Une mobilisation stratégique pour l’image du Congo
Dans le sillage des préparatifs du 65ᵉ anniversaire de l’accession du Congo à la souveraineté internationale, les autorités nationales entendent offrir aux visiteurs et aux citoyens une vitrine urbaine exemplaire. Le 2 juillet, Juste Désiré Mondelé, ministre de l’Assainissement urbain, du Développement local et de l’Entretien routier, a dévoilé une opération spéciale de salubrité, qualifiée d’« exceptionnelle », qui prendra effet le 5 juillet (Communication ministérielle, 2 juillet 2024). L’initiative vise à conjuguer image diplomatique et bien-être collectif, dans un contexte où le pays multiplie les efforts de modernisation de ses infrastructures.
Objectifs conjoints : civisme, propreté et modernité
Le dispositif gouvernemental ne se limite pas à un simple nettoyage de façade. Il ambitionne de promouvoir une véritable culture du civisme, de la propriété et de l’embellissement urbain, notion chère aux jeunes générations en quête d’espaces publics sûrs et attractifs. Les autorités rappellent que la salubrité est aussi un facteur d’attractivité économique, susceptible de stimuler le tourisme et les investissements, tout en renforçant le sentiment d’appartenance à la nation.
Les mairies en première ligne de l’exécution opérationnelle
Appelés à une « diligence absolue », les administrateurs-maires et les comités de gestion des marchés domaniaux devront identifier et libérer les trottoirs, carrefours, ronds-points et abords de route, souvent occupés par des activités commerciales informelles. Ils sont également chargés de mettre en fourrière les épaves de véhicules et d’assurer l’évacuation systématique des ordures. Cette chaîne d’actions, hautement coordonnée, traduit la volonté de l’État de restaurer son autorité sur l’espace public tout en impliquant les collectivités locales.
La pédagogie avant la contrainte, credo du ministre Mondelé
« À partir de vendredi, la force publique procédera à une descente pédagogique », a déclaré le ministre, insistant sur la dimension préventive de l’opération. La pédagogie, selon lui, consiste à informer les commerçants et riverains qu’aucune tolérance ne sera accordée dès le samedi suivant. Cette approche graduelle illustre un équilibre entre fermeté et dialogue, destiné à encourager l’adhésion populaire sans provoquer de ruptures sociales. Pour beaucoup de jeunes entrepreneurs urbains, cette période offre l’opportunité de repenser leurs implantations commerciales dans un cadre légal.
Un rappel historique des précédentes campagnes
L’initiative actuelle s’inscrit dans la continuité de l’opération « Ensemble, gardons nos villes propres » lancée le 29 octobre 2023. À l’époque, la population avait massivement soutenu la libération des artères, une dynamique saluée tant par les collectivités que par les partenaires internationaux. Toutefois, la réapparition de dépôts sauvages et la recrudescence des occupations anarchiques démontrent l’ampleur du défi comportemental. L’expérience passée sert désormais de référence pour affiner la stratégie, en privilégiant un suivi régulier et des actions correctives ciblées.
Défis persistants et réponses institutionnelles renouvelées
Malgré les avancées, certaines pratiques subsistent : stockage de matériaux sur les emprises publiques, installation de hangars de fortune ou stationnement prolongé d’épaves routières. Ces obstacles traduisent moins une résistance organisée qu’une inertie sociétale liée à l’urbanisation rapide. Pour y répondre, le gouvernement s’appuie sur un arsenal juridique renforcé et sur des campagnes de sensibilisation qui impliquent les organisations de jeunesse, les associations de quartiers et les médias communautaires. L’objectif est d’ancrer le réflexe de propreté dans les habitudes quotidiennes.
Vers un héritage urbanistique durable pour la jeunesse congolaise
Au-delà de la célébration à venir, la démarche gouvernementale se projette dans la durée. Libérer les trottoirs, sécuriser les carrefours et éliminer les dépôts d’ordures participent d’un programme plus vaste de modernisation urbaine, porteur d’opportunités économiques pour les jeunes. Des initiatives d’entrepreneuriat vert, de recyclage et de gestion des déchets commencent déjà à émerger, soutenues par des partenariats publics-privés. La campagne actuelle entend catalyser ces dynamiques, afin que, pour les 65 ans de l’indépendance, chaque citoyen puisse constater les bénéfices concrets d’une ville propre et inclusive.