Signature officielle à Kinshasa
La signature s’est faite discrètement dans un bureau du stade des Martyrs, à Gombe, mais la nouvelle a immédiatement inondé WhatsApp et Twitter : Barthelemy Ngatsono devient, pour un an, l’entraîneur principal de l’AS Vita-Club de Kinshasa.
Le technicien brazzavillois, 69 ans, arrive avec sa licence A CAF en poche et un accent chantant qui rappelle le fleuve. Devant la presse kinoise, il promet « travail, discipline et passion » pour faire vibrer le stade au vert-noir.
Un palmarès brazzavillois hors norme
Ancien capitaine des Diables Rouges, Ngatsono totalise 170 sélections et autant d’anecdotes. Avec l’Étoile du Congo, il a soulevé plus d’une douzaine de trophées nationaux, dont le fameux triplé championnat-coupe-coupe de la ville en 2006.
Son parcours d’entraîneur commence en 1993 avec Libota, se muscle à l’AS Police, puis explose à Patronage et revient en feu à l’Étoile. Entre deux bancs, il décroche un diplôme international d’élite à Lausanne, preuve que le savoir-faire congolais voyage bien.
Priorité : reconquérir le titre national
Vita-Club sort d’une saison frustrante, coincé hors des places africaines. Dans les rues de Matonge, les supporters commentent encore les ratés offensifs. La direction espère que Ngatsono, surnommé « le Prof », rendra au club son efficacité légendaire.
Objectif numéro un : récupérer le titre de Linafoot face au Tout Puissant Mazembe et au DCMP. Le coach veut poser un pressing haut, proche du style brésilien qu’il a observé lors de stages à Rio, et s’appuie sur une préparation physique plus scientifique.
Cap sur la Ligue des champions africaine
Au-delà du championnat, la Ligue des champions de la CAF reste le graal. « Kinshasa mérite de danser les soirs de grands matches », lance Ngatsono, regard pétillant. Il rêve d’un parcours à la Raja Casablanca 1989, histoire d’écrire son chapitre continental.
Pour y parvenir, il comptera sur un noyau jeune mené par Glody Lilepo et l’expérience de Ricky Tulenge. Des recrues ciblées, notamment un gardien ghanéen et un avant-centre ivoirien, sont annoncées pour compenser les départs post-mercato.
Une méthode high-tech et culturelle
Au centre d’entraînement de Kinkole, les séances débutent à 6 h 30 avec des tests GPS et des drones filmant les placements. Ce mélange de high-tech et de rituels africains — prière collective et tambours — illustre la méthode Ngatsono : rigoureuse mais profondément culturelle.
Formé à Lausanne et major de promotion CAF en 2015, il prône une pédagogie participative. Les joueurs reçoivent des clips TikTok stratégiques la veille des rencontres. « Les jeunes ont le pouce plus rapide que la plume », sourit-il, persuadé que la tactique passe aussi par le mobile.
Buzz instantané sur les réseaux
Sur Facebook, la page officielle de Vita-Club a gagné vingt mille abonnés en vingt-quatre heures après l’annonce. Des mèmes comparant Ngatsono à Arsène Wenger circulent déjà. Le coach y voit une source d’énergie : « L’amour du public, c’est un but marqué avant le coup d’envoi ».
Dans les gradins, les Kinois scandent déjà « Baato! » en référence à son prénom. Les vendeurs de maillots impriment sa silhouette aux abords du marché Zigida. L’engouement commercial pourrait injecter des recettes conséquentes, bienvenues pour un club en quête de stabilité financière.
Un pont sportif entre les deux Congo
Ancien coéquipier, le milieu Paul Moukila estime que « Ngatsono sait parler aux joueurs comme un grand frère ». Pour l’ex-international, sa nomination resserre le lien historique entre les deux rives du fleuve Congo, souvent rivales mais toujours unies par le football.
Le président de la FECOFOOT, Jean Guy Blaise Mayolas, y voit « une vitrine brillante pour le savoir-faire brazzavillois ». Côté RDC, la LINAFOOT salue « un recrutement ambitieux ». Rare consensus qui laisse espérer un derby Congo-River Cup disputé mais fraternel.
Pour les jeunes entraîneurs locaux, le parcours de Ngatsono montre qu’un cursus méthodique et des stages à l’étranger ouvrent des portes. Les académies de Brazzaville prévoient déjà d’inviter le technicien pour des masterclass, signe d’une émulation que même la rivière ne peut arrêter.
Calendrier et premières échéances
En attendant le coup d’envoi officiel, la capitale congolaise respire un air de derby permanent. Si Ngatsono parvient à ramener Vita-Club au sommet, son histoire pourrait inspirer toute une génération de footballeurs des deux Congo, confirmant que le talent n’a pas de rive.
Le calendrier s’annonce corsé : Super Coupe du Congo début novembre, déplacement à Lubumbashi ensuite. Le staff a planifié une mini-préparation à Pointe-Noire pour profiter de la douceur maritime et souder le groupe loin du tumulte kino-samba.
Les analystes sportifs rappellent toutefois que la patience reste capitale. « Un projet de jeu mature prend au moins six mois », glisse le consultant Robert Kiyika sur RFI. La direction de Vita-Club dit lui avoir laissé des clauses de prolongation si les objectifs intermédiaires sont atteints.
Fans et curieux attendent désormais la première conférence de presse officielle du coach, promise sur YouTube en direct, preuve qu’à 69 ans il sait se mettre au diapason des usages numériques qui font vibrer la jeunesse congolaise et toute la diaspora branchée sur les réseaux.
