Milie Théodora Miéré, une plume en mouvement
À trente et un ans, beaucoup terminent leurs études; Milie Théodora Miéré, elle, publiait déjà son premier essai. Deux décennies plus tard, la chercheuse franco-congolaise signe un nouvel opus très attendu par les passionnés de management et par la diaspora.
Professeure à l’Université de Versailles-Paris-Saclay, directrice de recherches et oratrice prisée, l’autrice incarne une génération de scientifiques qui placent la communication au cœur du développement. Son parcours inspire nombre de jeunes Congolais à viser l’excellence académique.
Un lancement calé sur une date emblématique
Le 14 août, veille de la fête nationale célébrant l’indépendance, n’a pas été choisi au hasard. Cette concordance rappelle que la culture d’entreprise peut, elle aussi, devenir un levier d’émancipation collective et de souveraineté économique.
En programmant sa sortie chez L’Harmattan, maison parisienne ouverte sur l’Afrique, l’édition souligne l’envergure internationale du projet. Les librairies de Brazzaville et Pointe-Noire annoncent déjà des pré-commandes, signe que le sujet touche le public local.
« Culture ou cultures d’entreprise », décryptage
L’essai revient sur l’effervescence des années 1980, lorsque la Silicon Valley et les groupes japonais imposaient leurs mythes managériaux. Miéré examine la façon dont ces récits ont influencé les organisations européennes, puis africaines, parfois sans égard pour les réalités socioculturelles.
Selon l’autrice, parler d’une unique culture interne est souvent réducteur. Elle préfère le pluriel, insistant sur les strates d’expériences, de valeurs et de pratiques qui coexistent dans une même société. Cette lecture nuance les slogans de transformation digitale répétés à la chaîne.
Elle écrit: « La culture d’entreprise, c’est d’abord une histoire de sens partagé ». Pour y parvenir, le livre suggère de dépasser la communication descendante et de se fonder sur des rituels collectifs, gages d’adhésion sincère des équipes.
L’ouvrage mêle études de cas, enquêtes de terrain et entretiens semi-directifs réalisés auprès d’une dizaine d’entreprises françaises et africaines. Ce matériau empirique alimente une réflexion nuancée, loin des manuels prescriptifs souvent produits par les cabinets de conseil.
Enjeux pour les jeunes actifs congolais
Au Congo, près de 60 % de la population a moins de trente-cinq ans. Cette majorité se retrouve déjà dans des PME, des startups fintech ou l’administration. Comprendre la dynamique culturelle pourrait faciliter l’onboarding, limiter le turnover et booster la créativité locale.
Armand Ndinga, entrepreneur dans l’agro-alimentaire, reconnaît « une résistance au changement dès que les process ne respectent pas les codes du quartier ». Pour lui, le plaidoyer de Miéré rappelle qu’un leadership attentif aux identités produit de meilleurs résultats opérationnels.
Les DRH des grandes industries extractives, pilier de l’économie nationale, suivent aussi ces questions. Plusieurs d’entre eux envisagent des ateliers de lecture partagée à l’occasion de la sortie, afin d’impliquer cadres confirmés et nouvelles recrues autour d’un vocabulaire commun.
Dans un pays où l’accès au très haut débit progresse, l’autrice voit dans les réseaux sociaux un amplificateur de culture partagée. Elle suggère de mobiliser des influenceurs internes pour diffuser les rituels, une approche déjà testée avec succès dans le e-commerce.
La recherche académique au service du business africain
Titulaire d’une habilitation à diriger des recherches, Miéré milite pour une science utile. Son laboratoire Larequoi multiplie les partenariats avec des incubateurs d’Abidjan, de Dakar et, récemment, de Brazzaville. Objectif affiché: transformer les résultats théoriques en outils stratégiques concrets.
Dans un article récent de la revue Management & Avenir, la chercheuse souligne qu’« une politique RSE puise sa crédibilité dans la cohérence entre discours et rituels internes ». Cette idée trouve un écho particulier chez les entreprises engagées dans la diversification post-pétrole.
Le livre n’élude pas la question de la gouvernance. Il propose un tableau d’indicateurs simples, allant du taux d’adhésion aux réunions informelles à la mesure de l’entraide inter-services, afin d’objectiver un concept parfois jugé intangible.
Perspectives et échos du monde professionnel
Dès septembre, un cycle de conférences hybrides devrait accompagner la diffusion de l’ouvrage. Les premiers intervenants annoncés proviennent de la Chambre de commerce et d’industries du Congo et de l’Agence nationale pour l’emploi des jeunes diplômés.
« Nous voulons offrir des passerelles entre la recherche et l’action », précise Marie-Claude Bemba, consultante en stratégie. Elle estime que le livre servira de base à des cas pratiques, utiles pour les formations continues et les masters professionnels.
De son côté, l’autrice promet une version audio avant la fin de l’année, répondant ainsi aux habitudes de lecture mobile plébiscitées par la génération connectée. Une adaptation en podcast, en partenariat avec une plateforme congolaise, est également dans les tuyaux.
À travers ce projet, Milie Théodora Miéré réaffirme que la connaissance partagée est un moteur de progrès. Le rendez-vous du 14 août s’annonce donc comme bien plus qu’un simple lancement: un moment d’échange pour façonner l’entreprise congolaise de demain.
Les premiers retours critiques, attendus dans les pages culture de plusieurs hebdomadaires africains, serviront de baromètre. Si l’accueil est chaleureux, un tirage spécial pour la rentrée universitaire pourrait suivre, renforçant le pont entre recherche et formation continue.
