Une fédération capitale pour le maillage territorial
La Sangha, longtemps considérée comme un laboratoire électoral du Parti congolais du travail, occupe une place singulière dans la cartographie politique nationale. Les scrutins législatifs et sénatoriaux les plus récents s’y sont soldés par une représentation intégrale en faveur du PCT, rappelant la solidité d’un ancrage forgé au fil de décennies d’engagement partisan. Pourtant, cette réussite arithmétique ne saurait masquer les tensions internes qui, ces derniers mois, ont ébréché l’image d’une formation réputée pour sa discipline collective.
Des divergences internes désormais assumées
Programmée initialement à Ouesso, la réunion stratégique du 31 juillet a finalement migré vers l’amphithéâtre national de Mpila, symbole d’une volonté de replacer les débats sous l’autorité directe du secrétariat général. Autour de Pierre Moussa, les figures de proue de la fédération – Georges Metoul, Ghislain Thierry Maguessa Ebomé, Arnaud Accel Ndinga Makanda, Henri Zoniaba ou encore Carrel Léonidas Mottom Mamoni – ont posé un diagnostic sans fard. Intrigues persistantes, accès de rivalité entre notables et soupçons de mise à l’écart de certaines sensibilités : le constat dressé renvoie à une fragmentation potentiellement préjudiciable à la préparation du 6ᵉ congrès et, au-delà, à la présidentielle de 2026.
Pierre Moussa trace la voie de l’unité offensive
D’un ton volontairement didactique, le secrétaire général a rappelé que « l’unité, la cohésion et la discipline constituent l’ossature de nos victoires successives ». L’objectif, a-t-il insisté, n’est pas seulement de maintenir les acquis, mais d’amplifier l’influence du parti en consolidant le maillage local. Cette démarche suppose, selon lui, l’abandon de tout comportement de défiance susceptible d’alimenter un récit de division. L’appel s’est voulu inclusif : chaque cadre, quel que soit son rang, est invité à participer à la codification d’une culture de la solidarité, condition sine qua non pour « affronter victorieusement les échéances politiques qui se profilent ». La perspective du congrès, annoncé avant la fin de l’année, apparaît de fait comme un test grandeur nature de la capacité de la fédération à parler d’une seule voix.
L’arrivée stratégique d’un commissaire politique
Dans ce contexte, la nomination de Michel Mahinga au poste de commissaire politique pour la Sangha revêt un caractère plus que symbolique. Chargé de la veille idéologique et du relais entre la base et la direction nationale, il aura pour mission de traduire en actes la réconciliation scellée à Mpila. L’intéressé, qui a longtemps travaillé sur les questions de mobilisation de la jeunesse rurale, devra concilier la rigueur organisationnelle exigée par le parti et l’écoute des légitimes attentes locales. Interrogé à la sortie de la séance, un délégué confiait : « La tâche sera ardue, mais la Sangha ne peut se permettre d’offrir au pays le spectacle de la discorde à la veille de rendez-vous politiques décisifs. »
Cohésion locale, stabilité nationale
Au-delà des périmètres strictement partisans, la démarche porte un enjeu de stabilité pour l’ensemble du Congo. Dans un message lu à l’assemblée, le préfet Édouard Denis Okouya a rappelé que la paix demeure un bien commun qu’il convient de préserver avec la même vigilance que celle déployée pour l’unité intrapartisane. Cet appel à la responsabilité résonne avec les orientations nationales privilégiant la concorde et la gouvernance inclusive. En filigrane, la fédération PCT-Sangha espère transformer son sursaut d’orgueil en vecteur de cohésion susceptible d’irriguer d’autres départements. L’heure est à la réaffirmation collective : sur le chemin menant au congrès, puis vers la présidentielle de 2026, chaque voix compte, chaque geste de fraternité pèse. L’avenir dira si le compromis trouvé à Brazzaville aura, dans la durée, la portée d’un pacte refondateur ou s’il devra être sans cesse réactualisé au rythme des défis que pose toute vie politique moderne.