Casablanca accueille l’élite mondiale du nanbudo
Casablanca vibrait fin septembre au rythme des kiais et des saluts rituels. La ville marocaine a réuni, les 27 et 28 septembre, 140 combattants issus de vingt nations pour la 7ᵉ édition du Championnat du monde de nanbudo.
Sur les tatamis colorés du complexe sportif de la métropole, chaque confrontation était un condensé de technique, de souplesse et de stratégie. Les représentants congolais, malgré un voyage préparé dans la hâte, ont attiré les regards dès leur première entrée en lice.
Sibail Charlemane Ndzon, vice-champion dans les -65 kg
À seulement 65 kg, Sibail Charlemane Ndzon a déployé un mélange explosif de précision et de maîtrise qui lui a permis d’éliminer des adversaires venus de Russie, de France puis d’Inde avant de s’incliner d’un souffle en finale, décrochant l’argent mondial.
Le titre de vice-champion est une première pour le jeune Brazzavillois. « Je voulais montrer que la discipline progresse au Congo », a-t-il confié, encore essoufflé, sous les applaudissements d’un public conquis par son aisance à enchaîner coups de poing circulaires et balayages.
La médaille de bronze de Mavy Edoumoue Ndengue
Dans la catégorie supérieure, les -70 kg, Mavy Edoumoue Ndengue a bataillé jusqu’au dernier ippon pour arracher le bronze ex æquo. Son sens du timing lui a notamment permis de neutraliser l’Allemand en quart puis de pousser en prolongation un expérimenté compétiteur turc.
« Nous sommes entrés sur l’aire de combat avec la rage de représenter notre drapeau », a résumé le combattant, sourire timide mais regard sûr. Sa médaille confirme la densité de la relève congolaise déjà remarquée lors des derniers Jeux de la Francophonie.
Un encadrement technique applaudi
L’infatigable coach international Brunel Bouap Poundjoll n’est pas reparti les mains vides. La fédération marocaine lui a remis une médaille d’honneur saluant son travail patient pour structurer le nanbudo au Congo et son rôle de chef d’orchestre lors de la préparation express.
« Nos athlètes ne doutent jamais du soutien des autorités sportives », a-t-il rappelé, citant l’appui logistique du ministère congolais des Sports et la pension complète offerte par l’International Nanbudo Federation. Un cocktail d’aide publique et privée crucial pour concrétiser ces performances.
Une compétition aux couleurs du monde
Marocains, Russes, Néerlandais, Bangladais, Italiens ou Suisses : la diversité des drapeaux a donné au tournoi des allures de mini-Festival des arts martiaux. Les délégations africaines, fortes d’une cohésion palpable, ont rivalisé d’encouragements, créant une atmosphère aussi vibrante qu’aux grandes compétitions olympiques.
Autour des tatamis, les échanges de badges et de contacts étaient aussi intenses que les combats. Des stages communs s’esquissent déjà entre la Côte d’Ivoire, le Cameroun et le Congo, preuve d’un réseau continental en pleine construction.
Le nanbudo, philosophie d’équilibre
Né dans les années 1970 sous l’impulsion du Japonais Yoshinao Nanbu, le nanbudo mêle rigueur du karaté et fluidité des arts internes. Son approche circulaire favorise la souplesse articulaire, tandis que ses katas respiratoires promettent relâchement mental et renforcement de la force intérieure.
Au Congo, la discipline séduit les écoles de self-défense pour son ancrage non violent et son souci d’harmoniser corps et esprit. Les clubs de Brazzaville et Pointe-Noire accueillent un public jeune, attiré par le mélange d’efficacité sportive et de bien-être.
La jeunesse congolaise sur la scène internationale
Les médailles de Casablanca s’ajoutent aux succès récents en savate, judo et karaté, confirmant un dynamisme sportif porté par une jeunesse connectée et ambitieuse. Chaque victoire devient un sujet viral sur TikTok ou WhatsApp, donnant aux athlètes l’aura de véritables influenceurs positifs.
Pour Sibail et Mavy, l’après-podium passe déjà par un partage d’expérience dans les lycées de la capitale. « Nous voulons motiver les élèves à chausser les protections plutôt que de rester rivés aux écrans », avancent-ils, convaincus du rôle social du sport de combat.
Perspectives et soutien institutionnel
La Fédération congolaise de savate boxe française, shoot boxe et disciplines associées prépare déjà le calendrier 2024, avec en ligne de mire la Coupe d’Afrique de Yaoundé. Un stage national de détection devrait se tenir dès janvier pour élargir la base des athlètes.
Grâce aux remerciements unanimes adressés au président Arnaud Nkamhoua et au Comité marocain, la délégation veut pérenniser ces partenariats. Le ministère des Sports, salué pour la promotion de la discipline, envisage d’appuyer de nouveaux programmes de formation dans le Pool et les Plateaux.
Ambiance digitale et fierté nationale
Tout au long du tournoi, les stories Instagram des combattants ont cumulé des milliers de vues, relayées par de célèbres influenceurs congolais. Les emojis drapeaux vert-jaune-rouge ont envahi les commentaires, transformant chaque coup porté en moment de communion virtuelle pour la diaspora.
De retour à Brazzaville, les vice-champions promettent une démonstration publique sur la place de la République. L’objectif est simple : permettre aux jeunes de tester un art martial encore méconnu et, pourquoi pas, de repérer la prochaine pépite qui fera rayonner le Congo.