La fiction congolaise franchit un cap
Le compte à rebours est lancé : le 6 octobre, Maboke TV dévoile « Mada », une fresque familiale portée par un casting 100 % local. Entre drame sentimental et quête identitaire, la série espère conquérir les foyers de Brazzaville à Pointe-Noire, puis séduire la diaspora.
Un pari audacieux pour la télévision locale
Produit par Orisha Films et réalisé par Michael Moud, « Mada » arrive en exclusivité sur la chaîne créée pour valoriser les talents du pays. Ces dix épisodes, tournés en lingala et en français, entendent prouver que le Congo-Brazzaville sait fabriquer des histoires universelles sans rien perdre de sa saveur locale.
Un synopsis qui fait écho aux réalités
L’héroïne, Mada, rêve d’études et d’indépendance. Sa famille l’imagine plutôt au bras du Dr Dubien, héritier d’une lignée influente. Entre pression sociale, sentiments contrariés et désir d’émancipation, le récit examine le choc entre traditions et aspirations modernes, thème partagé dans de nombreuses sociétés africaines.
Des dilemmes intimes portés à l’écran
À travers le regard de Mada, la série questionne la place de la femme, le poids des alliances familiales et la définition même du bonheur. Les scénaristes mêlent romance, suspense et humour du quotidien pour créer un miroir dans lequel les jeunes Congolais pourront se reconnaître, puis débattre sur les réseaux.
Une équipe jeune et déterminée
Michael Moud assure réalisation et scénario après un an de travail. Il s’appuie sur Amanda Bavi, productrice-autrice et fondatrice d’Orisha Films. Leur duo vise un double défi : élever les standards techniques locaux et prouver qu’un projet né à Brazzaville peut voyager sur les plateformes panafricaines.
Un casting qui respire la fraîcheur
Imelda Maboueki, Réelle Nuptia de Christie, Mira Loussi, Stan Matingou et Bihani Yengo incarnent la nouvelle génération d’acteurs formés dans les ateliers locaux. Leur énergie, combinée à des dialogues tantôt en lingala, tantôt en français, promet de renforcer l’authenticité recherchée par l’équipe créative.
Les mots du réalisateur
« Un an et un mois, c’est le temps qu’il nous a fallu pour donner vie à ‘Mada’. Étape par étape, le Congo racontera ses histoires au-delà de ses frontières », écrit Michael Moud, fier d’annoncer que son projet marque selon lui « l’entrée » du pays sur Canal + via Maboke TV.
La fierté des acteurs
Bihani Yengo voit dans la série « une aventure collective devenue réalité ». Sur les réseaux, il remercie sa communauté pour « un soutien indéfectible » et promet que « l’aventure ne fait que commencer ». Ce dialogue numérique nourrit déjà un bouche-à-oreille précieux parmi les fans de fiction africaine.
Maboke TV, moteur de talents émergents
Lancée avec l’objectif de mettre en avant les créateurs du pays, Maboke TV multiplie les productions originales depuis 2022. La chaîne investit dans des formats courts, des documentaires urbains et désormais une série premium, convaincue que l’économie de l’attention se gagne par des contenus proches du vécu des jeunes.
Un public connecté visé
Pour les 16-35 ans férus de TikTok ou d’Instagram, « Mada » devrait servir de rendez-vous hebdomadaire. Chaque épisode sera accompagné de contenus bonus sur les réseaux de la chaîne : coulisses du tournage, défis hashtag en lingala et réactions d’internautes, stratégie déjà testée avec succès sur des programmes musicaux.
Tournage 100 % made in Congo
Brazzaville, Dolisie et les berges du fleuve Congo ont servi de décors naturels. Les équipes ont misé sur des lumières naturelles et un habillage sonore mélangeant rumba moderne et afropop. Résultat : un ancrage visuel authentique qui valorise les paysages et les accents locaux sans artifice hollywoodien.
Défis et solutions de production
Le projet a dû composer avec les intermittences électriques et la logistique du matériel. Amanda Bavi rappelle que « chaque contrainte a nourri l’inventivité de l’équipe ». L’usage de caméras légères et de générateurs solaires a permis de respecter le calendrier sans sacrifier la qualité d’image attendue par le public.
Des ambitions continentales
Orisha Films vise déjà une diffusion doublée en anglais pour toucher d’autres marchés africains. Des discussions exploratoires existeraient avec des plateformes SVOD régionales. « Notre rêve est simple : que les Algériens ou les Sud-Africains discutent de Mada comme ils discutent des séries nigérianes », confie Amanda Bavi.
Impact sur l’écosystème audiovisuel
Selon des observateurs du secteur, chaque production locale génère des emplois indirects dans la régie, le maquillage ou encore la location de décors. Si « Mada » trouve son public, elle pourrait encourager de nouveaux investisseurs à miser sur des studios et des formations techniques au Congo-Brazzaville.
Une fenêtre pour la francophonie
Tournée dans deux langues, la série sert aussi d’outil pédagogique. Dans certaines écoles privées de la capitale, des professeurs envisagent déjà d’utiliser des extraits pour illustrer le bilinguisme quotidien. Un moyen concret de montrer aux jeunes la richesse d’un patrimoine linguistique souvent sous-estimé.
Rendez-vous fixé au 6 octobre
La bande-annonce, diffusée la semaine dernière, cumule déjà plusieurs milliers de vues. Entre banderoles urbaines et relais sur WhatsApp, la campagne marketing bat son plein. Reste à voir si « Mada » saura convertir cette curiosité en audiences régulières sur Maboke TV, puis en licence à l’international.
Des attentes à la hauteur du projet
Critiques culturels, influenceurs et simples fans espèrent une série aussi soignée que ses promesses. Michael Moud répond qu’il « fait confiance au public pour juger ». Dans un paysage audiovisuel en pleine mutation, « Mada » apparaît comme un test grandeur nature pour l’avenir de la fiction congolaise.
