Départ tonitruant des nationaux de basket 2025
Sous le toit résonnant du gymnase Maxime-Matsima, dimanche 7 août, le premier rebond officiel a lancé les championnats nationaux 2025, premier grand rendez-vous sous la présidence de Fabrice Makaya Matève. L’affluence record a confirmé l’engouement grandissant du public brazzavillois pour la balle orange.
Quarante-neuf équipes, des cadets aux seniors dames, s’affronteront jusqu’au 24 août pour succéder aux lauréats de 2024. Au-delà de la quête de trophées, chaque formation profite d’un plateau médiatique national rare, vitrine rêvée pour attirer sponsors et recruteurs.
Fusion sport et culture en ouverture
La cérémonie d’ouverture, présidée par le directeur général des Sports Jean Robert Bindélé, a mêlé chorégraphies traditionnelles, rythmes urbains et déferlantes de drapeaux des clubs venus de tout le pays. Self Kezama puis Diesel Gucci ont électrisé les tribunes déjà chauffées par les majorettes de Makélékélé.
Cette alchimie artistique illustre un choix assumé des organisateurs : faire du tournoi une fête populaire, reflet de la pluralité culturelle congolaise. « Nous voulons montrer que le basket n’est pas isolé, il dialogue avec la danse, la musique et l’art », a résumé Makaya Matève.
L’impact d’une nouvelle gouvernance
Élu en janvier, le président de la FECOKET s’est fixé pour priorité la structuration des compétitions et la transparence. Sa première mesure a été de mutualiser les ressources logistiques des clubs pour alléger leurs coûts de déplacement, saluée par plusieurs dirigeants de provinces distantes.
Pour la jeunesse, cet engagement se traduit déjà par un système de licences dématérialisées permettant l’inscription depuis un smartphone et diminuant les files d’attente. « Nous passons d’une gestion papier à une base de données sécurisée », note la responsable technique, Colette Mouanda.
Des enjeux sportifs majeurs
Sur le parquet, la rivalité Pointe-Noire–Brazzaville demeure le moteur. Les Aigles de Diata et InterClub, finalistes l’an passé, ouvrent la série des affiches attendues. Les observateurs scrutent également l’éclosion de la jeune pivot Christelle Liambila, 17 ans, déjà internationale U18.
Chez les hommes, l’arrivée du meneur Pierre Ngatsé, revenu de Montpellier, attise les attentes autour de l’AS Cheminots. Le technicien français David Gautier, consultant invité, estime que « le niveau athlétique progresse, mais le défi reste la régularité des entraînements collectifs ».
Dimension sociale et économique
Les championnats génèrent aussi une activité commerciale non négligeable autour du gymnase : vendeurs de boissons locales, tailleurs de maillots personnalisés et chauffeurs de taxi voient leurs revenus augmenter. La Chambre de commerce anticipe jusqu’à 15 % de chiffre d’affaires supplémentaire dans le quartier.
Le Comité national olympique souligne que cet écosystème contribue à la relance post-COVID du secteur événementiel et s’accorde avec la stratégie gouvernementale de diversification économique. Les partenariats signés avec deux entreprises agro-alimentaires devraient sécuriser le financement de l’édition 2026.
Formation et héritage
Pendant les trois semaines de compétition, des ateliers seront organisés le matin dans plusieurs écoles de Makélékélé pour initier les plus jeunes. Selon le coordonnateur du programme, Jonas Mabiala, « ces sessions gratuites visent à créer un vivier national sur le long terme ».
La fédération a, par ailleurs, obtenu l’appui d’experts sanitaires pour sensibiliser les participants sur la nutrition sportive et la lutte contre les addictions. Des stands proposent eaux vitaminées locales et fiches repas adaptées au climat équatorial, un service salué par l’internationale Diane Mouandza.
Voix des supporters
Dans les gradins, l’ambiance rappelle les grands soirs de football. Vuvuzelas, tam-tam et slogans rivalisent. « Venir au basket, c’est revendiquer notre style », confie Yvon, 23 ans, étudiant en communication, drapé d’un drapeau vert vif, couleurs de son club Bosco Stars.
Les réseaux sociaux s’animent sous le mot-dièse #NationalsHoopsCG. Plus de 12 000 publications ont été comptabilisées la première soirée, selon une société locale de veille numérique. L’enjeu est crucial : capter une génération connectée et amplifier la visibilité des athlètes au-delà des frontières.
Prochaines étapes
Le calendrier prévoit vingt-deux rencontres en phase de poules, puis des playoffs en format aller-retour. Les finales auront lieu le 24 août à 18 h, retransmises en direct sur Télé Congo et sur la plateforme streaming Afrique Sport, accessible gratuitement pendant l’événement.
À l’issue du tournoi, un comité technique dressera un rapport détaillé sur les performances, la fréquentation et les retombées économiques. Les conclusions orienteront la candidature congolaise aux qualifications africaines de 2026, objectif affiché par le ministère des Sports et la fédération.
Un engouement à faire fructifier
Si le basket brazzavillois rayonne ces soirs d’août, son véritable succès se mesurera à la capacité des acteurs à pérenniser structures et finances. Les jeunes espèrent que cette édition donnera un élan durable, afin qu’un jour, des stars formées ici brillent en Ligue africaine.
En parallèle, un programme de bourses universitaires est envisagé pour les MVP masculins et féminins, financé par un consortium bancaire local. L’idée est d’éviter l’exil prématuré des plus prometteurs tout en leur garantissant un cursus académique solide, aligné sur leurs carrières sportives.
