pragmatique : « Au-delà des slogans, nous devons sécuriser la chaîne de valeur agricole et faciliter l’accès des femmes aux financements publics déjà disponibles », a-t-elle indiqué, en référence aux lignes de crédit post-Covid.
Son engagement s’appuie également sur un réseau associatif dense, construit durant les campagnes de sensibilisation contre la pandémie. De nombreux volontaires se disent prêts à poursuivre les tournées fluviales sur l’Oubangui, moyen efficace pour toucher des villages enclavés et valoriser le leadership féminin.
Autonomisation féminine et développement durable
La Likouala compte l’un des taux d’alphabétisation des femmes les plus faibles du pays, selon la Direction générale des statistiques. Pour renverser cette tendance, l’Ofc prévoit d’ouvrir deux centres de formation numérique, équipés grâce à un partenariat public-privé négocié en juin dernier.
En parallèle, un programme pilote d’agroforesterie va mobiliser 300 cultivateurs, dont 70 % de femmes, sur des parcelles témoins près d’Epena. L’objectif consiste à concilier sécurité alimentaire et préservation de la biodiversité, deux axes que le gouvernement inscrit dans sa stratégie de transition écologique.
Les bailleurs de fonds, tels que la Banque africaine de développement, ont conditionné leur appui futur à la qualité du suivi évaluatif. L’Ofc entend y répondre par la création d’un observatoire participatif composé d’étudiantes, de chercheurs et de représentantes d’associations, tous formés aux standards internationaux de reporting.
Perspectives vers l’échéance de 2026
L’unité affichée durant les assises d’Impfondo a également donné lieu à une motion de soutien à la candidature du président Denis Sassou-Nguesso pour 2026. Les déléguées justifient leur position par « la continuité des projets de paix et de développement », expression reprise dans le communiqué final.
Sur le terrain, cette perspective électorale se traduit déjà par une intensification des visites gouvernementales. La semaine passée, le ministre de la Jeunesse a inauguré un plateau sportif rénové, financé à 60 % par des coopératives féminines, signe que la coordination entre acteurs commence à porter ses fruits.
Pour les jeunes adultes, notamment les diplômés sans emploi, l’enjeu sera de saisir les opportunités annoncées. De nouvelles cohortes de service civique devraient être lancées d’ici janvier, avec des priorités accordées aux métiers du numérique, de l’artisanat et de la gestion communautaire des ressources naturelles.
Analystes politiques et sociologues estiment que le dynamisme de la Likouala pourrait servir de laboratoire pour tester des politiques publiques orientées vers l’inclusion des femmes. Si les indicateurs passent au vert, le modèle serait facilement réplicable dans les départements voisins, renforçant la cohérence territoriale.
À court terme, la nouvelle équipe fédérale jouera la carte de la pédagogie, multipliant les sessions d’information sur les droits civiques et les mécanismes de consultation locale. Les autorités administratives, présentes aux assises, ont promis un accompagnement logistique pour faciliter la circulation fluviale entre les zones de vote.
Au-delà de la dimension partisane, l’événement d’Impfondo rappelle que la participation politique des femmes demeure un levier essentiel de la consolidation démocratique. En misant sur la formation et l’innovation sociale, la Likouala espère tracer une trajectoire qui inspire la jeunesse congolaise tout entière.
