Mariusca Moukengue sacrée au Global Unity Women International
Une nouvelle page s’ouvre pour la scène slam congolaise : Mariusca Moukengue vient de décrocher le prix Artistic Excellence and Social Engagement through Slam du Global Unity Women International, dont la remise officielle aura lieu du 12 au 14 décembre à Pointe-Noire.
La distinction, visant à célébrer les artistes féminines qui associent créativité et action citoyenne, confirme la place centrale que la jeune slameuse a conquise au sein d’une génération avide de récits authentiques et de modèles inspirants.
Entre engagement social, plume incisive et présence scénique, Moukengue incarne le visage moderne d’un Congo créatif, connecté et solidaire, fidèle à la devise qu’elle répète à ses abonnés : « vive le slam, vive la jeunesse, vive la culture, vive le Congo ».
Un palmarès déjà auréolé de distinctions
Le trophée Global Unity Women International s’ajoute à la médaille de chevalière de l’Ordre national du Mérite que le président Denis Sassou Nguesso lui a remise lors du 65ᵉ anniversaire de l’indépendance en août, preuve d’une reconnaissance institutionnelle rare pour une artiste de slam.
Cette suite de récompenses conforte la militante culturelle dans son ambition : faire du slam un outil d’éveil citoyen, capable d’accompagner les priorités nationales en matière d’éducation, d’égalité des chances et de rayonnement international.
Le slam, haut-parleur d’une jeunesse en mouvement
Né dans les cafés-théâtres américains, le slam a trouvé au Congo-Brazzaville un terreau fertile, porté par une jeunesse qui mixe vers libres, rythmes afro-rap et références locales pour parler chômage, banditisme ou environnement sans filtre.
Pour Moukengue, chaque scène devient « un micro de quartier » où les préoccupations quotidiennes se transforment en métaphores puissantes, capables d’« illuminer le monde même dans l’ombre », insiste-t-elle, reprenant une formule devenue virale sur TikTok.
Cette dynamique collective séduit également les institutions culturelles qui multiplient ateliers et résidences, preuve d’un écosystème où artistes, pouvoirs publics et partenaires privés avancent main dans la main pour professionnaliser le secteur.
Une plume féminine qui ose et fédère
À 27 ans, la slameuse revendique l’héritage de Michelle Obama et de la prophétesse Kimpa Vita pour encourager les jeunes femmes à occuper l’espace public, qu’il s’agisse des scènes, des écoles ou des entreprises.
Dans ses textes, elle aborde sans détour la dépravation des mœurs, l’atomisation financière de la jeunesse et la nécessité de redonner confiance à celles et ceux qui doutent, le tout porté par un flow qui oscille entre chant, chuchotement et spoken word.
Paris attend la ‘Slamide’ le 29 novembre
À peine la nouvelle tombée, l’artiste a lancé depuis Brazzaville un appel vibrant à sa communauté d’Île-de-France pour son premier concert parisien, prévu le 29 novembre à la 260 Music Factory, salle intimiste du 12ᵉ arrondissement.
« Viens te laisser traverser par la beauté, la vérité et l’émotion brute », écrit-elle sur Instagram, promettant de devenir « un poème vivant » durant une soirée pensée comme un pont artistique entre Paris et Brazzaville.
Cette étape européenne s’inscrit dans une tournée amorcée en 2021 qui l’a déjà menée à Abidjan, Kigali et Bruxelles, illustrant la mobilité croissante des talents congolais sur les scènes internationales.
Le slam congolais, ambassadeur culturel et économique
Au-delà du spectacle, le slam génère aujourd’hui des opportunités économiques : ateliers scolaires, campagnes de sensibilisation, partenariats avec les start-ups locales et, désormais, premiers circuits de billetterie numérique adaptés aux portefeuilles des étudiants.
Selon le producteur Hervé Makana, « chaque fois qu’un spectacle affiche complet, c’est une quinzaine de techniciens, graphistes et transporteurs qui travaillent », un écosystème capable de soutenir la politique nationale de diversification hors-pétrole.
La prochaine cérémonie de Pointe-Noire mettra donc en lumière une artiste mais aussi un secteur tout entier, promouvant l’image d’un Congo-Brazzaville créatif et résolument tourné vers l’avenir, en phase avec la jeunesse connectée du pays.
Agenda local et attentes du public
La tenue de la cérémonie à Pointe-Noire, capitale économique et carrefour culturel, coïncide avec les célébrations d’année-fin, période propice aux festivals et marchés de Noël qui attirent des milliers de visiteurs de Brazzaville, Dolisie et de la diaspora venus spécialement pour l’événement.
Les organisateurs annoncent une scénographie mêlant mapping vidéo, percussions et storytelling, afin de rendre hommage à la diversité féminine africaine ; un dispositif interactif permettra au public de voter en direct via smartphone pour la meilleure performance de la soirée et gagner des pass backstage.
Plusieurs start-ups congolaises spécialisées dans les NFT culturels profiteront de l’événement pour lancer des collections numériques inspirées des poèmes de Moukengue, une première qui pourrait ouvrir la voie à de nouvelles sources de revenus pour les créateurs locaux et artisans.
Perspectives après Pointe-Noire
Une fois le prix en main, l’artiste envisage de retourner dans les lycées de Brazzaville pour animer des ateliers d’écriture axés sur la cohésion sociale, avec l’appui du ministère de la Jeunesse et de la Fondation Hann’tic, son partenaire historique.
À moyen terme, un album conceptuel mélangeant slam, chœurs bantous et production afro-house est en préparation ; sa sortie, prévue pour le premier trimestre 2025, devrait consolider la position de Moukengue comme l’une des ambassadrices culturelles majeures du Congo.