L’hôpital 31-juillet, mémoire vivante du Nord congolais
Niché sur les rives verdoyantes de la Cuvette, l’hôpital général 31-juillet d’Owando n’est pas qu’un ensemble de bâtiments aux murs patinés par le temps ; il constitue un jalon historique de la coopération sino-congolaise des années 1970 et la première grande infrastructure sanitaire érigée au nord du pays. À l’heure où l’établissement s’apprête à souffler ses cinquante bougies, son plateau technique, déjà robuste, s’apprête à connaître une nouvelle effervescence. Les célébrations prévues entendent conjuguer devoir de mémoire et projection vers l’avenir, dans un contexte régional où les indicateurs de santé publique exigent un renouvellement constant des stratégies.
Une opération sanitaire d’envergure nationale
Du 23 juillet au 2 août 2025, l’hôpital se muera en véritable carrefour thérapeutique. Baptisée « Opération coup de poing santé », la campagne de soins gratuits est le fruit d’une alliance entre la Dynamique Owando Pluriel, conduite par le député Joël Abel Owassa, et le ministère de la Santé et de la Population. Dix-huit spécialistes venus de France, de Brazzaville, de Pointe-Noire et d’autres centres hospitaliers du pays prêteront leur expertise afin d’offrir des consultations, des actes de réadaptation et, fait notable pour la région, des interventions chirurgicales endoscopiques. Les organisateurs tablent sur une file active de cinq à dix patients opérés chaque jour, tout en maintenant un suivi post-opératoire assuré localement.
Un laboratoire grandeur nature pour la relève médicale
Au-delà de l’accès gratuit aux soins, l’initiative se veut un tremplin pédagogique pour la jeune génération de praticiens congolais fraîchement diplômés de Cuba. « Mettre en situation réelle leurs acquis théoriques constitue la meilleure des validations », confie Joël Abel Owassa, soulignant la nécessité de rapprocher la formation de terrain des réalités sanitaires nationales. Les internes et médecins généralistes du cru pourront, aux côtés des chirurgiens invités, manipuler des endoscopes de dernière génération et se familiariser avec des protocoles de stérilisation répondant aux standards internationaux. Cette immersion pratique répond également à la volonté gouvernementale d’irriguer l’ensemble du territoire de compétences médicales autonomes, afin de soulager les structures de Brazzaville et Pointe-Noire souvent saturées.
Un révélateur socio-économique pour la jeunesse locale
Le volet sanitaire de l’opération ne saurait occulter ses prolongements sociaux. La Dynamique Owando Pluriel, déjà à l’origine de la formation de 347 jeunes dans divers corps de métiers, affiche un taux d’insertion avoisinant les 70 %. Cette statistique, loin d’être anodine, illustre la complémentarité entre santé publique et employabilité. En mobilisant des volontaires pour la logistique, la communication ou la maintenance biomédicale, la campagne dresse un pont tangible entre savoir-faire et employabilité. La récente levée de fonds qui a permis de réunir plus de 13 millions de FCFA atteste, elle aussi, de la confiance des acteurs économiques locaux, convaincus de l’effet d’entraînement qu’une telle mobilisation peut produire sur l’écosystème entrepreneurial d’Owando.
Des défis sanitaires à relever, des opportunités à saisir
Les études épidémiologiques menées par le comité préparatoire du cinquantenaire rappellent néanmoins l’ampleur des chantiers à mener : 44 % des habitants de la Cuvette âgés de 40 à 70 ans souffriraient de diabète sucré, tandis que plus de la moitié présenterait une hypertension artérielle, pathologies dont le contrôle conditionne la soutenabilité du système de soins. Pour le Dr Alexis Elira Dokekias, secrétaire technique du comité, l’enjeu est double. D’une part, capter entre cinq cents et mille patients afin de dépister, traiter et éduquer. D’autre part, inciter le personnel médical à exploiter pleinement le plateau technique disponible à l’intérieur du pays, limitant ainsi les évacuations coûteuses vers la capitale.
Une expérience pilote appelée à essaimer
L’enthousiasme suscité par l’opération dépasse les frontières départementales. Le chef de l’État, informé des résultats attendus, voit dans ce modèle un prototype qu’il serait possible de répliquer dans d’autres départements. Si l’expérience owandienne s’avère concluante, elle pourrait ouvrir la voie à une série de campagnes itinérantes couplant dépistage massif, renforcement des capacités et insertion professionnelle. Pareille perspective, adossée aux ambitions du Plan national de développement sanitaire, renforce l’idée qu’une politique de santé proactive, combinée à la valorisation des ressources humaines locales, peut générer un cercle vertueux au bénéfice de la population jeune, majoritaire dans le pays. Ainsi, Owando pourrait demain incarner le laboratoire à ciel ouvert d’une politique sanitaire résolument tournée vers l’inclusion et la solidarité.