Continuité stratégique au sein des Diables de Ouenzé
Dans une salle polyvalente garnie de maillots rouge et noir, la reconduction de Victor Magloire Nganguia à la présidence exécutive de la section football du Saint Michel de Ouenzé a été entérinée sans contestation. L’assemblée générale du 30 juillet, présidée par Juste Désiré Mondelé, a ainsi opté pour la stabilité plutôt que la rupture, un choix qui épouse la culture de gestion prudente recommandée par plusieurs techniciens du sport congolais. « La continuité peut être un accélérateur de résultats lorsqu’elle s’accompagne d’exigences plus élevées », rappelle le sociologue du sport Thierry Moundélé, interrogé en marge de la séance.
Objectif remontée : un défi sportif et économique
Le projet est double : remonter en première division et ramener la Coupe du Congo dans l’arrondissement 5. À première vue, l’énoncée paraît classique. Pourtant, au-delà du panache, la promotion en Ligue 1 implique un passage à un régime financier plus rigoureux : déplacements plus onéreux, obligations contractuelles accrues et exigences de diffusion télévisuelle. Le budget prévisionnel du club, gardé confidentiel, avoisinerait selon nos informations les 200 millions de francs CFA, un palier que seules six formations congolaises atteindraient actuellement. « Gagner coûte cher, mais ne pas gagner coûte plus cher encore, en termes d’image et de partenariats », confie un membre du comité des sages sous couvert d’anonymat.
Management et gouvernance, leviers de performance
Le bureau exécutif fraîchement élu reflète une architecture managériale repensée : Serge Mondelé Mbouma et Alexis Ngatsé veilleront respectivement aux questions stratégiques et à la proximité avec les supporters, tandis que Dieudonné Bakolo, nouveau secrétaire général, s’est engagé à numériser la base de données des licenciés. De son côté, le trésorier Freddy Jourdain Letembet Zhald prépare la mise en place d’un contrôle interne trimestriel, à l’image des directives prônées par la Fédération congolaise de football pour tendre vers la professionnalisation. La nomination de Kevin Ngimpio comme entraîneur principal scelle la volonté de rajeunir le banc de touche ; le technicien de 38 ans, réputé pour son pressing haut, devra toutefois composer avec un effectif peu expérimenté dans la rigueur tactique moderne.
Les enjeux pour la jeunesse sportive congolaise
Au-delà de l’enceinte du stade Alphonse Massamba-Débat, l’avenir de Saint Michel dialogue avec les aspirations d’une jeunesse brazzavilloise avide de repères. Dans un contexte où l’État encourage le sport comme vecteur de cohésion et d’employabilité, la réussite du club serait un signal fort. Selon les données du ministère des Sports, le secteur pourrait générer plus de 2 000 emplois directs d’ici 2026 si les clubs de proximité accèdent à l’élite et professionnalisent leurs structures. « Voir un staff jeune prendre des responsabilités démontre qu’il existe une place pour les cadres de 30-40 ans dans la gouvernance sportive », insiste la politologue Mélissa Tchibota, qui travaille sur l’impact socioéconomique du football urbain.
Perspectives d’une saison sous haute vigilance
La reprise des entraînements est fixée au 15 août, avec une évaluation médicale complète dont le protocole s’inspire des recommandations de la CAF en matière de prévention des troubles cardiaques. Les dirigeants promettent par ailleurs un audit des infrastructures d’ici septembre pour sécuriser le terrain d’entraînement de Mikalou, récemment touché par des inondations saisonnières. En filigrane, la montée en Ligue 1 reste l’aiguillon : la dernière tentative s’était soldée par un revers en barrages et un quart de finale de Coupe du Congo jugé trop modeste par le directoire. « Cette fois, nous voulons transformer l’essai », martèle Victor Magloire Nganguia, déterminé à faire de la saison 2024-2025 un millésime référence. Tout en réalisant leurs ambitions, les Diables de Ouenzé entendent contribuer à l’effervescence nationale autour du football, perçu comme un facteur d’unité. La balle est désormais sur la pelouse : aux joueurs, au staff et à l’encadrement de prouver que le choix de la continuité était la bonne voie vers l’excellence.