Un festival liturgico-sportif à Moukondo
Sur l’esplanade sablonneuse de la paroisse Eec de Moukondo, les cris d’encouragement se mêlaient aux notes d’un xylophone improvisé lorsque, du 4 au 6 juillet, les enfants de l’École de dimanche ont déployé rubans colorés et pyramides humaines. À première vue, l’on aurait cru assister à un gala de fin d’année scolaire. Pourtant, l’objectif affiché différait d’un simple divertissement : il s’agissait d’une retraite spirituelle clôturant le cycle d’enseignement religieux et offrant aux jeunes de Moungali un espace de méditation active avant les vacances. Les figures acrobatiques exécutaient en rythme un récit biblique vivant, où chaque roue, chaque salto soulignait la possibilité de concilier discipline corporelle, foi et joie partagée.
La force d’une pédagogie par l’exemple corporel
En convoquant l’image de Joseph, modèle d’intégrité placé au cœur du thème annuel « Vivre à l’image de Joseph », les formateurs ont bâti un canevas pédagogique associant symboles gestuels et exhortations morales. « Nous voulons une jeunesse qui sait dire non au mensonge même lorsqu’il paraît séduisant », a expliqué le directeur de l’école, Yena Koumba Leonel, après une série de démonstrations de pompes et d’équilibres destinées à illustrer la résistance à la tentation. Pour ces éducateurs, la maîtrise du corps dialogue avec la droiture de l’esprit : tenir une position de planche soixante secondes devient ainsi un manifeste silencieux contre l’hypocrisie, le vol et les violences de proximité qui fragilisent certains quartiers urbains.
Poésie et journalisme pour une éthique partagée
Au-delà des performances physiques, l’Ecodi a mobilisé l’art oratoire. Des poèmes déclamés en français, lingala et lari ont rappelé que l’argent demeure « bon serviteur mais mauvais maître ». Dans un dialogue théâtral, deux adolescents débattaient de l’attrait des réseaux informels, avant qu’un troisième n’interrompe : « Le plus court chemin vers le succès reste l’honnêteté ». Point d’orgue de la journée, la présentation du journal fictif « Canal Ecodi » a transporté l’assistance vers d’autres paroisses de Pointe-Noire, Mouyondzi et Talangaï, preuve que la créativité médiatique peut servir de martingale à la cohésion nationale. Cette incursion dans le monde de la presse a offert aux jeunes la posture critique d’un reporter, les invitant à décrire la réalité sans céder à la rumeur, compétence précieuse à l’ère numérique.
Le rôle pivot des éducateurs et des familles
La portée de cet événement tient également au maillage intergénérationnel qu’il entretient. Le pasteur responsable, André Loussouké, a consacré quatre nouveaux moniteurs avant d’élever une prière de bénédiction qui résonnait comme un contrat moral. L’encadrement bénévole, salué pour son abnégation, reçoit un appui constant de parents motivés. « Confier son enfant à l’église, c’est investir dans le capital moral du pays », confiait Mme Tchicaya, mère de trois participants, en dressant un parallèle entre l’effort éducatif ecclésial et les politiques publiques de promotion de la jeunesse. Si l’école offre des textes sacrés, les familles prolongent l’apprentissage par l’exemple domestique, scellant ainsi une alliance éducative dont l’État reconnaît la complémentarité.
Une mosaïque linguistique au service de l’unité nationale
Le choix d’alterner français, anglais et langues vernaculaires dans les chants et allocutions n’a rien d’anodin. Il célèbre la diversité culturelle du Congo tout en renforçant l’esprit de corps. « Parler la langue de l’autre, c’est déjà bâtir un pont », lançait un jeune animateur, rappelant que l’inclusivité linguistique constitue un levier de paix dans un pays à forte pluralité ethnique. La paroisse de Moukondo s’inscrit ainsi dans la dynamique nationale de rapprochement des communautés et de valorisation des identités locales, chantiers encouragés par les autorités dans le cadre de la promotion du vivre-ensemble.
Cap sur Kinkala : le prolongement formateur
La clôture de la retraite n’indique pas un point final mais une virgule dans le parcours d’apprentissage. En septembre, les enfants camperont à Kinkala, dans le département du Pool, pour un séjour axé sur l’autonomie et la solidarité. Les adolescents y approfondiront les ateliers de leadership, de médiation et de protection de l’environnement, domaines jugés stratégiques pour la jeunesse congolaise. En filigrane, la paroisse encourage la participation régulière aux cultes dominicaux, afin de consolider les acquis spirituels et civiques. Une collation partagée sous les manguiers a scellé l’engagement collectif : continuer à conjuguer ferveur et responsabilité citoyenne, afin que chaque jeune devienne relais d’espérance dans son quartier comme dans la nation tout entière.
