Pointe-Noire se prépare à célébrer la génération Bac 2024
Au cœur de l’effervescence côtière, Pointe-Noire s’apprête à vivre un moment singulier du 4 au 8 août : le quatrième Gala des bacheliers, porté par l’agence Kima Events avec l’appui de plusieurs partenaires institutionnels et privés. Cette manifestation, désormais inscrite dans le calendrier académique national, répond à une préoccupation partagée par les autorités, les familles et les entreprises : faciliter la transition des jeunes diplômés vers des horizons professionnels à la hauteur de leurs ambitions.
Un concept né de l’urgence de relier école et monde du travail
Depuis son lancement en 2022 au musée Cercle africain, le Gala des bacheliers a évolué vers une plateforme d’orientation académique et professionnelle combinant panels, ateliers pratiques et foire des métiers. Dans un contexte marqué par une démographie estudiantine dynamique et un marché du travail en pleine mutation, l’initiative entend réduire la fracture informationnelle souvent décrite par les inspecteurs d’académie comme « l’un des grains de sable de notre mécanique éducative ».
Cette année, le thème « Comment construire une orientation efficace pour une insertion durable » vient rappeler que l’enjeu dépasse la simple préparation aux concours universitaires. Il s’agit d’éclairer les trajectoires post-bac à l’aide de données sur les secteurs porteurs, les compétences clefs et les valeurs d’employabilité, tout en mettant l’accent sur le savoir-être, dimension devenue décisive pour les recruteurs.
Panels multisectoriels : laboratoire de réflexion et de networking
La cheffe de projet, Mme Laeticia François Yola, insiste sur la pluralité des panels qui couvriront l’énergie, le numérique, l’agro-industrie, la finance inclusive ou encore l’économie créative. Chaque table ronde réunira responsables publics, chefs d’entreprise et diplômés en activité afin de confronter les réalités du terrain aux référentiels pédagogiques. Cette approche veut éviter l’écueil d’une orientation déconnectée des besoins réels du bassin d’emploi ponténégrin et, plus largement, national.
« La vocation de ces échanges est de montrer que derrière chaque filière existent des passerelles insoupçonnées », précise Mme Yola. Pour les participants, l’exercice offre la possibilité de bâtir un carnet d’adresses à un âge où le réseau professionnel demeure embryonnaire. Plusieurs dirigeants ont déjà confirmé leur présence, symbolisant l’intérêt croissant du secteur privé pour le vivier de talents fraîchement diplômés.
Ateliers de compétences douces : le savoir-être en première ligne
Si la maîtrise des logiciels de conception ou la connaissance du code juridique constituent des pré-requis indiscutables, le Gala mise également sur les compétences transversales. Rédiger un curriculum vitæ stratégique, articuler une lettre de motivation persuasive, cultiver un leadership inclusif ou gagner en confiance devant un jury : autant de séquences pédagogiques animées par des coachs certifiés et des responsables des ressources humaines.
Selon les dernières statistiques du Bureau international du travail, près de 60 % des employeurs d’Afrique centrale privilégient désormais l’intelligence émotionnelle dans leurs critères de sélection. En outillant les bacheliers sur ces aspects, les organisateurs entendent rendre la main-d’œuvre congolaise plus compétitive sur un marché régional toujours plus intégré.
Une ronde scolaire pour diagnostiquer les freins structurels
Le coordonnateur général du projet, M. Omri Salomon, a mené au premier semestre une tournée dans une vingtaine d’établissements secondaires publics et privés de Brazzaville et Pointe-Noire. L’opération a mis en lumière plusieurs défis, notamment une communication administrative encore balbutiante, une lisibilité insuffisante des programmes et une concurrence interuniversitaire perçue comme anxiogène par les élèves. Les conclusions de cette enquête nourriront, pendant le Gala, un débat sur la modernisation des pratiques pédagogiques, en écho aux orientations du Plan national de développement 2022-2026.
Partenariats publics-privés : catalyseurs d’un écosystème vertueux
Fidèle à la politique de diversification économique prônée par les pouvoirs publics, le comité d’organisation a sollicité l’appui de sociétés pétrolières, de start-ups numériques et d’incubateurs locaux afin de sponsoriser des bourses de stage et des prix d’innovation. Cette approche collaborative démontre la volonté de chaque acteur de s’inscrire dans une logique de responsabilité sociale partagée, tout en répondant aux impératifs de compétitivité du tissu productif national.
Le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation technologique suivra l’événement grâce à un stand institutionnel dédié à la présentation des filières émergentes, notamment les sciences des données et les métiers de la transition énergétique. De même, la Chambre de commerce et d’industrie de Pointe-Noire animera un espace de recrutement express, prolongeant in situ les échanges amorcés lors des panels.
Lieux, codes et rituels : l’esthétique d’une célébration citoyenne
Sur le plan scénique, les organisateurs ont opté pour le site de l’esplanade de Loango, capable d’accueillir plus de deux mille participants. Concerts de musiques urbaines, remise de trophées aux majors de promotion et exposition photo retraçant les grands moments de l’école congolaise viendront rythmer les soirées, créant un pont subtil entre la fête et la réflexion. Pour Mme Ruth Gychelle Mbongo, présidente du comité, « il est crucial de faire du Gala un symbole fédérateur, dans la droite ligne des valeurs de civisme et de solidarité que promeut notre système éducatif ».
Le protocole sanitaire reste en vigueur : lavage des mains, distribution de masques et désinfection des espaces de rencontre, signes d’une organisation soucieuse de conjuguer convivialité et prudence.
Regards d’experts : vers une insertion durable des jeunes talents
Pour le sociologue du travail Aimé-Constant Mabiala, le Gala « traduit la prise de conscience qu’orientation et employabilité constituent les deux faces d’une même pièce ». De son côté, la coach en leadership Linda Ivanga estime que « l’économie congolaise gagnera à valoriser des jeunes capables de s’auto-projeter sur des parcours hybrides mêlant salariat, entrepreneuriat et engagement citoyen ». Ces analyses convergent vers l’idée qu’une insertion durable exige un accompagnement prolongé au-delà des cinq journées d’août, mission que le comité d’organisation envisage déjà de pérenniser par une plateforme numérique.
Le rendez-vous d’août, tremplin vers de nouveaux horizons
À l’heure où la transition numérique, la croissance verte et l’intégration sous-régionale ouvrent des perspectives inédites, le Gala des bacheliers 2024 s’affirme comme un maillon essentiel de l’écosystème d’insertion des jeunes Congolais. En misant sur le dialogue institutionnel, la mobilisation du secteur privé et l’empowerment des apprenants, Pointe-Noire offre à la génération Bac une rampe de lancement vers des carrières diversifiées et résolument tournées vers l’avenir.
