Un souffle pentecostal partagé entre Sangolo et Talangaï
Dans la moiteur de ce début de saison sèche, la solennité de la Pentecôte a réuni à Brazzaville des foules inhabituelles. Les paroisses Notre-Dame des Apôtres de Sangolo et Saint Jean-Baptiste de Talangaï, distantes de quelques kilomètres seulement, ont été le théâtre de deux liturgies particulièrement denses. Au cœur des célébrations, Mgr Bienvenu Manamika Bafouakouahou, archevêque métropolitain, a conféré le sacrement de confirmation à 377 fidèles issus de onze communautés paroissiales. Par cette concentration d’événements, l’Église locale fait écho à l’élan missionnaire rappelé par le pape François : « La Pentecôte reste l’archétype d’une Église en sortie », a rappelé le prélat en ouverture de la messe.
Cent vingt-trois confirmands à Sangolo, entre ferveur et engagement civique
Le 8 juin, la nef colorée de Notre-Dame des Apôtres vibrait au rythme des chœurs kongo et des tambours téké. Cent vingt-trois jeunes, pour la plupart âgés de 15 à 25 ans, ont approché l’autel après trois années de catéchèse. Dans son homélie, l’archevêque les a exhortés à devenir « des sentinelles de la fraternité dans leurs quartiers ». S’adressant directement aux lycéens présents, il a mis en garde contre la « fuite en avant » que constituent les psychotropes, invitant chacun à privilégier les études et l’entrepreneuriat. Plusieurs confirmands ont déclaré vouloir créer des groupes de soutien scolaire dès la prochaine rentrée, preuve que l’appel a trouvé un écho concret.
Talangaï affirme sa vitalité avec deux cent cinquante-quatre nouveaux témoins
Six jours plus tard, le 14 juin, une date marquée par la mémoire de Mgr Théophile Mbemba, premier archevêque congolais, Talangaï a accueilli 254 autres confirmands. Sous un dais rouge cardinalice, la liturgie a été ponctuée de chants en lingala et en souchi. « La confirmation n’est pas un diplôme, c’est un nouveau départ », a martelé Mgr Manamika, citant l’envoi missionnaire de l’Évangile selon Matthieu. La répartition des confirmés — allant de 13 à 90 personnes selon les paroisses voisines — atteste de la vitalité d’un doyenné encore marqué par les séquelles de l’explosion du dépôt de munitions de 2012, mais désormais tourné vers la reconstruction spirituelle et sociale.
Une pastorale de proximité pour une jeunesse responsable
Depuis sa prise de fonction en 2021, l’archevêque mise sur des tournées régulières dans les périphéries urbaines. Son équipe met en avant un accompagnement psychosocial des jeunes, notamment grâce à des partenariats avec des centres de formation technique. « La confirmation doit s’incarner dans des gestes concrets », explique l’abbé Lionel Ngoma, vicaire à Sangolo. Cette approche de terrain s’aligne avec les orientations sociétales du pays : renforcer la cohésion, promouvoir la santé publique et soutenir l’employabilité des 15-34 ans, tranche d’âge représentant près de 60 % de la population congolaise selon l’Institut national de la statistique.
Au-delà du rite : enjeux sociaux et citoyens d’une Église vivante
Si les rites catholiques peuvent paraître immuables, leur résonance évolue avec la société congolaise contemporaine. À Sangolo comme à Talangaï, les comités paroissiaux développent désormais des ateliers d’initiation au numérique, conscients que la maîtrise des outils informatiques conditionne l’accès à l’emploi. Parallèlement, des campagnes de sensibilisation contre les violences basées sur le genre ont été lancées en collaboration avec les autorités locales. Interrogée à la sortie de la célébration, Adèle Ngocka, 24 ans, confie : « Recevoir l’Esprit Saint me pousse à refuser toute forme d’exclusion. J’aimerais animer un podcast pour discuter de santé mentale avec mes camarades. »
Perspectives post-confirmation : responsabilités et défis
Le défi central demeure d’empêcher l’enthousiasme liturgique de retomber. Pour cela, le diocèse prévoit la création de plateformes d’échange en ligne, l’organisation de débats citoyens dans les salles paroissiales et l’ouverture d’un fonds de micro-crédit destiné aux projets portés par les jeunes confirmés. Mgr Manamika insiste : « La synodalité n’est pas un slogan ; elle appelle à marcher ensemble, Église, famille et institutions publiques. » En associant dimension spirituelle et initiatives socio-économiques, l’Église catholique de Brazzaville offre un espace où la jeunesse peut articuler foi, créativité et service de la cité, contribuant ainsi à l’élan national de développement inclusif.