Brazzaville accueille une formation décisive pour la jeunesse
Dans la moiteur de la saison sèche, le campus de l’Institut national de la jeunesse et des sports a résonné, du 30 juin au 3 juillet 2025, d’un bourdonnement studieux. Sous l’égide conjointe de l’UNESCO et du ministère de la Jeunesse, plus d’une quarantaine de cadres ont délaissé sifflets et chronomètres pour endosser la blouse, plus discrète mais tout aussi stratégique, du praticien social. Objectif affiché : transformer l’énergie sportive en rempart contre la délinquance juvénile et les violences basées sur le genre, deux phénomènes décrits par les autorités comme de « véritables défis au vivre-ensemble ».
Un partenariat UNESCO-Congo inscrit dans la durée
En ouvrant les travaux, Charles Makaya, directeur de cabinet du ministre de la Jeunesse, a rappelé que « l’éducation physique est un langage universel capable de pacifier les esprits ». Son propos a trouvé écho dans l’intervention de Brice Kamwa Ndjatang, représentant résident adjoint de l’UNESCO, pour qui la session « s’inscrit dans la logique d’un accompagnement technique entamé depuis plusieurs années pour garantir aux jeunes un horizon dépourvu de violence ». Le soutien de l’agence onusienne se matérialise par des modules pointus : analyse des mécanismes de délinquance, gestion de conflits, approche psychosociale sensible au genre, autant d’outils conçus pour passer de la théorie à l’action de terrain.
Capacités renforcées, cohésion consolidée
Au-delà de l’échange académique, la session a livré des scénarios pratiques inspirés par les réalités congolaises : comment accompagner un adolescent en conflit avec la loi vers le centre d’Aubeville ? Comment détecter, dans un vestiaire ou une cour de récréation, les prémices d’une violence de genre ? Les formateurs ont insisté sur la nécessité d’un suivi individualisé, articulé avec la justice mineure, la santé communautaire et le tissu associatif local. Ces outils répondent à la feuille de route fixée par l’Objectif de développement durable 16, qui promeut des sociétés pacifiques et inclusives, et s’inscrivent dans le Plan national de développement 2022-2026, lequel fait de l’inclusion sociale un levier de croissance.
Du terrain au policy-making : vers des politiques publiques enracinées
Les organisateurs veulent éviter que la formation ne reste confinée aux amphithéâtres. À court terme, il est prévu de structurer des comités socio-éducatifs dans chacune des antennes régionales de l’INJS afin de cartographier les quartiers à risque et de suivre en temps réel l’évolution des cas. À moyen terme, le ministère entend déposer un projet de décret instituant une évaluation semestrielle des programmes de prévention, avec un dispositif de partage de données entre la Direction générale de la jeunesse, la magistrature pour enfants et les services de santé scolaire. « L’enjeu est de produire des politiques qui parlent la langue du terrain », insiste un formateur, qui voit dans cette démarche un cercle vertueux entre pratique sportive, paix sociale et employabilité.
Un investissement socialement rentable
Derrière ces engagements se profile un calcul aussi humain qu’économique. Selon des estimations gouvernementales, chaque franc CFA investi dans la prévention de la délinquance juvénile génère jusqu’à trois francs CFA d’économies en coûts judiciaires et sanitaires. De son côté, l’UNESCO rappelle qu’un jeune bien inséré multiplie par deux ses chances d’accéder à un emploi stable à l’horizon de cinq ans. En renforçant les compétences des cadres, le Congo capitalise donc sur un dividende démographique, tout en consolidant sa cohésion civile.
Perspectives pour une jeunesse actrice de son avenir
Alors que les apprenants regagnent leurs postes à Pointe-Noire, Dolisie ou Ouesso, la responsabilité d’essaimer les bonnes pratiques repose désormais sur leurs épaules. Plusieurs d’entre eux envisagent déjà des partenariats locaux avec les clubs de quartier, les maisons de la culture ou les centres de santé mère-enfant. La dynamique actuelle démontre qu’une politique publique adossée à la pratique sportive peut devenir un instrument décisif de stabilité et d’inclusion. Dans un contexte où plus de 60 % de la population congolaise a moins de 25 ans, cet investissement dans la jeunesse apparaît, pour reprendre les mots de Charles Makaya, comme « la clé d’un futur harmonieux où chaque citoyen trouve sa place sur le terrain, dans la cité et dans la nation ».