Planting géant au bord du Trou de Dieu
À cinq kilomètres de Kinkala, le site spirituel surnommé « le Trou de Dieu » a troqué, le temps d’une matinée, son silence méditatif pour l’effervescence des pelles et bottes. Plus de mille jeunes plants y ont pris racine sur deux hectares fraîchement défrichés.
L’événement, placé sous le signe de la responsabilité environnementale, marque l’ouverture locale de la trente-neuvième Journée nationale de l’arbre. Dans le Pool, planter n’est pas qu’un geste vert : c’est aussi une promesse de paix durable et de solidarité communautaire.
Une 39e Journée nationale de l’arbre très suivie
Instaurée en 1986, la Journée nationale de l’arbre rappelle chaque 6 novembre l’engagement du Congo pour la reforestation. L’édition 2025, célébrée sous le thème « Un arbre, une forêt, une plantation pour un Congo florissant », a connu une participation record dans le département.
Des élèves en uniforme bleu, des prêtres, des artistes de Brazzaville et des sages de Ngoma Tsé-Tsé ont convergé vers le Trou de Dieu, répondant à l’appel du préfet Jules Mounkala-Tchoumou et de la présidente du Grace, Bélinda Ayessa.
Le Baobab de la paix, symbole fort
Moment phare : la mise en terre d’un majestueux plant de baobab baptisé « Baobab de la paix ». Le geste rappelle le rôle du président Denis Sassou Nguesso, régulièrement salué pour avoir rétabli la stabilité dans le Pool après les troubles passés.
« Comme le baobab, la paix doit être éternelle », a insisté le préfet devant l’assemblée, invitant chaque habitant à protéger l’arbre comme on préserve l’harmonie sociale. Les applaudissements ont résonné longtemps entre les collines, mêlés aux chants traditionnels lari.
Mobilisation des autorités locales et associatives
Casquette kaki vissée sur la tête, Jules Mounkala-Tchoumou a planté le premier terminalia, souriant sous l’objectif des smartphones. À ses côtés, Bélinda Ayessa a enfoncé un frangipanier, soulignant que « l’arbre, c’est la vie » et que chaque citoyen peut reproduire le geste chez lui.
Le Grace avait dépêché une cinquantaine de volontaires en gilets verts. L’association se dit prête à suivre les plants trois ans durant pour garantir leur survie.
Les jeunes du Pool en première ligne
Armés de houes, des collégiens de Mindouli ont appris à reconnaître acajou, iroko, teck, manguier. Pour eux, c’était une journée d’école différente, vivante et parfumée de terre humide.
Les scouts de Kinkala ont, eux, improvisé un slam écologique. Ils rappellent que le Congo possède 22 millions d’hectares de forêts et que chaque arbre supplémentaire renforce l’« Amazonie africaine ». Leur refrain tourne déjà sur TikTok, porté par le hashtag #BaobabPeace.
Paroles de responsables et spiritualité locale
Le prêtre de la paroisse Saint-Esprit a béni les plantations, insistant sur la complémentarité entre foi et écologie : « Dieu confie la création à notre garde ». Dans cette cuvette naturelle surnommée Trou de Dieu, la dimension spirituelle galvanise les participants, croyants ou non.
Plusieurs anciens racontent qu’un feticheur découvrit jadis la cavité, devenue lieu de pèlerinage. Ses abords serviront désormais de pépinière pilote. Une manière, selon eux, de concilier rites ancestraux et science forestière, tout en créant un nouvel attrait touristique pour le district.
Vers un Congo plus vert et florissant
Selon les services départementaux de l’Environnement, le Pool veut reboiser dix mille hectares d’ici 2030 pour renforcer les puits de carbone et protéger les sources d’eau. Le millier d’arbres du Trou de Dieu en constitue la première pierre tangible.
La Direction générale des forêts rappelle qu’un arbre mature peut absorber jusqu’à 22 kg de CO₂ par an. À l’échelle des mille plants, cela équivaut, à terme, aux émissions annuelles de plus de 150 motocyclettes urbaines, selon l’Organisation météorologique mondiale.
Défi environnemental et opportunités économiques
Au-delà du climat, les essences choisies offrent des débouchés futurs. Teck et iroko, très prisés en menuiserie, pourraient générer des revenus pour les collectivités d’ici vingt ans. Manguiers et safoutiers assureront, eux, des récoltes alimentaires dès la cinquième année.
« Planter, c’est investir », résume la technicienne forestière Mireille Mabiala, venue superviser la fosse de compost. Elle rappelle que les filières vertes créent déjà 4 000 emplois directs durables au Congo et pourraient doubler d’ici 2028 si chaque district lance un projet similaire.
La suite : protéger, entretenir, transmettre
Les équipes du Grace ont noté les coordonnées GPS de chaque plant et installeront des sacs biodégradables d’hydro-gel pour garder l’humidité pendant la saison sèche. Une quarantaine de riverains se sont inscrits pour arroser à tour de rôle.
En avril prochain, un concours photo sur Instagram récompensera la meilleure croissance, histoire de garder la communauté engagée. « Le trajet ne s’arrête pas au planting », sourit Bélinda Ayessa, qui promet d’y revenir chaque trimestre avec des outils de suivi.
Un agenda vert partagé
Avant de quitter le site, les officiels ont signé sur une fresque en toile la phrase « Je protège mon arbre, je protège ma paix ». Le dessin parcourra les écoles du département pour sensibiliser encore plus de jeunes.
Le rendez-vous est déjà pris pour novembre 2026 : un nouveau hectare sera ouvert, porté par la même dynamique. D’ici là, les plants du Trou de Dieu grandiront, gardiens feuillus d’un pacte vert qui unit foi, culture et développement.
