Un témoignage congolais qui secoue les idées reçues sur le diabète
Dans un paysage éditorial souvent dominé par des publications techniques ou des recettes miracles, l’ouvrage « J’ai guéri du diabète, voici comment », paru le 8 juillet chez Amazon, se distingue par son mélange de sobriété analytique et de ferveur personnelle. L’auteur, Hamez-Sébastien Bayina, originaire de Nkayi, y relate la rémission de son diabète de type 2. À contre-courant des discours fatalistes, il affirme que la maladie n’est pas une sentence irrévocable mais un défi réversible, pourvu que l’on dispose d’informations solides et d’un encadrement adapté.
Le ton, tour à tour pédagogique et introspectif, répond aux attentes d’une génération qui réclame des contenus ancrés dans le vécu, tout en restant étayés par la littérature scientifique. « Je ne vends pas un élixir, je partage un itinéraire balisé par des études, des échecs et des succès », explique Bayina lors d’une session virtuelle suivie par de nombreux jeunes diplômés de l’Université Marien-Ngouabi.
Comprendre la mécanique biologique de la résistance à l’insuline
Le cœur de l’essai s’articule autour d’une vulgarisation minutieuse de la résistance à l’insuline, phénomène central dans le diabète de type 2. Bayina rappelle que l’hyperglycémie chronique se met en place lentement, souvent sans douleur, jusqu’à provoquer cécité, AVC ou insuffisance rénale. S’appuyant sur les données de la Fédération internationale du diabète (2022), il décrit l’escalade métabolique qui conduit de l’excès calorique à l’inflammation de bas grade, puis à l’épuisement pancréatique.
Pour le public congolais, où l’urbanisation rapide s’accompagne d’une transition alimentaire marquée par la montée des sucres raffinés, ces explications techniques sont un rappel salutaire. Le livre démontre que l’on peut traduire une biologie complexe en concepts accessibles sans rien céder à la rigueur académique.
Entre science et expérience personnelle : la méthode Bayina
Le protocole proposé, loin d’une solution unique, repose sur quatre piliers : nutrition adaptée, optimisation du sommeil, régulation du stress et mouvement régulier. Illustrant la synergie de ces facteurs, Bayina alterne analyses de revues médicales et anecdotes précises, comme sa découverte d’une demi-heure quotidienne de marche rapide, couplée à des repas à faible charge glycémique, qui fit chuter son Hba1c en six mois.
Il insiste sur la qualité plutôt que la quantité alimentaire : privilégier les tubercules locaux à indice glycémique modéré, associer fibres et protéines pour freiner l’absorption du glucose, tout en respectant les traditions culinaires. « Notre terroir est une pharmacie à ciel ouvert », souligne-t-il, évoquant le manioc fermenté ou les feuilles de moringa, riches en antioxydants. La méthode refuse le dogmatisme : elle encourage une adaptation contextuelle afin que chaque lecteur, de Pointe-Noire à Ouesso, puisse bâtir sa propre feuille de route.
De Nkayi aux conférences internationales, un parcours inspirant
Né dans la cité sucrière de Jacob, rebaptisée Nkayi, Bayina a d’abord suivi une trajectoire d’économiste et de sociologue avant d’embrasser la santé intégrative. La bascule s’opère en France, lorsqu’il réalise que son diabète, diagnostiqué tardivement, menace sa carrière et son quotidien familial. Son revirement spectaculaire, validé par son médecin traitant, le propulse sur les tribunes de colloques dédiés à la nutrition fonctionnelle (Congrès Méditerranéen de Naturopathie, 2021).
Cette double compétence, sciences sociales et sciences du vivant, confère à son discours une épaisseur singulière. Elle rappelle que la maladie métabolique est autant le fruit de choix individuels que de déterminants structurels : conditions de travail, accès à l’alimentation saine, politiques urbaines favorisant l’activité physique. Sans jamais verser dans la polémique, Bayina appelle à une coordination entre acteurs publics, professionnels de santé et société civile pour faire reculer une pathologie qui touche déjà plus de 230 000 Congolais d’après le ministère de la Santé.
Les enjeux de santé publique pour la jeunesse congolaise
Le message parle particulièrement aux 20-35 ans, génération confrontée à une sédentarité accrue et à une offre alimentaire hyper-transformée. L’auteur insiste sur le caractère anticipable du diabète : consulter tôt, demander un dosage de glycémie à jeun, comprendre l’importance des signaux précoces comme la fatigue post-prandiale. Il propose des pistes pour que les universités, les start-up agroalimentaires et les associations sportives bâtissent des programmes de prévention à coût modéré.
Bayina n’ignore pas les contraintes économiques : il détaille des recettes à base d’ingrédients locaux peu onéreux, démontre la faisabilité d’une activité physique sans adhésion coûteuse à une salle de sport, et mentionne des applications mobiles gratuites capables de suivre la glycémie capillaire. En filigrane, l’ouvrage invite la jeunesse à voir dans la prise en main de sa santé une forme d’empowerment citoyen.
Perspectives : prévention, nutrition et souveraineté sanitaire
Au-delà du cas personnel, « J’ai guéri du diabète, voici comment » ouvre un débat subtil : comment les pays d’Afrique centrale peuvent-ils forger une souveraineté sanitaire articulée autour de leurs ressources endogènes ? L’auteur plaide pour la création de jardins urbains nutritifs, la formation de coachs de santé communautaires et l’intégration de la nutrithérapie dans les curricula universitaires. Il rejoint en cela les recommandations récentes de l’Organisation mondiale de la santé qui encourage le renforcement des systèmes de soins primaires pour les maladies non transmissibles.
Si la lutte contre le diabète se joue individuellement, elle s’inscrit aussi dans un cadre collectif. En incisive conclusion, Bayina rappelle que le premier médicament reste la connaissance : « Comprendre son corps, c’est déjà reprendre le pouvoir ». Un propos qui résonne avec les aspirations d’une génération congolaise avide d’autonomie, de mieux-être et d’avenir maîtrisé.