Journée internationale de la paix 2023
Dans les couloirs des campus de Brazzaville comme sur les stories Instagram, un même mot d’ordre circule : transformer la créativité en arme pacifique. À l’approche du 21 septembre, l’Organisation des Nations Unies encourage la jeunesse à imaginer un avenir débarrassé des conflits, crayons et smartphones en main.
La Journée internationale de la paix, instituée en 1981, rappelle chaque année qu’aucune région n’est condamnée à la violence. Pour l’édition 2023, le thème « Agissons pour un monde pacifique » sonne comme une invitation directe à celles et ceux nés avec Wi-Fi et playlists en poche.
L’appel créatif de l’ONU
« La paix est l’affaire de tous », martèle l’ONU, soulignant que chaque like, chaque freestyle ou exposition peut créer un espace de dialogue. L’organisation mise sur l’éducation, la sensibilisation, la vérification des faits et, surtout, la créativité pour désamorcer les discours de haine en ligne.
Talents urbains congolais à l’œuvre
À Brazzaville, l’appel résonne particulièrement dans un contexte où la culture urbaine gagne du terrain. Slameurs, graffeurs et vidéastes multiplient déjà les scènes ouvertes. « Nos micros servent de ponts », confie Elie Kamone, 24 ans, habitué des open mic de Poto-Poto, conquis par l’initiative.
Dans les lycées de Pointe-Noire, les délégués de classe préparent des « minutes de paix » à diffuser durant la récréation. L’idée : un poème rap ou une saynète sur la tolérance, enregistré sur smartphone puis partagé en Bluetooth, afin que le message voyage sans frais ni frontières.
Créativité numérique contre les fake news
La vérification des informations figure aussi au programme. Dans un pays où les fake news circulent plus vite qu’un zébu en plein marché, de jeunes codeurs congolais testent des bots WhatsApp capables de rediriger les utilisateurs vers des sources officielles avant partage, réduisant ainsi la propagation de rumeurs anxiogènes.
Médiation version scolaire et Casques bleus
Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a récemment salué « l’énergie pacifique de la génération Z africaine ». Selon lui, l’Afrique centrale dispose d’un capital humain exceptionnel pour « inonder les réseaux sociaux de contenu positif ». Un compliment repris en boucle dans les groupes Telegram étudiants de l’Université Marien Ngouabi.
Autre acteur clé : les Casques bleus. Présents dans plusieurs opérations régionales, ils inspirent des clubs scolaires baptisés « Peace Keepers juniors ». Ces clubs organisent des simulations de médiation, apprenant aux élèves à négocier un malentendu de couloir comme on désamorcerait une crise frontalière, micro à la main au lieu du bouclier.
Art public soutenu par les institutions
Le ministère de la Jeunesse et de l’Éducation civique soutient l’effort par des ateliers labellisés « Art et Paix ». Ces sessions, cofinancées par le PNUD, forment des mentors en peinture murale à Bacongo et en vidéographie participative à Talangaï. L’objectif est de transformer les murs gris en messages de cohésion.
Challenges viraux et influenceurs
Parallèlement, plusieurs influenceurs TikTok, à l’image de Mimie Metsi, lancent des challenges utilisant le hashtag #CongoPeaceVibes. Le concept : poster une chorégraphie ou un playback traduisant en langue locale un proverbe sur l’entente. Les vidéos dépassent souvent 100 000 vues, prouvant que le divertissement peut rimer avec engagement citoyen.
Street concerts et sécurité partagée
Au-delà du numérique, des maraudes culturelles sont prévues le soir du 21 septembre. De jeunes musiciens déambuleront dans les rues de Moungali avec djembés et guitares acoustiques, s’arrêtant devant les échoppes pour jouer des compositions appelant au vivre-ensemble. Les commerçants promettent de couper les enceintes : « La paix mérite le silence ».
Les organisateurs insistent toutefois sur la sécurité. Un comité de veille, composé d’ONG locales, conseillera des parcours éclairés et distribuera des bracelets réfléchissants. « On veut une manifestation familialement safe », assure Grâce Bampou, coordinatrice du collectif Yiri, persuadée que protéger les participants revient déjà à poser une brique supplémentaire de concorde.
Médias et débats culturels
Du côté des médias, Radio Mucodec prévoit une émission spéciale réunissant un diplomate onusien, une star du ndombolo et un analyste politique. Le plateau veut montrer que la paix n’est pas qu’affaire de traités : elle se danse, se rappe, se débat, se rêve, puis se construit phrase après phrase.
Ateliers et projections participatives
Comment participer ? À Brazzaville, le siège local de l’ONU ouvrira ses portes le 20 septembre pour un atelier de design thinking gratuit. Les inscriptions en ligne sont déjà complètes, mais un live Facebook permettra de suivre les pitchs d’équipes qui imagineront affiches, podcasts ou jeux mobiles dédiés à l’entente.
À Pointe-Noire, la Maison de la Culture annonce une projection du film « Salut Cousin », suivie d’un débat sur l’importance d’écouter les voix marginalisées. Le directeur, Prosper Ntoumi, insiste : « La paix c’est d’abord un siège laissé libre pour entendre celui qui pense autrement ». Un rappel applaudi par les étudiants.
Transformer l’appel en action quotidienne
En définitive, l’appel de l’ONU ne se résume pas à un slogan. Il ouvre une scène mondiale où la jeunesse congolaise peut jouer les premiers rôles, smartphone ou pinceau à la main. Reste à transcender les likes du 21 septembre pour installer durablement la paix, hors ligne, au quotidien.
