Une marche festive au cœur de Brazza
Sous un ciel matinal légèrement voilé, des dizaines de passionnés de découverte se sont élancés, baskets aux pieds, depuis le quartier Plateau des 15 ans. Direction : un parcours urbain de plusieurs kilomètres pour célébrer la Journée internationale du tourisme et redécouvrir la capitale autrement.
Empruntant l’avenue des Trois-Martyrs puis celle de la Paix, le cortège a traversé les ronds-points animés de Moungali et Poto-Poto, salué les passants devant la gare ferroviaire, contourné la primature, effleuré la tour Nabemba avant de filer vers l’imposante mairie centrale.
Initiée par l’agence Wild Safari Tours et l’Office de la promotion de l’industrie touristique, la marche voulait prouver qu’un simple city-tour pédestre peut devenir un outil puissant pour dynamiser l’économie locale, encourager l’activité physique et renforcer le lien affectif entre habitants et patrimoine.
Des étapes emblématiques sous les flashes
Chaque arrêt devenait une petite scène. Devant la gare historique, les guides improvisés rappelaient qu’elle fut le terminus symbolique du Congo-Océan. Les passants, smartphones levés, immortalisaient l’instant, surpris de voir leur trajet quotidien transformé en attraction touristique.
À la tour Nabemba, gratte-ciel emblématique du skyline brazza-ville, un participant s’exclame : « On oublie souvent que nous possédons l’un des plus hauts bâtiments d’Afrique centrale ! ». L’effet wahou déclenche une avalanche de stories Instagram aux couleurs vert-jaune-bleu.
Plus loin, le rond-point de Moungali se change en carrefour culturel. Des danseurs de rue rejoignent les marcheurs, tambours à la main. L’improvisation fait sourire le directeur de Wild Safari Tours : « Nous vendons l’expérience, pas seulement le décor », glisse-t-il.
Le salon Nabemba Tourisme Expo en ligne de mire
En filigrane de la balade, tous les regards se tournent déjà vers novembre. Brazzaville accueillera alors la toute première édition du Nabemba Tourisme Expo, un salon pensé pour fédérer opérateurs, investisseurs et curieux autour d’une vision moderne du voyage au Congo.
Francel Emerancy Ibalank, patron de Wild Safari Tours et initiateur de l’événement, insiste : « Nous voulons un tourisme responsable, inclusif, innovant. Les jeunes doivent comprendre qu’ils peuvent créer des start-up, devenir guides certifiés ou lancer des circuits à vélo ».
Prévu du 18 au 20 novembre dans l’enceinte de la Cité de la démocratie, le salon réunira également des exposants venus de la sous-région. Des stands mettront en avant la richesse gastronomique kongo, les croisières sur le fleuve et les escapades éco-solidaires.
Le directeur général de l’OPIT, Jordelin Atipo-Oko, voit dans cette vitrine un moyen « d’intensifier les échanges culturels et diplomatiques, tout en montrant au monde que le Congo est prêt à diversifier son économie grâce aux voyages ». Un message applaudi par les participants.
Un secteur plein de promesses pour la jeunesse
Au-delà du salon, la marche rappelle surtout que le tourisme urbain peut devenir un important réservoir d’emplois. Selon l’OPIT, chaque visite guidée génère un micro-emploi direct et plusieurs emplois indirects dans la restauration, l’artisanat ou le transport urbain.
Les étudiants présents saluent l’initiative. Christelle, inscrite en licence de géographie, y voit « un terrain de stage grandeur nature ». Elle rêve de développer une application qui guiderait les touristes via des parcours géolocalisés, intégrant réalité augmentée et anecdotes historiques.
Côté institutions, le ministère de l’Industrie culturelle, touristique, artistique et des loisirs rappelle que le Plan national de développement 2022-2026 mise sur la diversification. Le tourisme figure désormais au rang des secteurs clés, aux côtés de l’agriculture et de l’économie numérique.
L’école hôtelière de Kintélé prévoit déjà de doubler ses effectifs l’an prochain pour répondre à la demande. « Nos diplômés trouvent un emploi en moins de six mois », assure un formateur, persuadé que l’ouverture d’hôtels et d’agences spécialisées va s’accélérer.
Brazzaville mise sur le tourisme responsable
La Journée internationale du tourisme 2023 porte le thème « Investir pour un avenir vert ». Les organisateurs de la marche s’en sont inspirés : gourdes réutilisables distribuées, sensibilisation contre les déchets plastiques et incitation à privilégier les transports doux.
Cette approche responsable séduit. Alain, chauffeur de taxi, observe : « Si la ville est plus propre et animée, les visiteurs resteront plus longtemps, c’est bon pour tout le monde ». Un avis rejoint par plusieurs commerçants des artères traversées, satisfaits de la fréquentation accrue.
Rendez-vous est déjà pris pour la prochaine marche, annoncée en ouverture du salon de novembre. Les organisateurs espèrent doubler le nombre de participants et faire de Brazzaville une référence de tourisme urbain en Afrique centrale, alliant fierté patrimoniale et opportunités économiques.
Pour le directeur de cabinet du ministre du Tourisme, Lis Pascal Moussodji, présent sur la ligne d’arrivée, « ces initiatives citoyennes complètent l’action gouvernementale visant à améliorer les infrastructures d’accueil et la signalétique urbaine ». Il annonce de nouveaux panneaux interactifs avant fin 2024.
L’OPIT prévoit aussi une campagne digitale #BrazzaCityBreak, avec challenges TikTok et filtres Snapchat, pour continuer à faire vibrer l’intérêt bien après la marche. De quoi transformer chaque Congolais connecté en ambassadeur spontané de son quartier et attirer la curiosité de la diaspora à travers le monde entier.