Une annonce qui anime la scène politique
La saison politique s’anime au Congo-Brazzaville après la déclaration de candidature d’Alexis Bongo, journaliste vedette de DRTV, pour la présidentielle de mars 2026. L’annonce, faite le 16 août au centre culturel Zola de Moungali, a immédiatement attiré caméras, micros et réseaux sociaux.
Figurant déjà parmi les visages familiers des jeunes urbains grâce à son émission « Homéosthasie », l’animateur de 56 ans s’avance comme candidat indépendant, se réclamant d’une sensibilité panafricaniste. Son discours mise sur l’unité nationale et la modernisation sans remettre en cause les institutions en place.
Parcours médiatique et engagement civique
Alexis Bongo débute à la radio locale de Makoua avant de rejoindre DRTV, où son ton posé et ses débats ouverts sur la santé publique conquièrent une audience fidèle. Derrière la caméra, il finance ponctuellement des dotations scolaires et des actions de sensibilisation sur la citoyenneté responsable.
Interrogé lundi par notre rédaction, le sociologue Jean-Marc Okandzi observe que « sa notoriété médiatique le place à mi-chemin entre l’activiste digital et l’homme d’État ». Pour le chercheur, la conversion d’un présentateur en prétendant à la magistrature suprême reste rare mais pas inédite.
Le projet « Congo nouveau » décrypté
Devant la presse, le candidat a esquissé les grands traits du programme « Congo nouveau ». Il promet une gestion plus agile des finances publiques, l’élargissement du numérique aux zones rurales et un plan vert visant à reboiser 100 000 hectares en cinq ans, sans bouleverser les cadres existants.
Sur la scène économique, il envisage l’entrepreneuriat des jeunes comme moteur de croissance endogène, avec des incubateurs départementaux et une défiscalisation temporaire pour les start-up locales. L’objectif affiché reste de porter le taux d’emploi formel des 18-35 ans de 32 % à 50 % en 2030.
La jeunesse, cœur stratégique de la campagne
Alexis Bongo insiste sur ce qu’il appelle la « génération éveillée », composée de diplômés actifs sur les plateformes numériques. Il prévoit une caravane citoyenne devant traverser les quinze départements, combinant concerts, ateliers de codage et consultations publiques autour des priorités locales.
Selon la politologue Clarisse Ndinga, « cibler la jeunesse est pertinent dans un pays où l’âge médian tourne autour de 19 ans ». Elle note toutefois que la mobilisation effective dépendra de la capacité du candidat à mutualiser les réseaux universitaires, religieux et sportifs déjà implantés.
Financement de la candidature et message symbolique
Comme tous les prétendants, l’ancien animateur devra verser une caution de 25 millions FCFA à la Commission électorale. Il assure que « le peuple est plus riche que 25 millions », soulignant qu’une campagne participative sera lancée pour réunir la somme sans l’appui d’appareils politiques classiques.
Cette démarche s’inscrit dans une tendance d’autofinancement observée parmi les nouvelles figures publiques du continent, de Dakar à Kigali. Pour l’économiste Rodrigue Makanda, elle « permet de tester la profondeur réelle d’un soutien populaire avant même l’ouverture officielle de la campagne ».
Réactions et équilibres institutionnels
Au Palais du Parlement, plusieurs députés saluent la diversité grandissante des candidatures, signe pour eux d’une vitalité démocratique. Aucune voix officielle ne remet en question le calendrier électoral fixé par les autorités, qui travaillent déjà aux ajustements logistiques et sanitaires nécessaires à un scrutin apaisé.
Dans les quartiers sud de Brazzaville, les étudiants interrogés expriment curiosité et prudence. Certains voient en Alexis Bongo une figure accessible grâce à ses années de télévision, d’autres attendent des débats programmatiques où seront comparées les visions des candidats tout en respectant les orientations nationales.
Cap sur 2026, enjeux et prochaines étapes
Le dépôt officiel des dossiers ouvrira en décembre 2025. D’ici là, Alexis Bongo prévoit d’achever la rédaction détaillée de son programme, de former une équipe de campagne pluridisciplinaire et de conclure des partenariats avec des organisations de la société civile axées sur la formation et l’emploi.
Les observateurs rappellent que le corps électoral congolais, proche de 2,5 millions d’inscrits, se montre sensible aux signes de cohésion plutôt qu’aux affrontements de personnalités. Cultiver un discours constructif pourrait donc constituer l’atout majeur du journaliste face aux appareils plus aguerris des partis traditionnels.
Avec le temps long qui s’ouvre avant mars 2026, le public aura l’occasion d’évaluer la consistance de chaque prétendant. Pour l’instant, la candidature d’Alexis Bongo illustre le dynamisme d’une génération de professionnels désireux de contribuer autrement au développement national, dans le respect des équilibres établis.
Regards régionaux et diplomatiques
Dans la sous-région, plusieurs analystes voient l’émergence de candidatures venues des médias comme le signe d’une évolution des élites. Du Gabon au Cameroun, des journalistes ont déjà occupé des portefeuilles ministériels, renforçant l’idée que la maîtrise de l’information façonne désormais le leadership.
Concernant la diplomatie, Alexis Bongo affirme vouloir consolider les partenariats stratégiques existants, notamment avec la CEEAC et l’Union africaine, tout en attirant davantage d’investissements verts sud-sud. Il insiste sur une coopération culturelle accrue pour valoriser la création congolaise sur les scènes francophones du continent.
La route vers l’élection demeure jalonnée d’étapes administratives, de collectes de signatures et de contrôles de parrainage. Si ces procédures peuvent sembler techniques, elles constituent aussi un baromètre d’endurance pour les candidats indépendants, contraints de prouver leur sérieux bien avant l’ouverture des urnes.
