Mouvements estivaux des binationaux congolais
Les supporters congolais ont suivi durant l’été la valse des binationaux repérés au tournoi Maurice Revello. Deux nouveaux mouvements, ceux de Lorick Nana et de Lenny Dziki Loussilaho, confirment la dynamique d’un vivier offensif pour les Diables Rouges et éveillent la curiosité des recruteurs européens, encore davantage.
Lorick Nana rejoint le Paris 13 Athlético
Le défenseur gaucher Lorick Nana, 20 ans, sort d’une saison italienne studieuse avec Ilvamaddalena, vingt-trois matches et quatre contributions offensives. Mis à l’essai par le Paris 13 Athlético, il a convaincu le staff gobelin avant de signer un contrat qui le ramène dans sa région natale.
Né à Évry-Courcouronnes, le joueur avait débuté à Tours puis franchi les étapes de préformation au Paris FC. Son père, l’ancien international Joey Nana Nguimbi, souligne l’importance d’une installation francilienne : « Lorick retrouve un environnement familier, parfait pour consolider son mental », explique-t-il, joint par téléphone, et un réseau de proches mobilisés.
Paris 13, promu l’an passé en National 1, mise sur un recrutement jeune pour assurer son maintien. Dans les allées du stade Boutroux, l’entraîneur Fabien Valéri rappelle que « la vitesse et la patte gauche de Lorick peuvent apporter des centres précis dès septembre ». Le défi s’annonce stimulant.
Lenny Dziki Loussilaho signe pro à Dunkerque
Pendant ce temps, à 300 kilomètres au nord, Dunkerque s’offre la polyvalence de Lenny Dziki Loussilaho. Le latéral droit, formé à Nancy puis passé par l’INF Clairefontaine, a paraphé son premier contrat professionnel jusqu’en 2028, preuve de la confiance que lui accorde le club revenu en Ligue 2.
Loussilaho, 20 ans également, a disputé quatre rencontres lors du dernier Maurice Revello. Son aisance dans le couloir et sa lecture tactique avaient séduit le sélectionneur des U20 de la diaspora, Fabrice Ondama. « Il possède une marge de progression rare, surtout dans la gestion des transitions », confirmait ce dernier.
Aux deux premières journées de Ligue 2, le jeune défenseur est resté sur le banc, le staff maritime préférant l’intégrer progressivement. Un préparateur physique évoque une charge de travail individualisée pour qu’il « passe un cap athlétique avant le rythme infernal d’automne ». Rien d’alarmant, plutôt un investissement méthodique.
Enjeux fédéraux et impacts sur le championnat
Ces signatures interviennent alors que la Fédération congolaise, encouragée par le ministère des Sports, multiplie les opérations séduction auprès de la diaspora. Le directeur technique national, Barthélémy Ngatsé, confirme que « la porte reste ouverte pour tout joueur désireux de représenter le pays, dès les qualifications U23 ».
Dans le championnat national, plusieurs techniciens observent avec attention la maturation de ces profils formés à l’étranger. « Leur retour éventuel pourrait hausser notre niveau d’exigence », estime Cédric Moukeli, coach de l’AS Otohô. La possibilité d’intégrer des automatismes internationaux sans alourdir la masse salariale séduit de nombreux présidents.
Valeur économique d’une jeunesse mobile
Sur le plan économique, les transferts de joueurs issus de la double nationalité restent modestes mais stratégiques. Les indemnités de formation, reversées aux clubs congolais ayant détecté le talent, constituent une ressource précieuse pour les centres de foot provinciaux qui peinent à diversifier leurs revenus face à la concurrence africaine.
Les observateurs notent aussi l’évolution des mentalités. Autrefois, rejoindre un club de quatrième division italienne aurait semblé un pas en arrière. Aujourd’hui, la mobilité est perçue comme une étape vers la visibilité. Nana a profité d’une exigence tactique rigoureuse en Serie D, développant sa qualité de relance sous pression.
Scouting, data et réseaux sociaux
Loussilaho, de son côté, a multiplié les vidéos individuelles pour attirer l’œil des analystes dunkerquois. « Nous avons été intrigués par sa capacité à aspirer l’adversaire avant de casser la ligne », détaille Adrien Boulenger, responsable du scouting. Cette compétence répond aux nouveaux schémas de jeu lancés par l’entraîneur Luís Castro.
Pour les jeunes adultes congolais installés en Europe, ces trajectoires illustrent un marché du travail particulièrement fluide. Les réseaux sociaux, les plateformes de data et les tournois estivaux comme Toulon jouent un rôle d’accélérateur. Les représentants et parents apprennent à naviguer entre quotas, visas sportifs et impératifs éducatifs, parfois complexes.
Soutien institutionnel et ambitions nationales
Le gouvernement, conscient du potentiel d’image lié aux réussites sportives, a récemment annoncé un renforcement des bourses Performance Jeunesse, facilitant les stages de perfectionnement à l’étranger. Cette mesure, saluée par plusieurs associations diasporiques, vise à consolider les passerelles tout en encourageant un retour d’expertise vers les académies locales.
À moyen terme, l’enjeu sera de convertir ces promesses en sélections seniors. Avec les éliminatoires de la CAN 2025 en ligne de mire, le staff national devra jongler entre joueurs locaux et expatriés. La présence de profils complets sur les côtés offrirait au sélectionneur Paul Put des solutions nouvelles.
Une génération 2003 sous la loupe
En attendant, la génération 2003-2004 poursuit sa montée en puissance. Entre Paris, Dunkerque et Brazzaville, les supporters partagent chaque highlight sur WhatsApp et Twitter, témoignant d’un intérêt jamais démenti. Les progrès de Nana et Loussilaho rappellent qu’un simple transfert peut nourrir l’espoir collectif d’un football congolais toujours plus compétitif.
