Aperçu du Festival Tuseo 2025
Brazzaville a encore prouvé qu’elle sait rire aux éclats. Du 23 au 25 octobre 2025, la salle Savorgnan De Brazza de l’Institut français du Congo s’est transformée en boîte à gags XXL grâce à la 18e édition du Festival international du rire Tuseo.
Avec le slogan « Rions en grand », l’événement a déclenché trois jours de fou rire non-stop qui ont fait vibrer les stories Instagram, les statuts WhatsApp et le TikTok congolais, confirmant son statut de rendez-vous incontournable pour la jeunesse urbaine.
Brazzaville vibre trois nuits de stand-up
Chaque soir, la climatisation peinait à calmer la chaleur du public qui couvrait d’applaudissements les enchaînements de sketches, d’improvisations et d’interactions directes avec la salle, autant de formats courts taillés pour une génération habituée aux vidéos de moins d’une minute.
Le chanteur tradi-moderne Serro Kassa a brillé avec son Kingoli, fusionnant rythmes congolais et vannes piquantes, preuve qu’on peut danser et pouffer en même temps sans perdre le tempo.
Mosaïque d’humoristes africains et antillais
Tuseo 2025 a offert un carrefour francophone inédit: Guinée, Mali, Gabon, RDC, Guyane et bien sûr Congo-Brazzaville. Chaque artiste a importé ses références, ses accents, ses tics de langage, mais tous parlaient la même langue, celle qui fait plier un auditoire en deux secondes.
« Le public a répondu présent. Là où les gens ne rient pas, c’est une veillée », a résumé l’incontournable Juste Parfait, véritable idole locale dont les punchlines tournent déjà en audio sur Messenger.
La Guyane s’est invitée pour la première fois dans l’aventure grâce au stand-upper Kriss Fayah, tandis que Bukavu envoyait la star RDCienne Papa Dan. Pour la fondatrice Lauryathe Bikouta, cette diversité incarne « une solidarité rieuse entre peuples frères ».
Des talents locaux boostés à l’adrénaline
Le public brazzavillois venait aussi pour Eddy Bayo, militant d’un humour d’observation hyper-congolais. Entre files d’attente interminables à Moungali et coupures de courant impromptues, chaque anecdote déclenchait une ovation dont le volume rivalisait avec la sono.
Sur scène, l’autodérision devient super-pouvoir. Les artistes transforment les petits tracas du quotidien en matière première, rappelant que rire, c’est aussi résister au stress et renforcer le vivre-ensemble, surtout dans une capitale en pleine croissance démographique.
Tuseo, vingt-et-un ans et déjà globetrotter
Né en 2004, Tuseo célèbre vingt-et-un ans d’existence et un palmarès impressionnant. Deux éditions se sont déjà tenues en Europe, signe que l’événement exporte l’esprit Brazzaville au-delà des fleuves et des frontières tout en gardant son quartier général au bord du Congo.
« Nous voulons que le monde découvre la joie de vivre congolaise », confie Bikouta, lunettes rouges sur le nez, entre deux selfies avec les fans. Son équipe planche déjà sur une prochaine tournée africaine, avant de viser l’Amérique latine.
Impact social et perspectives 2026
Au-delà des éclats de rire, le festival multiplie les ateliers d’écriture comique destinés aux lycéens de Poto-Poto et aux étudiants de l’Institut supérieur d’art dramatique. Objectif: professionnaliser une nouvelle vague d’humoristes capables de gagner leur vie sur scène.
Selon l’IFC, plus de 1 800 billets ont été scannés, sans compter les diffusions en direct sur les réseaux sociaux qui ont généré environ 120 000 vues cumulées, un record maison et un argument de poids pour les futurs sponsors.
Les organisateurs envisagent déjà une édition 2026 plus verte, avec scénographie recyclable et navettes électriques depuis Massengo. Une manière d’aligner le divertissement sur la feuille de route environnementale défendue au niveau national.
Pour le public, l’attente commence. Pour les humoristes, l’écriture et la répétition reprennent. Et pour les amoureux de festivités made in Congo, un seul mot d’ordre circule dans les commentaires: save-the-date.
Tuseo confirme ainsi qu’un bon rire vaut mieux qu’un long discours: il fédère, exporte la culture nationale et nourrit l’économie créative, tout en laissant à chacun le souvenir d’avoir partagé, l’espace d’une soirée, un bonheur bruyant et contagieux.
Retombées économiques locales
Pendant ces trois jours, les taxis-import chauffeurs ont allègrement enchaîné les courses entre l’avenue des Trois-Martyrs et le centre-ville. Les vendeurs de brochettes installés devant l’IFC ont vu leur stock de makoso s’envoler avant minuit, preuve que le festival arrose toute la filière.
Selon un micro-sondage mené sur place, un spectateur dépense en moyenne 6 500 francs CFA en restauration et transports. Multiplié par l’affluence annoncée, cela représente plus de onze millions injectés dans l’économie nocturne de Brazzaville.
Humour et bien-être mental
L’édition 2025 a également invité le psychologue Urbain Gampelé pour une causerie sur les bienfaits du rire, citant des études montrant que trente minutes de comédie augmentent les endorphines comme une séance de jogging. Le public a applaudi cette approche santé plutôt inattendue.
« Rire en groupe crée du lien et abaisse la tension artérielle », a expliqué le spécialiste, rappelant qu’un esprit détendu favorise la créativité et même la productivité scolaire. De quoi faire du festival un allié improbable pour le prochain trimestre académique.