Contexte des réformes du transport terrestre
Le vrombissement des taxi-motos rythme les artères de Brazzaville et Pointe-Noire depuis plus d’une décennie. Véritable poumon de la mobilité urbaine, ce mode de transport a pourtant longtemps échappé à un cadre formel clair, laissant place à l’anarchie et aux risques pour les usagers.
Face à cette réalité, la ministre des Transports, Olga Ingrid Ebouka Babackas, a lancé un train de réformes en 2025 afin d’organiser le secteur. Chargé de leur mise en œuvre, le directeur général du transport terrestre, Mopaya Atali, a présenté les grandes lignes devant la presse le 14 octobre.
Nouvelles cartes grises et plaques TAXI
Première nouveauté : l’arrivée d’un modèle de carte grise réservé aux motocycles affectés au transport public de personnes ou de marchandises. Le document comporte désormais un code spécifique pour une identification instantanée par les forces de l’ordre et les services de contrôle.
Dans la foulée, une plaque d’immatriculation distincte, frappée du libellé TAXI suivi d’un numéro et des lettres du département, voit le jour. « Une fois l’enregistrement bouclé, le récépissé porte déjà le numéro TAXI 001 », a illustré Mopaya Atali, brandissant un échantillon à la tribune.
Professionnaliser et sécuriser les taxi-motos
Pour l’autorité, la réforme vise à « professionnaliser et sécuriser l’activité de taxi-moto ». Le nouveau règlement s’applique autant aux deux roues qu’aux tricycles, afin de clarifier le statut des transporteurs et de contrer l’informel flou qui compliquait toute traçabilité.
En plus de la plaque dédiée, chaque machine devra disposer d’un dossier administratif complet : facture d’achat, pièce d’identité, permis de conduire catégorie A. Sans ces pièces, aucune carte grise ne sera émise et, par ricochet, aucun numéro TAXI attribué.
Le ministère veut également réserver l’exploitation aux groupements d’intérêt économique agréés. « Le but est de sauver des vies et d’instaurer l’ordre », a insisté le DGTT, rappelant que l’agrément s’obtient après examen du dossier et engagement de respecter les normes de sécurité.
Démarches obligatoires et échéances à tenir
Les opérateurs disposent d’un compte à rebours clair. Toute personne morale détentrice ou candidate à un agrément doit se présenter à la Direction générale des transports terrestres avant le 30 octobre 2025 pour régulariser sa situation.
Pour les particuliers, la démarche commence par la constitution du dossier carte grise auprès des directions départementales. Les services promettent un traitement accéléré afin que les premiers lots de plaques TAXI circulent dès le premier trimestre 2026.
Mopaya Atali encourage les conducteurs à ne pas attendre la dernière minute. « L’activité n’est ni arrêtée ni suspendue ; nous encadrons simplement le processus pour que chacun roule en règle », a-t-il rassuré, invitant les concernés à se rapprocher des guichets.
Examens de permis de conduire prévus en 2025
Parallèlement, les épreuves du permis auront lieu en décembre 2025 sur tout le territoire. Seuls les dossiers transmis par des auto-écoles, moto-écoles ou centres de formation agréés seront recevables, ce qui exclut désormais les candidatures libres.
Les centres non accrédités devront donc inscrire leurs élèves auprès d’établissements conformes. La DGTT insiste : aucun compromis ne sera fait sur la qualité de la formation, condition sine qua non pour réduire les accidents impliquant les deux roues.
Enjeux pour la sécurité routière et l’économie
Selon les chiffres de la police routière, les motos représentent plus d’un quart des accidents enregistrés dans la capitale. L’identification rapide des conducteurs et la vérification automatique de leur permis devraient faciliter la prévention et les enquêtes.
Sur le plan économique, la formalisation ouvre la porte à de nouveaux services d’assurance et de micro-crédit dédiés aux conducteurs. Plusieurs fintechs locales envisagent déjà des offres ciblées, misant sur la fiabilité des données fournies par la nouvelle base d’immatriculation.
Paroles d’opérateurs et perspectives
Junior, président d’un collectif de chauffeurs de Mfilou, se dit confiant : « Les plaques TAXI nous donneront plus de respect et attireront la clientèle qui hésitait. Nous avons juste besoin d’un accompagnement pour les frais initiaux. »
De son côté, Armelle Mapata, propriétaire d’une flotte de dix motos, voit l’intérêt financier : « Avec l’agrément, nous pourrons négocier des partenariats avec des plateformes de livraison. Les banques accepteront plus facilement notre business plan. »
La DGTT table enfin sur une généralisation progressive des plaques TAXI d’ici 2027. D’ici là, les usagers pourront identifier en un clin d’œil les professionnels autorisés, gage d’un urban ride plus sûr et plus ordonné pour tous.
