Fin de session et enjeux immédiats
Sous les plafonds historiques du Palais des congrès, Isidore Mvouba a baissé le maillet final de la neuvième session ordinaire, marquant une étape charnière pour la jeune législature et rappelant aux députés leur devoir d’accompagnement sans complaisance de l’action gouvernementale.
Devant un hémicycle quasiment plein, le président de la chambre basse a comparé le rôle de la représentation nationale à celui d’un défenseur collant à l’attaquant, invitant les élus à « marquer le gouvernement à la ceinture » pour garantir transparence budgétaire et performance publique.
Un bilan législatif dense
Trente-deux affaires ont occupé l’agenda des députés durant trois mois de travaux intensifs, un volume qui illustre, selon plusieurs observateurs, la montée en régime d’une institution souvent critiquée par la société civile pour son rythme parfois en décalage avec les urgences nationales.
Vingt-sept textes ont finalement été adoptés, allant de la modernisation du cadre douanier à la réglementation des transports fluviaux, en passant par des réformes ciblées sur l’environnement des affaires afin de soutenir la relance post-Covid et l’engagement vis-à-vis des objectifs régionaux fixés par la CEMAC.
Isidore Mvouba a salué l’esprit d’initiative des parlementaires à l’origine de propositions de loi, soulignant que cet élan d’écriture normative traduit la volonté d’ancrer la pratique démocratique au-delà de la simple ratification des projets issus de l’exécutif.
Des hôpitaux au cœur des attentes sociales
Deux textes très attendus autorisent la création des hôpitaux généraux de Sibiti et de Ouesso, équipements structurants promis depuis plusieurs années et dont l’inauguration par le chef de l’État est annoncée pour les prochains mois, selon le ministère de la Santé.
Pour nombre de jeunes diplômés en médecine, l’ouverture de ces plateaux techniques représente une bouffée d’oxygène, tant en matière d’emplois qualifiés que de soins de proximité dans des départements longtemps exposés aux évacuations sanitaires coûteuses vers Brazzaville ou l’étranger.
La coopération fiscale Congo-Türki̇ye
Autre dossier validé, la convention fiscale signée à Ankara en novembre 2024 vise à éviter la double imposition et à sécuriser les investisseurs des deux pays, confirmant l’intérêt grandissant des groupes turcs pour les secteurs congolais du BTP, du textile et de l’agro-industrie.
Selon un économiste du Centre d’études prospectives de Brazzaville, « l’accord ouvre la voie à des co-entreprises capables de transférer des compétences, surtout dans la fabrication de matériaux locaux et la formation technique d’une jeunesse avide de débouchés stables ».
Renforcer le climat des affaires
La session s’est également penchée sur les indicateurs Doing Business, encore perfectibles malgré le retour progressif de la croissance nationale à plus de 4 %, porté par la diversification hors pétrole et par les chantiers d’infrastructures routières cofinancés avec la Banque africaine de développement.
Dans l’hémicycle, plusieurs députés de la commission économie ont insisté sur la nécessité de simplifier les procédures de création d’entreprise, citant le cas d’un jeune développeur de Pointe-Noire ayant mis six mois pour obtenir son registre de commerce, un délai jugé dissuasif.
Le gouvernement a rappelé, par la voix du ministre des Finances, l’entrée prochaine en vigueur d’une plateforme numérique unique pour le paiement des taxes, censée réduire la corruption de guichet et améliorer la perception des recettes sans alourdir la pression fiscale sur les PME.
Les députés ont entériné un fonds de garantie pour les start-ups numériques, doté de dix milliards de francs CFA, initiative que l’incubateur BantuHub considère déjà comme un puissant catalyseur d’innovation.
Le contrôle parlementaire en action
Au-delà des votes, l’Assemblée projette d’intensifier les missions d’information sur le terrain, notamment dans les chantiers d’interconnexion électrique et les zones d’exploitation forestière, afin d’évaluer l’impact réel des politiques publiques sur l’emploi local et la préservation de la biodiversité.
Un rapporteur de la commission développement durable estime que ces descentes permettront d’identifier plus tôt les blocages administratifs et d’adresser au gouvernement des recommandations étayées, dans un esprit de partenariat plutôt que de confrontation.
Jeunesse et participation citoyenne
Sur les réseaux sociaux, la clôture de la session a généré des milliers de commentaires, certains saluant la multiplication des directs vidéo depuis l’hémicycle, initiative qui rapproche, selon un blogueur, « une institution longtemps perçue comme lointaine des préoccupations quotidiennes des jeunes ».
Des associations étudiantes plaident désormais pour la publication en open data des résultats des votes et la mise en place d’une application mobile permettant à chaque citoyen de suivre en temps réel l’exécution des lois, démarche que la présidence de l’Assemblée dit étudier.
Perspectives de la prochaine session
La session budgétaire, attendue en octobre, devrait se concentrer sur la rationalisation des subventions et la révision de la fiscalité minière afin d’accroître les recettes tout en stimulant les investissements verts, a confié un conseiller technique au journal.
En attendant, les députés regagneront leurs circonscriptions pour rendre compte à leurs électeurs, dans une démarche de proximité que le président Mvouba souhaite voir devenir la norme d’une gouvernance participative, gage à ses yeux de stabilité et de confiance mutuelle.
