Dernière ligne droite avant le Niger
Le compte à rebours affiche moins de vingt-quatre heures avant Congo–Niger, affiche des éliminatoires du Mondial 2026. La rencontre doit finalement se disputer à Ouagadougou, terrain neutre imposé par la FIFA après le déclassement temporaire des stades nigériens.
Pourtant, ce lundi soir, une scène digne d’une répétition générale inachevée se joue encore à l’aéroport de Maya-Maya : les Diables Rouges ne décollent pas, faute de consignes claires et de billets confirmés. Les valises sont prêtes, les maillots soigneusement pliés, mais le tarmac reste vide.
Un voyage qui déraille
Selon plusieurs sources proches du vestiaire, seulement cinq internationaux ont répondu à la convocation et attendent toujours l’heure de rassemblement. Les autres, restés chez eux ou dans leurs clubs respectifs, ne savent pas s’ils doivent passer par Paris, Abidjan ou directement Libreville avant Ouagadougou.
Sport News Africa a dévoilé les dessous de cette attente interminable : ni hébergement ni prise en charge n’ont été réservés pour les joueurs déjà sur place. Le staff médical, lui aussi cloué au sol, tente de rassurer les plus jeunes par messages vocaux interposés.
Responsabilités partagées
Dans un bref communiqué, la Fédération congolaise de football a rappelé qu’elle avait transmis un plan de vol dès vendredi. Le ministère des Sports insiste, de son côté, sur « la nécessité de procédures budgétaires respectées ». Chacun jure avoir fait sa part, laissant les supporters perplexes.
Interrogé par téléphone, un cadre de la sélection dédramatise : « Nous connaissons ces imprévus, mais nous restons concentrés sur le terrain. » Un autre répond avec humour : « Si l’on arrive en courant, on sera déjà échauffés. » La tension côtoie le fatalisme.
Enjeux sportifs et classement
Sportivement, le Congo est déjà hors course pour la première place qualificative. Toutefois, chaque point grappillé compte pour le classement FIFA et pour la confiance d’un groupe en reconstruction. Le sélectionneur espérait profiter de ce déplacement pour intégrer plusieurs talents issus du championnat domestique.
Au-delà de la feuille de match, l’épisode rappelle le forfait concédé pendant la phase aller face à ce même Niger. Sanction : trois points attribués sur tapis vert. Un nouveau retard aurait des conséquences similaires, réduisant le groupe à un simple rôle de sparring-partner.
Réglementation FIFA et risques
La FIFA impose en effet l’arrivée des délégations au moins vingt heures avant le coup d’envoi, certificat médical et passeport biométrique à l’appui. Toute équipe non présente à la première réunion technique encourt une défaite administrative. Le chronomètre tourne, et l’agence de voyages mandatée attend toujours son ordre de mission.
Le rôle des supporters
Sur les réseaux, l’hashtag #OnVeutLeMatch s’est hissé dans les tendances congolaises. Entre GIF moqueurs et montages de passeports, les internautes jonglent entre ironie et soutien. Certains proposent même de « fretter un avion cargo » pour embarquer joueurs, ballons et marmites de foufou.
Dans les rues de Poto-Poto, le vendeur de maïs Kodi Amisi garde espoir : « Les Diables Rouges nous ont déjà surpris, ils peuvent encore le faire. » À Makélékélé, Amina, étudiante, préfère relativiser : « Au pire, on regardera Cameroun-Algérie, ça reste du foot africain. »
Tension et mental
Sur le plan mental, le psychologue de la sélection, Hugo Bangang, souligne l’importance de « transformer l’adversité en motivation ». Il a prévu une séance audio de cohésion par visioconférence si le groupe reste séparé. L’objectif est d’éviter la résignation observée lors de précédentes campagnes.
Le sélectionneur, de son côté, maintient le cap tactique initial : un 4-3-3 offensif misant sur la vitesse de Prince Ibara. Encore faut-il que l’avant-centre, actuellement en escale à Casablanca, reçoive son billet de continuation avant la fermeture des comptoirs.
Adversaire et contexte
Du côté nigérien, la délégation est arrivée dimanche à Ouagadougou et vient d’effectuer sa dernière mise au vert. Le sélectionneur Harouna Doula a déclaré aux médias locaux qu’il « se concentre sur le jeu, quel que soit l’adversaire ». Une façon polie d’entretenir le suspense.
Mémoire d’une sélection résiliente
Plusieurs observateurs rappellent que le football congolais s’est souvent réveillé dans l’adversité. La qualification historique pour la CAN 2015 était passée par un recrutement express et un stage improvisé à Pointe-Noire. Ce précédent nourrit l’optimisme de certains, même si la logistique actuelle paraît encore plus complexe.
Itinéraire possible et calendrier
Dans l’immédiat, le staff espère embarquer sur le vol régulier de 3 h 15 pour Lomé, puis une correspondance vers Ouagadougou. Si tout s’aligne, l’équipe arriverait juste à temps pour la reconnaissance de la pelouse, séance obligatoire avant chaque match officiel.
Quoi qu’il advienne, les Diables Rouges devront rejouer trois jours plus tard face à la Zambie. Un calendrier serré qui pourrait se transformer en véritable marathon si les vols retour subissent des ajustements de dernière minute, fréquents sur la zone Afrique centrale.
Dernières attentes
Le public espère donc une issue heureuse pour préserver l’image et le moral de la sélection. À défaut de miracle organisationnel, un sursaut d’orgueil sur le terrain suffirait déjà à raviver la flamme rouge et or qui unit Brazzaville, Pointe-Noire et la diaspora.