Un rendez-vous mondial aux accents locaux
À l’ombre des flamboyants de la paroisse Notre-Dame de l’Assomption, la Journée internationale de l’enseignement catholique a trouvé, le 29 mai, un écho singulier dans la ville océane. Instituée par l’Office international de l’éducation catholique, cette célébration anime chaque année plus de 200 000 établissements à travers le monde. À Pointe-Noire, l’édition 2024 a revêtu une tonalité particulière : le thème « Vers un pacte éducatif mondial générateur d’espoir » a résonné comme une invitation à relier l’initiative pontificale du pape François aux réalités éducatives congolaises, marquées par une croissance démographique scolaire soutenue et par la quête d’une formation holistique.
L’éducation non formelle, colonne vertébrale du projet
Le cœur intellectuel de la journée a battu au rythme d’une conférence animée par le Père Ghislain Nkiéré, Salésien de Don Bosco et directeur du Centre professionnel Don Bosco. D’emblée, l’orateur a précisé que l’éducation non formelle se distingue de la formation informelle tout en complétant l’enseignement officiel : il s’agit d’un processus organisé, volontaire et souple visant à doter l’apprenant de compétences transférables. De l’alphabétisation fonctionnelle aux ateliers de programmation numérique naissants, la palette d’expériences présentée a esquissé les contours d’une école au-delà des murs, capable de répondre à des attentes professionnelles immédiates sans renoncer à l’éthique humaniste.
Témoignages d’enseignants, entre vocation et enjeux contemporains
Parmi les quelque cent cinquante participants, Elvice Fortuné Fouti, formateur à l’Institut UCAC-ICAM, a résumé l’esprit de la rencontre : « Nous valorisons ce que les écoles catholiques entreprennent pour former des jeunes enracinés dans leur culture et ouverts au monde ». Les échanges ont mis en lumière des défis bien concrets : infrastructure parfois vieillissante, accès inégal aux ressources numériques, mais aussi formidable capital humain des enseignants qui multiplient initiatives de tutorat et micro-projets sociaux. Plusieurs jeunes professeurs ont évoqué leur attachement à une pédagogie de la présence, dans laquelle la relation maître-élève devient levier de résilience face aux pressions socio-économiques.
La messe d’action de grâce, prolongement symbolique du savoir
Portée par la voix grave de Mgr Abel Liluala, archevêque métropolitain de Pointe-Noire, la liturgie conclusive a transfiguré l’assemblée en communauté de mission. Méditant l’Évangile de l’Ascension, le prélat a lancé aux enseignants : « L’école est un champ de mission ; vous y êtes appelés à montrer que foi et intelligence peuvent aller de pair ». Sa déclaration a trouvé un écho particulier dans un contexte où la formation spirituelle demeure un repère stable pour des familles confrontées à l’urbanisation rapide. La présence de l’abbé Olivier Massamba Loubelo, président de l’Université catholique du Congo-Brazzaville, a souligné la continuité entre enseignement primaire, secondaire et supérieur, constituant une filière complète de talents nationaux.
Vers une génération d’apprenants acteurs du développement
Au-delà de la solennité, la Journée internationale de l’enseignement catholique 2024 a esquissé des orientations stratégiques. Les discussions ont insisté sur l’intégration accrue des technologies éducatives, la consolidation des partenariats public-privé et l’ancrage dans les objectifs gouvernementaux de développement des compétences. Sans s’ériger en contre-modèle, l’école catholique congolaise souhaite demeurer laboratoire d’innovations sociales : multiplication des programmes d’entrepreneuriat jeunesse, renforcement de l’éducation environnementale dans les zones côtières menacées par l’érosion, et promotion d’un civisme responsable aligné sur la politique de cohésion nationale. Dans les couloirs de la paroisse, un jeune enseignant confiait : « Nos élèves ne se contenteront pas de diplômes, ils porteront la vision d’un Congo prospère et solidaire ».
En quittant le parvis baigné par la brise atlantique, participants et observateurs ont mesuré la portée d’un pacte éducatif qui, loin d’être un slogan, se matérialise déjà dans les initiatives quotidiennes des écoles catholiques. Rendez-vous est pris pour l’année prochaine ; d’ici là, la mission d’espérance se poursuit, salle de classe après salle de classe, dans l’humble conviction que chaque heure de cours peut façonner le destin d’une nation.