Modernisation urbaine et renaissance commerciale à Pointe-Noire
La visite inopinée effectuée le 9 juillet par le ministre de l’Assainissement, du Développement local et de l’Entretien routier, Juste Désiré Mondélé, a mis en lumière l’avancée spectaculaire des chantiers des marchés domaniaux de la capitale économique. Les jeunes commerçants, naguère confinés dans des espaces exigus, voient se préciser la promesse de lieux d’échanges modernes capables de soutenir l’essor d’une classe entrepreneuriale en plein renouvellement.
Un chantier emblématique soutenu par la vision gouvernementale
Lancé en mai 2017, le programme de restructuration des marchés domaniaux s’inscrit dans la volonté des autorités d’aligner les équipements urbains sur les standards internationaux. Le gouvernement, en concertation avec les collectivités locales, a confié l’exécution des travaux à la société italienne Franco Villarecci, réputée pour son expertise en infrastructures marchandes. « Il est difficile de parler d’assainissement sérieux sans repenser nos lieux de négoce », rappelait le ministre Mondélé devant les techniciens municipaux. En suivant un calendrier rigoureux, les travaux atteignent désormais un taux d’exécution de 90 %, fidèle aux engagements initiaux.
Le marché central : vitrine architecturale et levier de compétitivité
Édifié sur trois niveaux, le complexe R+2 du marché central bouleverse les codes traditionnels. Ses deux blocs totalisent près de cinq mille emplacements modulables, des chambres froides capables de préserver les denrées périssables et un supermarché destiné à stimuler la distribution moderne. Outre une toiture ventilée favorisant la circulation naturelle de l’air, l’élargissement des caniveaux et la pose de dalles perméables témoignent d’un souci écologique accru. Pour Estelle Ngoma, jeune transformatrice de produits de la mer, « un espace propre et sécurisé nous permettra d’accroître la qualité et la valeur ajoutée de nos marchandises ».
Le marché de la Paix : accélération inattendue, adhésion des usagers
À quelques kilomètres, dans le troisième arrondissement Tié-Tié, le marché de la Paix offre l’image d’un chantier animé. Le ministre, surpris par l’ampleur des progrès accomplis en moins de deux mois, a salué la « célérité au service du bien-être des populations ». Ce second site, pensé comme une extension complémentaire du réseau commercial urbain, intègre un dispositif de gestion des flux destiné à décongestionner les artères environnantes par la création de voies d’accès carrossables et d’aires de stationnement réglementées. Les riverains se disent rassurés : l’informel tend à se structurer et la densité urbaine à se réguler.
Impact socio-économique pour les jeunes et inclusion financière
Au-delà de la pierre et du béton, l’ambition du projet demeure la génération d’opportunités pour la jeunesse congolaise. Les plateformes de paiement électronique qui seront déployées encourageront la bancarisation, levier essentiel pour l’accès au crédit. D’ores et déjà, plusieurs incubateurs locaux prospectent des kiosques destinés à la promotion des innovations agroalimentaires. Pour le sociologue Alain Malanda, « la modernisation des marchés redéfinit le rapport des jeunes au travail : du simple commerce de survie, on passe à un entrepreneuriat structuré, propice aux chaînes de valeur ».
Assainissement et mobilité urbaine : un duo gagnant
Le réaménagement des caniveaux et la réhabilitation des voiries adjacentes participent d’une approche holistique voulue par les pouvoirs publics. À terme, la collecte des déchets sera centralisée, limitant les nuisances et les maladies hydriques. Parallèlement, le désengorgement attendu du réseau routier devrait fluidifier les déplacements, facteur déterminant pour la compétitivité des micro-entreprises. Ainsi, la modernisation des marchés agit comme catalyseur d’un cercle vertueux mêlant santé publique, mobilité et efficacité logistique.
Perspectives : gouvernance des équipements et durabilité
Alors que l’ouverture officielle est pressentie pour le premier semestre de l’année prochaine, les autorités peaufinent déjà le modèle de gestion. Un établissement public local, adossé à des partenariats privés, devra assurer la maintenance, la sécurité et la promotion commerciale des infrastructures. Les organisations de commerçants seront représentées au sein du conseil d’administration, garantissant une gouvernance participative. En misant sur la formation continue des gestionnaires et sur l’usage des énergies renouvelables pour l’éclairage, la ville de Pointe-Noire entend inscrire ces marchés dans la durée.
À l’heure où l’économie informelle représente encore une part substantielle du PIB national, l’initiative fait figure de laboratoire. Elle offre aux jeunes adultes la perspective tangible d’un environnement d’affaires modernisé, conforme à l’ambition de diversification prônée par les instances nationales. Si la poussière des anciens étals s’apprête à laisser place à des travées carrelées, c’est bien l’esprit d’entreprise congolais qui, au final, s’en trouve revivifié.
