Une nouvelle ère pour le volley camerounais
Quand le soleil se lève sur le quartier d’Odza, au sud-est de Yaoundé, on entend désormais autre chose que le bruit des motos-taxis. Sur le terrain sableux du lycée, le claquement régulier du ballon de volley fait tourner les têtes.
Cette effervescence découle du lancement officiel de la section volley-ball de l’Académie Olympique de Meyo, imaginée par le promoteur congolais d’origine camerounaise Boris Messi Edgard Nga Mvondo, plus connu dans la sphère sportive sous le nom de « coach Boris ».
Objectif assumé : placer la ville de Yaoundé sur la carte mondiale du volley et, à moyen terme, alimenter les sélections nationales camerounaises dans toutes les catégories, des cadettes aux seniors, hommes comme femmes.
Un staff expérimenté à la baguette
Pour transformer l’ambition en talent, l’académie s’est attaché les services de la technicienne Madeleine Bilon Edima, forte de quinze ans de banc et de dix campagnes africaines avec l’Institut national de la jeunesse et des sports où elle a atteint deux fois le dernier carré continental.
À ses côtés, l’adjoint Jean André Parfait Boumtje, ancien passeur réputé pour sa lecture de jeu, peaufinera la formation technique des jeunes pousses et veillera au suivi scolaire, dimension indispensable pour convaincre les parents d’inscrire leurs enfants.
« Le volley n’est pas qu’une histoire de smash, c’est aussi la rigueur et la discipline », rappelle-t-il, sourire vissé au visage, lors de la première séance ouverte à la presse.
Des ambitions sportives et scolaires élevées
L’Académie Olympique de Meyo n’en est pas à son coup d’essai ; elle pilote déjà des sections football et basketball qui ont sorti plusieurs espoirs repérés par des clubs de première division au Cameroun et en Afrique centrale.
Pour le volet volley, la structure vise un effectif de soixante-dix élèves d’ici la fin de l’année scolaire, répartis en trois catégories d’âge afin de garantir un encadrement adapté aux capacités physiques et psychologiques de chacun.
Les entraînements se déroulent sur le terrain du lycée d’Odza, fraîchement tracé aux normes de la Fédération internationale, avec poteaux mobiles, système de filet réglable et ballons Mikasa flambant neufs, fournis par un partenariat avec la représentation locale du Comité national olympique.
Les lycéens d’Odza déjà conquis
À la récréation, Mireille, 15 ans, troque déjà son sac à dos contre des genouillères flambant neuves. « Je n’avais jamais touché de ballon de volley, confie-t-elle, mais j’ai vu les vidéos des Jeux olympiques sur TikTok et j’ai envie de sauter aussi haut. »
Son camarade Lionel, passionné de basketball, observe l’échauffement depuis les gradins de fortune avant de s’approcher. « Le foot et le basket saturent, ici on peut vite briller », glisse celui qui espère rejoindre le centre pour améliorer ses réflexes en réception.
La direction du lycée voit d’un bon œil cette effusion d’énergie positive. Le proviseur, Mme Béatrice Emane, insiste sur le volet académique : « Nous recevons des filets mais aussi des cahiers supplémentaires. Les absences non justifiées seront sanctionnées, sport et études marchent ensemble. »
Un impact régional attendu
En dehors de la capitale camerounaise, plusieurs collèges de Douala et de Bafia ont déjà contacté l’Académie Olympique de Meyo pour imiter l’initiative, confirmant l’effet boule de neige qu’espéraient ses responsables.
Le ministère camerounais des Sports suit le dossier de près. Un conseiller, préférant garder l’anonymat, évoque « un projet pilote appelé à inspirer d’autres disciplines ». Des pourparlers porteraient sur un label officiel qui faciliterait l’accès futur aux infrastructures olympiques.
À Brazzaville, siège de nombreux tournois de jeunes, la fédération congolaise observe également avec intérêt. Des sources internes indiquent que des échanges techniques pourraient être envisagés, une perspective qui renforcerait la dynamique sportive en Afrique centrale sans esprit de concurrence malsaine.
Pour financer la logistique, l’académie mise sur un modèle hybride : frais de scolarité modérés, sponsoring d’entreprises locales et vente de merchandising aux couleurs vert et or de Meyo. « Notre sweat est devenu tendance sur Instagram », plaisante la responsable communication, Aude Nomo.
Déjà, les six premiers mois seront scrutés : nombre d’inscriptions, résultats scolaires, progression athlétique et participation à la Coupe régionale U17 prévue en juillet prochain serviront de baromètre. Un rendez-vous que les volleyeurs d’Odza cochent déjà en rouge sur le calendrier.
Santé et citoyenneté au centre du projet
Au-delà du terrain, le programme inclut des ateliers nutritionnels dirigés par des étudiants en médecine de l’Université de Yaoundé I. Ils enseignent l’importance des protéines locales, du manioc aux chenilles, pour reconstruire les fibres musculaires après l’effort tout en valorisant les habitudes alimentaires régionales.
Les initiateurs comptent également mettre l’accent sur la citoyenneté sportive : nettoyage mensuel du quartier, plantation d’arbres autour du lycée et séances de sensibilisation à la protection des filets contre le vol, un fléau courant qui décourage souvent les projets communautaires.
Cap sur un camp binational inédit
Si le pari est remporté, l’Académie Olympique de Meyo espère organiser, dès l’an prochain, un camp binational avec un club de Pointe-Noire. De quoi rapprocher encore un peu plus la jeunesse congolaise et camerounaise autour d’un filet plutôt que d’une frontière.
