Un rendez-vous statistique décisif pour la santé congolaise
Le 20 juin 2025, la salle de réunion de l’Institut National de la Statistique a résonné d’un concentré d’expertise et d’anticipation. Autour de la table, le Comité de pilotage de la troisième Enquête Démographique et de Santé, présidé par le Directeur de cabinet du Ministre de l’Économie, a posé les jalons d’une opération qui façonnera les politiques publiques de la décennie à venir. Au-delà de la solennité protocolaire, l’instant traduit la conviction grandissante que la donnée fiable reste la meilleure des médecines préventives.
Une coordination institutionnelle consolidée
Le schéma de gouvernance retenu illustre un partenariat équilibré entre acteurs nationaux et partenaires techniques. L’INS assure la maîtrise d’ouvrage, tandis que Catholic Relief Services, le Fonds mondial et la Banque mondiale, au travers des projets KOBIKISSA et HISWACA, mobilisent un financement à la hauteur de l’ambition. « Une architecture collaborative qui garantit l’indépendance analytique tout en sécurisant les ressources », confie un cadre du ministère du Plan, saluant la rigueur méthodologique imposée par l’International Coaching Federation.
Des innovations méthodologiques au service de la santé publique
L’édition 2025 franchit un cap technologique : pour la première fois, les questionnaires standardisés seront enrichis de tests biologiques rapides de dépistage du paludisme et du VIH. Cette double entrée, statistique et clinique, devrait affiner l’estimation de la prévalence et orienter les campagnes de sensibilisation avec une acuité inédite. Dans un contexte où le fardeau du paludisme demeure prononcé chez les 15-35 ans, la valeur ajoutée de ces biomarqueurs pourrait s’avérer déterminante, comme le souligne le rapport analytique provisoire du Fonds mondial.
De la cartographie aux biomarqueurs : le terrain sous contrôle
La mécanique opérationnelle s’appuie sur un calendrier millimétré. Cartographes et énumérateurs sillonnent depuis fin mai les quartiers urbains et les localités rurales afin de géoréférencer chaque ménage cible avec une précision GPS. Les superviseurs, déployés en continu, veillent à l’application stricte des protocoles de collecte et des standards éthiques. Parallèlement, les dispositifs de chaîne du froid, nécessaires à la conservation des échantillons sanguins, sont acheminés dans les antennes régionales, prémunissant les analyses de toute altération.
Jeunesse et participation : vers un engagement sanitaire responsable
Fait notable, plus de 60 % des agents enquêteurs retenus sont âgés de moins de trente ans. Ce choix, présenté comme « une fenêtre d’employabilité et de responsabilisation citoyenne », aligne le projet sur les aspirations d’une génération avide de compétences numériques et de contribution sociale. Au-delà du périmètre de l’enquête, les connaissances acquises – de la manipulation de tablettes sécurisées à l’entretien confidentiel – forgeront un vivier de professionnels de terrain utiles aux prochaines enquêtes agricoles, environnementales ou éducatives.
Perspectives de développement et souveraineté statistique
En consolidant son infrastructure de collecte, le Congo se rapproche des standards de la Commission de statistique des Nations unies. L’État se dote par la même occasion d’un référentiel pour arbitrer les priorités budgétaires entre santé maternelle, nutrition infantile et lutte contre les maladies transmissibles. La communauté internationale y voit la confirmation d’une souveraineté statistique émergente ; les autorités nationales y lisent l’opportunité d’optimiser la dépense publique et de renforcer la redevabilité.
Cap sur 2030 : la planification sanitaire comme levier d’avenir
À l’horizon 2030, les projections du Plan national de développement misent sur un recul substantiel de la mortalité infantile et sur la réduction de moitié de la transmission du VIH. L’EDSC-III servira de ligne de base pour mesurer ces engagements et ajuster les interventions communautaires. « Nos politiques seront désormais pilotées par la preuve plutôt que par l’intuition », résume un haut fonctionnaire de la Direction générale de la santé, rappelant que la fiabilité des indicateurs reste l’épine dorsale de toute stratégie crédible. L’enquête n’est donc pas une simple photographie, mais l’amorce d’une cinématographie statistique au service du bien-être collectif.