Un cinquième chapitre déjà très attendu
Depuis son coup d’envoi en 2022, le Festival international de poésie urbaine Slamouv trace une trajectoire fulgurante, passant du statut d’initiative locale à celui de rendez-vous continental puis mondial en l’espace de quatre éditions.
Pour l’édition 2026, la direction artistique table sur la participation d’une quarantaine d’artistes ainsi que d’un public encore plus diversifié, attiré par l’énergie créative propre à Brazzaville et par la notoriété croissante de l’événement.
En seulement cinq jours d’appel à candidatures, 105 dossiers provenant des cinq continents ont afflué, un chiffre salué par l’équipe organisatrice comme « une preuve vivante de l’écho planétaire de la parole slam ».
« Le comité de sélection aura du pain sur la planche, mais c’est une délicieuse responsabilité », a glissé Mariusca Moukengue, fondatrice du festival et figure de la scène slam congolaise.
Un appel mondial qui dépasse les frontières
L’invitation s’adresse aux slameurs, poètes de scène, conteurs et artistes de la parole, qu’ils s’expriment en lingala, en swahili, en créole, en anglais ou en espagnol ; la seule règle est de porter haut la voix et l’émotion.
Cette ouverture linguistique reflète la conviction de l’équipe : la poésie urbaine se nourrit de la pluralité des imaginaires, et c’est dans la rencontre des accents que jaillissent les étincelles créatives les plus puissantes.
Chaque dossier doit contenir une biographie, une note d’intention, deux vidéos de performances et deux photos, afin de permettre au jury d’évaluer la présence scénique autant que la profondeur du propos.
Les organisateurs rappellent que les candidats peuvent envoyer leurs éléments jusqu’au 1ᵉʳ novembre à l’adresse officielle du festival, avant qu’un comité pluridisciplinaire n’établisse la liste finale des invités.
Des candidatures en ligne jusqu’au 1ᵉʳ novembre
Le processus reste entièrement numérique : un choix assumé pour limiter l’empreinte carbone des échanges tout en facilitant la participation d’artistes éloignés géographiquement ou disposant de moyens réduits pour expédier du matériel physique.
Une fois la plateforme close, le jury analysera chaque proposition sous l’angle de l’originalité, de la pertinence du texte et de la capacité à embarquer un public intergénérationnel, trois critères devenus la signature Slamouv.
Les résultats seront annoncés début janvier 2025, laissant plus d’un an aux artistes retenus pour peaufiner leurs créations, trouver des soutiens locaux et préparer une scénographie adaptée aux grandes scènes brazzavilloises.
Pour ceux qui ne seront pas sélectionnés, des passerelles restent possibles : scènes ouvertes, ateliers d’écriture et résidences parallèles sont prévues afin de faire vivre l’esprit de partage au-delà de la programmation principale.
Un thème qui fait battre le cœur des slameurs
Sous la bannière « Slamer pour vivre ! », la 5ᵉ édition interroge la parole comme outil vital : exister, résister, rêver ou panser ses blessures passe d’abord par la voix, martèlent les organisateurs.
Pour Moukengue, il s’agit de « réaffirmer le pouvoir du verbe dans un monde saturé d’images, où parler franc peut sauver une vie ou un quartier ». Des ateliers consacrés à la santé mentale et à la cohésion sociale jalonneront donc la programmation.
Le thème encourage également les performeurs à explorer des sujets parfois intimes : migrations, identités plurielles, écologie urbaine ou solidarités numériques, autant de terrains de jeu pour une génération passionnée par le storytelling.
Cette orientation confirme la vocation militante, mais toujours inclusive, d’un festival qui revendique son ancrage à la fois populaire et exigeant, sans céder à la facilité des slogans vides.
Brazzaville, capitale du verbe en 2026
Le choix de Brazzaville n’est pas anodin : la capitale congolaise, qui accueille déjà le Festival Panafricain de Musique, se profile comme un hub culturel incontournable du Bassin du Congo.
Ses places mythiques, de la promenade de la Corniche au quartier Bacongo, se transformeront en scènes éphémères, permettant aux habitants d’entendre des voix venues de Tokyo, Buenos Aires ou Lagos au détour d’une rue.
Les professionnels du tourisme espèrent un afflux de visiteurs, attirés autant par la programmation slam que par la scène culinaire et les quartiers animés de la ville, réputés pour leur hospitalité et leurs nuits festives.
Les autorités locales, partenaires logistiques de l’événement, affirment : « Accueillir la jeunesse créative du monde souligne le dynamisme de Brazzaville et contribue à stimuler l’économie culturelle et la cohésion sociale ».
Une organisation en mode XXL
Pour cette cinquième édition, l’association Slamourail mise sur une scénographie hybride, combinant mapping, réseaux sociaux en direct et podcasts quotidiens, afin de toucher un public connecté au-delà des frontières physiques.
Les organisateurs ont déjà entamé des discussions avec des opérateurs télécoms pour assurer des livestreams en qualité optimale, permettant à la diaspora congolaise de suivre les joutes verbales presque en temps réel.
Des formations express au storytelling numérique seront proposées aux artistes invités, leur donnant des clés pour étendre leur portée sur TikTok, Instagram et Spotify, et ainsi pérenniser l’impact de leurs textes après le festival.
En attendant avril 2026, l’appel résonne comme un battement de tambour : à vos micros, stylos, smartphones ! La scène brazzavilloise promet un souffle poétique à vivre, à applaudir et surtout à partager.
