Pointe-Noire vibre avant le top départ
À Pointe-Noire, les affiches envahissent déjà les murs des snacks et des cybercafés. Du 31 octobre au 2 novembre, le port pétrolier s’apprête à troquer ses klaxons pour des beats, entraîné par le collectif Clan One Force.
Intitulé « 3 jours de show chez Mwana light », le concept promet une immersion nocturne inédite. Dans une ville où la scène urbaine réclame des repères, ces soirées veulent devenir un rendez-vous aussi attendu qu’un choc Diables Noirs-Étoile du Congo.
Un concept nommé 3 jours de show chez Mwana light
Derrière la fête se cache une mécanique bien huilée. Le Clan One Force, fondé dans les couloirs des studios brazzavillois il y a près d’une décennie, a toujours cultivé l’idée d’une plateforme commune où les DJs peuvent mutualiser idées, matériel et public.
« Nous voulons montrer que la musique peut rassembler sans distinction de quartier », souligne un porte-parole de l’équipe. En choisissant Mwana light, un espace prisé pour son esprit familial, le collectif mise sur la proximité plutôt que l’exclusivité des grandes discothèques.
Cinq DJs, cinq univers complémentaires
Côté platines, le casting se veut intergénérationnel. Le vétéran DJ Katmay ouvrira chaque soirée avec ses transitions chirurgicales, héritées des légendaires afters de Poto-Poto. Sa réputation de démarrer la fête dès le premier kick rassure les organisateurs comme les fans.
À la suite, DJ Flamme Rouge mêlera rumba et textures électro pour embarquer la piste dans un dialogue passé-futur. Sa marque de fabrique, un filtre doux posé sur les guitares, donne l’impression que Franco et Diplo se racontent des secrets à l’oreille.
DJ Mick prendra le relais avec une mosaïque afrobeat calibrée pour les danseurs. Son groove percussif, enrichi de samples highlife, transforme souvent le dancefloor en cercle de transe collective où les smartphones se lèvent pour capter chaque drop.
Plus iconoclaste, DJ Corbillard revendique un style coup-de-poing. Il enchaîne kuduro saturé, basses trap et sirènes d’alarme pour secouer les certitudes. « Je veux que le public oublie le lendemain », glisse-t-il, confiant dans sa recette de tension jubilatoire.
La relève est incarnée par DJ Moussampay, vingt-cinq ans et déjà courtisé par les beach parties de la côte. Spécialiste des crescendos, il tisse des montées qui font sauter la foule avant de relâcher la pression sur un break vocal.
Leur réunion crée une palette sonore complète, du chill au chaos. « Chacun apporte son épice, nous cuisinons un plat commun », résume DJ Katmay lors d’une répétition privée. Les jam-sessions pré-événement ont déjà généré des remixes exclusifs promis au public.
Au-delà des platines : un projet social
Mais derrière la fête, l’ambition est sociale. Les organisateurs ont prévu un espace de dons pour collecter du matériel scolaire destiné à des associations de quartiers périphériques. « Chaque cahier déposé vaudra un sticker ou une boisson soft », précise le régisseur logistique.
Par ailleurs, une table ronde diurne réunira créateurs de contenus et entrepreneurs culturels afin de discuter des opportunités économiques liées aux nuits urbaines. L’accès sera gratuit, l’objectif étant de créer des synergies durables plutôt qu’un simple feu d’artifice médiatique.
Ce positionnement s’inscrit dans la dynamique nationale de soutien aux industries créatives, souvent soulignée par les autorités culturelles. En clair, l’événement veut démontrer que la musique peut se transformer en filière porteuse d’emplois, de formation et de rayonnement touristique.
Le choix des dates, pendant les vacances de la Toussaint, n’est pas anodin. Beaucoup de jeunes en stage ou en semestre à l’étranger reviendront au pays. Les organisateurs misent sur cet effet diaspora pour étendre la réputation de l’événement hors frontières.
Organisation et attentes du public
Côté logistique, le site peut accueillir deux mille personnes par soir. Un partenariat avec une société de transport permettra des navettes tardives entre le centre-ville et Mwana light, rassurant ainsi les parents et les riverains soucieux de sécurité.
Les billets, mis en vente depuis quinze jours, s’écoulent rapidement. Selon la plateforme partenaire, six cent préventes ont déjà trouvé preneur, un chiffre supérieur aux estimations initiales. Les DJ promettent d’annoncer des guests surprises si le compteur atteint le millier.
Sur les réseaux, le hashtag #MwanaLightShow culmine à plus de huit mille mentions, porté par des challenges TikTok où les internautes reproduisent la signature de chaque DJ. Cet engouement digital démontre une demande réelle de contenus locaux engageants.
La scène musicale congolaise en plein renouveau
Pour beaucoup d’observateurs, ces trois nuits résument l’évolution de la musique congolaise vers des formats hybrides mêlant héritage et électronique. Le succès de Fally Ipupa ou de Ténor sur les plateformes avait déjà ouvert la voie à cette fusion décomplexée.
Le Clan One Force entend désormais placer Pointe-Noire sur la carte des capitales festives africaines, aux côtés d’Accra, Lagos ou Abidjan. « Nous ne sommes pas en compétition, nous partageons une énergie continentale », insiste DJ Flamme Rouge.
Reste donc à enfiler des chaussures confortables et à charger son smartphone. Du premier scratch au dernier selfie, « 3 jours de show chez Mwana light » s’annonce comme un concentré d’adrénaline et de fierté made in Congo.
