Orientation post-bac, un enjeu national stratégique
À l’amphithéâtre Taty Loubard, la ministre de l’Enseignement supérieur, Delphine Edith Emmanuel, a donné le ton en rappelant que la réussite « s’attire par l’effort et la confiance en ses propres capacités ». Derrière la formule, se dessine une priorité gouvernementale : réduire le décrochage universitaire et canaliser l’énergie intellectuelle de plus de 12 000 néo-bacheliers vers des filières porteuses. L’édition 2025 du Salon de l’information et de l’orientation matérialise ainsi la volonté de doter la jeunesse d’outils décisionnels à l’heure du choix, dans un contexte où chaque parcours individuel se lit comme une pièce du puzzle du développement national.
La présence conjointe d’universités publiques, d’établissements privés et de structures d’insertion professionnelle confirme l’approche systémique recherchée par les autorités. « L’orientation n’est plus un simple exercice administratif, c’est une phase décisive de transition sociale », a insisté le directeur général par intérim de l’Enseignement supérieur, Nicaise Léandre Ghimbi, soulignant l’enjeu stratégique du dispositif.
Des témoignages qui illustrent l’appétit des jeunes
Sur les stands, Bénédicte, 18 ans, issue d’un lycée de Pointe-Noire, confie chercher une filière d’ingénierie capable de répondre aux besoins du corridor industriel de la côte. À quelques pas, Junior, lauréat de la série D, s’entretient avec un conseiller sur les passerelles entre biologie et technologies agricoles. Le Salon fonctionne comme un miroir des aspirations d’une génération déterminée à conjuguer réussite personnelle et utilité sociale.
Les conférences thématiques, souvent pleines à craquer, témoignent de la soif d’informations fiables. Les questions récurrentes touchent à la reconnaissance des diplômes à l’international, à la possibilité de stages dès la première année et aux bourses régionales. « Nous voulons savoir où nos compétences seront réellement valorisées », résume une participante, soulignant la dimension pragmatique de ces échanges.
Politiques publiques et partenariats universitaires
Sur le plan institutionnel, le Salon traduit l’alignement progressif entre les ministères de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement technique et de l’Alphabétisation, représentés lors de la cérémonie d’ouverture. L’objectif affiché est de mutualiser les efforts pour que l’université cesse d’être perçue comme une entité isolée, mais plutôt comme un maillon essentiel de la chaîne de valeur économique congolaise.
De nouvelles conventions de stage ont été annoncées, notamment avec des entreprises du secteur pétrolier et des start-up numériques locales. Ce rapprochement vise à favoriser une adéquation durable entre formations et besoins du marché. « Former sans intégrer est un gâchis que notre économie ne peut plus se permettre », souligne un responsable académique, réaffirmant la nécessité d’un dialogue constant entre campus et entreprises.
Entrepreneuriat étudiant, catalyseur d’employabilité
Abordant la thématique de l’entrepreneuriat, le promoteur de l’Institut de Management de Brazzaville, Sylvain Yangangbwa Syoge, a rappelé que « vous n’avez pas besoin d’attendre la fin de vos études pour entreprendre ; vos talents sont déjà en vous ». À travers des études de cas, il a montré comment un étudiant peut transformer l’analyse des besoins locaux – recyclage de plastiques, e-commerce de produits agricoles – en projets viables dès la première année de licence.
Cette approche, soutenue par des incubateurs universitaires naissants, répond à un double impératif : résorber le chômage des diplômés et stimuler l’innovation endogène. Les banques partenaires proposent désormais des micro-crédits spécifiques, tandis que les dispositifs d’encadrement, mentorat et tutorat s’étoffent pour sécuriser les jeunes porteurs de projets.
Cap sur 2025 : inclusion et défis partagés
L’édition 2025 place résolument l’équité territoriale au cœur du dispositif. Des sessions virtuelles sont programmées pour les élèves des départements du Niari, de la Likouala ou de la Sangha, souvent pénalisés par l’éloignement géographique. Des navettes spéciales seront également affrétées pour la journée de clôture, afin d’assurer une participation effective des lycées ruraux.
Au-delà de la semaine d’exposition, un suivi numérique via une plateforme dédiée permettra aux bacheliers de mettre à jour leurs choix et de dialoguer avec des conseillers tout au long de l’année universitaire. Les organisateurs ambitionnent ainsi de transformer le Salon en service public continu, gage d’un accompagnement plus fin et mieux documenté.
À l’heure où le pays affirme sa volonté de bâtir une économie diversifiée, la montée en compétences d’une jeunesse formée, mobile et créative apparaît comme une condition sine qua non. Les projecteurs braqués sur l’amphithéâtre Taty Loubard rappellent que l’orientation post-bac n’est pas seulement une question d’avenir individuel ; elle participe pleinement de la trajectoire collective du Congo vers une croissance inclusive et durable.