Brazzaville consacre le leadership de Jessica Ognangué
Les travées de l’hôtel de la Préfecture de Brazzaville bruissaient d’un mélange de ferveur militante et de prudence stratégique lorsque, à l’issue d’un vote à main levée, Jessica Prismelle Ognangué a été confirmée secrétaire générale du Parti pour l’action de la République. Depuis plusieurs mois, cette juriste formée à l’université Marien-Ngouabi occupait la fonction par intérim ; sa légitimation officielle, intervenue les 28 et 29 juin, vient solder une période de transition ouverte par la suspension de son prédécesseur, Simon Gérard Ndala, pour fautes professionnelles présumées. La présidence du congrès, assurée par Anguios Nganguia-Engambé, a rappelé l’importance d’une « relance des organes dirigeants à la hauteur des défis imminents », écho discret aux recompositions observées dans l’ensemble de la classe politique.
Un score qui interroge le mécanisme démocratique interne
Sur les 370 délégués accrédités, 279 ont levé le bras en faveur de la candidate unique, tandis qu’une seule abstention venait rappeler la possibilité d’un pluralisme, certes ténu, au sein du parti. Ce résultat, proche du plébiscite, nourrit à la fois l’argument d’une cohésion retrouvée et les interrogations inhérentes à toute formation en quête d’un équilibre entre discipline partisane et respiration démocratique. Interrogée à l’issue du scrutin, la nouvelle secrétaire générale a salué « l’élan de confiance » tout en esquissant un agenda de réformes internes destinées à moderniser les procédures de consultation des militants, notamment via des plateformes numériques susceptibles de toucher la diaspora.
Le calendrier interne du PAR : cap sur les primaires du 25 novembre
Au lendemain de la confirmation, les travaux du congrès se sont orientés vers la préparation des élections primaires, fixées au 25 novembre prochain. Celles-ci devront désigner la personnalité qui portera les couleurs du PAR lors de la présidentielle de mars 2026. Le président du parti, Anguios Nganguia-Engambé, déjà candidat malheureux à plusieurs scrutins, a déclaré qu’il se soumettrait à la compétition « comme tout militant », ouvrant ainsi la porte à une relève éventuelle. Dans un message relayé sur les canaux digitaux du mouvement, il a exhorté les ressortissants de la diaspora à déposer leurs dossiers, arguant que « la bataille pour le renouveau passe aussi par la confrontation d’idées issues de parcours diversifiés ».
Présidentielle 2026 : la tentation d’un front commun de l’opposition
Au-delà des frontières partisanes, la question d’une candidature unique de l’opposition revient avec insistance. S’exprimant devant la presse, Anguios Nganguia-Engambé a formulé son assentiment de principe, tout en subordonnant celui-ci à la tenue de primaires ouvertement négociées entre formations dissidentes. La proposition apparaît comme un compromis entre la volonté de rationaliser l’offre électorale et la nécessité de légitimer le choix par une procédure transparente. Dans les couloirs du congrès, plusieurs observateurs estimaient néanmoins que l’architecture d’un tel mécanisme demeure à concevoir, tant les sensibilités diffèrent sur la méthode de sélection et le contenu programmatique.
Jeunesse militante et enjeux de gouvernance partisane
Le PAR, né en 2010 et revendiquant un ancrage social-démocrate, s’appuie sur une base militante dont plus de la moitié a moins de trente-cinq ans. Pour cette génération connectée, la confirmation de Jessica Ognangué incarne la possibilité d’une ascension méritocratique au sein d’institutions politiques souvent perçues comme verrouillées. Dans un entretien improvisé, Marie -Paul Banzila, étudiante en économie et membre de la Ligue des jeunes, confie voir dans cette promotion « le signe qu’une culture de la compétence peut s’imposer, à condition que l’outil numérique serve à contrôler, documenter et diffuser les décisions ».
La nouvelle secrétaire générale hérite toutefois de dossiers robustes : modernisation des statuts, financement des activités et inscription du parti dans un paysage institutionnel harmonieux, respectueux des règles en vigueur. « C’est en articulant discipline interne et ouverture aux partenaires que nous bâtirons une alternative crédible », a-t-elle résumé dans son allocution de clôture. À l’approche des échéances de 2026, le défi consiste moins à multiplier les déclarations qu’à s’assurer de la cohérence organisationnelle, afin de présenter aux électeurs une offre programmatique lisible et viable.