Une délégation congolaise en quête d’expertise nippone
C’est dans un esprit de diplomatie économique offensive que le ministre de l’assainissement urbain, du développement local et de l’entretien routier, Juste-Désiré Mondélé, s’est rendu au Japon du 26 au 30 mai 2025. Ce déplacement, placé sous la haute impulsion du président de la République Denis Sassou Nguesso, visait à consolider une coopération technique capable d’accélérer la modernisation des infrastructures routières et la maîtrise de la gestion des déchets dans les centres urbains congolais. Au terme de cette mission, le membre du gouvernement a dressé un bilan qu’il qualifie lui-même de « dense et riche en apprentissage », soulignant l’alignement parfait entre les priorités nationales et l’expertise japonaise.
Dans les couloirs des ministères et des agences japonaises, la délégation congolaise a multiplié les sessions de travail, établissant ce que le ministre a décrit comme « un pont d’ingénierie et de savoir-faire » susceptible de transformer durablement le visage de nos cités. L’échange, réputé pour son pragmatisme propre à la tradition administrative nippone, s’est avéré propice à l’éclosion de nouveaux partenariats.
Des machines Sakai et Komatsu attendues à Pointe-Noire
Parmi les acquis les plus tangibles figure l’importation imminente d’une première flotte d’équipements d’assainissement et d’entretien routier, issus des chaînes de production des géants Sakai et Komatsu. Conçus spécifiquement pour supporter les contraintes climatiques tropicales, ces compacteurs, niveleuses et balayeuses mécaniques seront livrés au port autonome de Pointe-Noire avant la fin de l’année. Les services techniques du ministère ont déjà anticipé l’arrivée de ces engins en élaborant un schéma opérationnel de déploiement qui privilégiera d’abord les artères stratégiques de la capitale économique, puis les voies des communes intérieures.
Aux dires d’un ingénieur du département des grands travaux, ces matériels « garantiront un meilleur cycle de vie des chaussées et réduiront les coûts de maintenance, grâce à une technologie de compactage haute fréquence et à des systèmes embarqués d’économie de carburant ».
Accords de coopération : de la JICA au JICS, un réseau de financeurs
La signature de protocoles d’entente avec la JICA et le JICS ancre la relation bilatérale sur une double assise : l’appui technique et le financement concessionnel. Selon un cadre de la JICA, l’agence entend « soutenir la mise en place de projets structurants qui concilient croissance, inclusion sociale et préservation de l’environnement ». Les discussions ont mis en avant un paquet de facilités incluant des prêts à taux préférentiels et des dons ciblés pour la formation des techniciens congolais.
Le panorama socio-économique présenté par la délégation a insisté sur le potentiel énergétique, touristique et environnemental du pays. Un argumentaire jugé convaincant par Tanaka Akihiko, président de la JICA, qui a salué « la volonté congolaise de se projeter dans la chaîne de valeur verte ».
Vers l’adhésion au réseau A.C.C.P des villes propres
Au-delà des équipements, la mission débouche sur une ambition symbolique : l’intégration de Brazzaville, Pointe-Noire et de plusieurs villes secondaires – Dolisie, Nkayi, Mossendjo, Oyo, Owando – au réseau A.C.C.P, plateforme internationale de cités propres initiée par Tokyo. Pour Juste-Désiré Mondélé, « nos villes ne doivent pas être coupées du reste du monde ; elles ont vocation à rejoindre la dynamique planétaire des Objectifs de développement durable ».
Cette adhésion ouvre la possibilité d’échanges de bonnes pratiques, d’audits environnementaux annuels et de programmes conjoints de sensibilisation à la salubrité. À l’horizon 2030, l’objectif affiché est de hisser les métropoles congolaises dans le top régional des collectivités les plus engagées sur la question des déchets solides.
Incidences socio-économiques pour la jeunesse urbaine
L’arrivée de matériels modernes et la montée en cadence des opérations d’assainissement laissent entrevoir de nouveaux débouchés pour les jeunes diplômés en génie civil, environnement ou mécanique. Des sessions de certification, organisées en coopération avec des formateurs japonais, sont prévues afin de favoriser le transfert de compétences. Un enseignant de l’Université Marien-Ngouabi voit dans cette dynamique « une opportunité de faire émerger une génération de techniciens capables de concevoir, gérer et entretenir des infrastructures conformes aux standards internationaux ».
Le secteur informel, particulièrement actif dans la collecte et la valorisation des déchets, pourrait également être structuré grâce à des micro-coopératives accompagnées par des programmes de micro-crédit déjà testés à Fukuoka ou Sapporo. L’impact positif attendu sur la santé publique et l’attractivité touristique complète ce tableau.
Synergie avec les engagements climatiques internationaux
L’entretien routier et l’assainissement ne constituent plus des segments isolés, mais s’inscrivent dans la trajectoire bas-carbone que le Congo revendique dans les forums climatiques. L’échange avec le ministre d’État japonais chargé de l’environnement, Hiroshi Nakada, a permis de rappeler l’ancrage historique des deux pays dans le Protocole de Kyoto. Le Congo a ainsi réitéré son intention de renforcer ses forêts-puits de carbone tout en décarbonant ses infrastructures.
Des projets pilotes combinant énergie solaire et recyclage des bitumes ont été évoqués. Ils pourraient faire du corridor Brazzaville-Pointe-Noire un laboratoire sous-régional de la route durable, à la croisée des ambitions de la COP 28 et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
La mémoire d’Hiroshima : éthique et coopération
Moment d’intense émotion, la visite de la délégation congolaise à Hiroshima a inscrit la coopération sous le signe de la paix et du dialogue. Pour le ministre Mondélé, cette halte symbolique « rappelle que le progrès technique doit toujours s’accompagner d’une conscience humaniste ».
Ce passage a d’ailleurs été interprété par plusieurs observateurs comme un signal éthique fort, soulignant la volonté des deux nations de bâtir un partenariat respectueux des populations et de l’environnement.
Un agenda 2025 – 2027 orienté résultats
Les prochaines étapes, désormais consignées dans une feuille de route conjointe, prévoient le déploiement progressif des engins, la mise à niveau des centres de maintenance régionaux et la réalisation d’audits écologiques semestriels. Le ministère annonce déjà la création d’une cellule de suivi-évaluation dotée d’indicateurs précis : kilométrage de voirie réhabilitée, taux de collecte des déchets ménagers, réduction des points noirs sanitaires.
En clôturant son compte-rendu, Juste-Désiré Mondélé a insisté sur la notion de coresponsabilité : « Nous avons reçu un appui solide, mais nous demeurons les premiers garants de la réussite. Le peuple congolais attend des résultats concrets, et nous les livrerons ». Les partenaires nippons, eux, voient dans cette collaboration un terrain d’expérimentation de technologies adaptées aux réalités africaines. Autant d’éléments qui laissent présager un partenariat pérenne, bénéfique à la fois pour les infrastructures nationales et pour l’image internationale du Congo.
