Un pacte continental au service de la santé publique
En s’engageant, à Dakar, à conjuguer leurs moyens et expertises, l’Association Galien Africa et le Réseau des Médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement ont posé un jalon stratégique pour le continent. L’accord, signé pour deux années renouvelables, reconnait explicitement la nécessité de faire converger recherche, communication et engagement citoyen autour des enjeux sanitaires majeurs, qu’il s’agisse des maladies transmissibles, des crises environnementales ou de la préparation aux pandémies. Aussi bien les représentants gouvernementaux présents que les partenaires internationaux ont salué ce rapprochement, y voyant une réponse concrète aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé relatives au renforcement des systèmes d’information (OMS, 2023).
Médias africains, nouveaux vecteurs de prévention
La convention érige la communication en pierre angulaire des politiques publiques. « La communication n’est pas une option mais un médicament social », a déclaré M. Bamba Youssouf, président du Remapsen, rappelant que la prévention repose d’abord sur la circulation de données exactes et contextualisées. Dans un environnement informationnel marqué par la vitesse des réseaux sociaux, l’alliance souhaite doter les rédactions africaines de ressources scientifiques vérifiées afin de neutraliser les fausses rumeurs sanitaires. Au Congo-Brazzaville, cette démarche trouve déjà un écho : la Cellule de Veille du ministère de la Santé et de la Population collabore régulièrement avec des influenceurs certifiés pour relayer les directives officielles pendant les campagnes de vaccination.
Formation continue : un pari sur le capital humain
Au-delà de la simple diffusion de communiqués, l’accord prévoit un ambitieux programme de renforcement des compétences. Des ateliers de data journalisme sanitaire, des webinaires sur l’impact de la pollution atmosphérique et des sessions de fact-checking seront proposés aux reporters affiliés. La professeure Awa Marie Coll Seck, présidente de Galien Africa, a insisté sur « l’urgence d’armer les journalistes de terrain face à la complexité croissante des données épidémiologiques ». Selon elle, un journaliste formé aux bases de l’épidémiologie descriptive pourra traduire en langage accessible les courbes d’incidence, soutenant ainsi les décisions individuelles et collectives. Les jeunes reporters congolais, souvent polyvalents, y verront une opportunité de spécialisation valorisante sur le marché régional de l’emploi.
Dakar 2025 : le Prix Galien Afrique en vitrine
Point d’orgue de la coopération, le Prix Galien Afrique – programmé du 28 au 31 octobre 2025 – servira de laboratoire grandeur nature. Le Remapsen s’est engagé à assurer une couverture médiatique multilingue, allant du reportage audiovisuel immersif aux podcasts analytiques, afin de rendre compte des innovations pharmaceutiques et biotechnologiques. Pour la jeunesse congolaise, ces formats participeront à démystifier la recherche clinique et à encourager les carrières scientifiques, un axe soutenu par le Plan national de développement 2022-2026. Comme le rappelle la directrice de la Recherche pharmaceutique du Congo, « la visibilité d’une découverte stimule autant la fierté nationale que la volonté d’innover ».
Une dynamique alignée sur les priorités congolaises
L’accord intervient dans un contexte où Brazzaville consolide son dispositif de santé communautaire. Les cliniques mobiles, déployées depuis 2020 dans les districts semi-urbains, reposent sur un principe similaire : porter le message sanitaire au plus près des populations. L’appui méthodologique et médiatique du Remapsen permettra de documenter les bonnes pratiques, d’identifier les goulots d’étranglement logistiques et de valoriser les résultats obtenus par les personnels de santé congolais. De plus, la dimension environnement participera à une meilleure intégration des indicateurs climatiques dans les plans locaux d’adaptation, conformément aux lignes directrices élaborées par le ministère de l’Environnement, du Développement durable et du Bassin du Congo.
Perspective durable au-delà des deux premières années
Si la convention initiale couvre une période de vingt-quatre mois, les signataires évoquent déjà son prolongement. Il est question de créer un observatoire panafricain des médias santé-environnement, doté d’un tableau de bord collaboratif et d’un fonds de bourses destiné aux jeunes rédacteurs. L’objectif assumé est de pérenniser les synergies tout en préparant la relève, dans un continent où plus de 60 % de la population a moins de 25 ans. Dans cette perspective, la République du Congo pourrait, forte de son expérience institutionnelle, accueillir en 2026 une conférence régionale sur la diplomatie scientifique, positionnant Brazzaville comme plaque tournante de la santé publique francophone. En misant sur l’alliance entre expertise médicale, rigueur journalistique et engagement environnemental, l’accord Galien-Remapsen offre ainsi un modèle de gouvernance collaborative adapté aux défis de ce siècle.